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Législatives au Bangladesh : victoire sans surprise de la Première ministre Hasina

La Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a remporté les législatives de dimanche, boycottées par le principal parti d'opposition qui a dénoncé un "simulacre d'élection", et se dirige donc vers un cinquième mandat.

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Si Mme Hasina, au pouvoir depuis 2009, est créditée d'avoir favorisé une croissance fulgurante dans le huitième pays le plus peuplé du monde, autrefois en proie à une extrême pauvreté, son gouvernement est accusé de graves violations des droits humains et d'avoir mené une répression impitoyable contre l'opposition.

Le parti au pouvoir de Mme Hasina, la Ligue Awami, a remporté environ les trois-quarts des sièges au parlement monocaméral, selon des responsables de la commission électorale.

Les résultats totaux du scrutin seront officiellement annoncés lundi.

Après avoir voté à Dacca, Sheikh Hasina, 76 ans, avait appelé les électeurs à se rendre aux urnes, en promettant des élections "libres et équitables".

Elle a au passage dénoncé le boycott du scrutin par le principal parti d'opposition, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), qu'elle a qualifié d'"organisation terroriste".

Le BNP a de son côté dénoncé "un simulacre d'élection". Le vote a également été boycotté par d'autres partis, décimés comme lui ces derniers mois par des arrestations massives.

Parmi les élus du parti au pouvoir figurent Shakib Al Hasan, capitaine de l'équipe nationale de cricket, le sport-roi dans le pays, selon le média.

La Ligue Awami n'avait pratiquement pas d'adversaires dans les circonscriptions qu'elle briguait. Mais elle avait omis de présenter des candidats dans quelques autres, apparemment pour éviter que le Parlement monocaméral ne soit considéré comme l'instrument d'un parti unique.

"Honte" 

Le chef de la commission électorale nationale, Habibul Awal, a estimé dans la journée la participation autour de 40%.

Beaucoup de Bangladais interrogés par l'AFP ont indiqué ne pas avoir voté car le résultat était joué d'avance.

"Pourquoi irais-je voter quand on a un parti qui participe et l'autre pas?", a ainsi déclaré Mohammad Saidur, un chauffeur de rickshaw de 31 ans.

"Nous savons tous qui va gagner", a renchéri Farhana Manik, une étudiante de 27 ans.

Le chef du BNP, Tarique Rahman, a dénoncé un possible bourrage des urnes.

"Ce qui a eu lieu n'est pas une élection, mais plutôt une honte pour les aspirations démocratiques du Bangladesh", a-t-il jugé sur les réseaux sociaux depuis Londres, où il vit en exil depuis 2008, ajoutant avoir vu "des photos et vidéos dérangeantes" appuyant ses accusations.

De très nombreux témoignages ont fait état d'incitations diverses, voire de chantage, des autorités pour encourager la participation.

Certains électeurs affirment avoir été menacés de confiscation de leurs cartes d'allocations gouvernementales, nécessaires pour obtenir des prestations sociales, s'ils refusaient de voter pour la Ligue Awami.

"Ils ont dit que puisque le gouvernement nous nourrit, nous devons voter pour lui", a déclaré à l'AFP Lal Mia, 64 ans, qui vote dans le district de Faridpur, dans le centre du pays.

Arrestations massives 

Le BNP et d'autres partis ont manifesté sans succès pendant des mois fin 2023 pour exiger la démission de Mme Hasina et un gouvernement intérimaire neutre pour superviser les élections.

Quelque 25.000 cadres de l'opposition, dont l'ensemble des dirigeants locaux du BNP, ont été arrêtés après ces manifestations, au cours desquelles plusieurs personnes ont été tuées dans des affrontements avec la police, selon le parti. Le gouvernement a pour sa part fait état de 11.000 arrestations.

Près de 700.000 policiers et réservistes avaient été déployés pour maintenir l'ordre pendant le scrutin, et près de 100.000 soldats, selon la commission électorale.

Les forces de sécurité du Bangladesh sont depuis longtemps accusées de recours excessif à la force, ce que dément le gouvernement.

Depuis son retour au pouvoir en 2009, Mme Hasina a renforcé sa mainmise après deux élections entachées d'irrégularités et d'accusations de fraude.

Ses succès économiques ont longtemps soutenu la popularité de Sheikh Hasina. Mais les difficultés se sont récemment multipliées, avec la hausse des prix et des pannes d'électricité généralisées.

© Agence France-Presse

 

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