Les législatives 2024 se tiendront ce dimanche 10 novembre. En allant aux urnes, la jeunesse mauricienne fera entendre sa voix. Portés par des idéaux de changement et de progrès, de jeunes citoyens expriment leurs visions pour une île Maurice plus juste, inclusive et durable, au Défi Plus.
Sandrine Julien : « Il est temps que nos dirigeants et institutions travaillent pour le bien de tous… »
À l'approche des élections générales de 2024, Sandrine Julien, jeune activiste des droits humains, affirme : « Zafer la pe vini ». Son constat : un sentiment de frustration, mêlé d'espoir et de désir de changement. Citant en exemple une population motivée et un patrimoine naturel et culturel unique, elle soutient : « Nous possédons des atouts incroyables ». Cependant, elle déplore que la corruption et les abus de pouvoir freinent notre progrès et empêchent le plein développement de notre potentiel.
En termes de priorités pour faire progresser le pays, Sandrine Julien insiste sur la nécessité de renforcer des valeurs comme la méritocratie et les droits humains. « Chaque Mauricien doit avoir les mêmes chances, sans discrimination, pour accéder à un logement décent et à de meilleures conditions de vie », précise-t-elle. Pour elle, il est inadmissible qu’il y ait encore des poches de pauvreté dans le pays.
Concernant l’indépendance des institutions telles que la police et les organismes publics, elle estime qu’il est crucial de les préserver de toute influence politique pour garantir la justice et la sécurité de tous. Elle souligne également l’importance de la parité homme-femme : « C’est essentiel pour que chacun puisse contribuer au progrès du pays sans distinction de genre ».
Elle considère également que la préservation de notre environnement et de notre patrimoine doit aussi être une priorité. « Nos ressources naturelles, bien que fragiles, sont une richesse inestimable qu’il faut protéger pour les générations futures. En valorisant notre patrimoine, nous renforçons aussi notre identité », fait-elle ressortir. Maurice, estime-t-elle, a tout pour devenir un modèle dans l’océan Indien, mais il est temps que nos dirigeants et institutions travaillent pour le bien de tous. « Pour l’instant, on n’y est pas encore », dit-elle.
Sur l’affaire « Missie Moustass Leaks », Sandrine Julien déplore un climat tendu au pays, nourri par des scandales d’écoutes téléphoniques et la décision du gouvernement de restreindre l’accès à l’information. Elle confie : « Ces actions créent un climat de méfiance et détournent notre attention des vraies priorités. Un peuple en colère et traumatisé s’éloigne de l’objectif d’apaisement et de cohésion sociale ». Elle insiste sur l'importance de restaurer la confiance, notamment chez les jeunes envers les mouvements politiques.
Ce sont des changements ambitieux, mais avec une vision claire et des actions concrètes, nous pouvons le faire
Pour Sandrine Julien, de nombreux défis restent à relever. « Nous devons revoir les mécanismes de contrôle pour lutter contre la corruption, réformer les institutions publiques pour en garantir l’indépendance et renforcer l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle », dit-elle. La jeune femme est d’avis que des infrastructures adaptées sont essentielles pour assurer un logement décent et protéger notre environnement. « Ce sont des changements ambitieux, mais avec une vision claire et des actions concrètes, nous pouvons le faire », ajoute-t-elle.
Sandrine Julien rappelle le rôle crucial de la jeunesse, non seulement en tant qu’électorat, mais aussi comme force politique active. « Les jeunes, porteurs d’idées novatrices et sensibles aux enjeux modernes, dont le climat, la justice sociale et les nouvelles technologies, sont l’avenir du pays. Encourager leur participation comme candidats, c’est ouvrir la voie à une vision renouvelée et dynamique. Leur énergie, leur créativité et leur souci de l’équité sociale sont des atouts précieux pour nous tous », conclut-elle.
Angkush Poonye : « Quel que soit le parti politique qui gouvernera notre île, j’espère qu’il agira dans l’intérêt de la population »
Angkush Poonye, jeune expert-comptable, confie au Défi Plus son espoir qu’au-delà des partis, le futur gouvernement agisse enfin dans l'intérêt de la population. Pour lui, Maurice a fait des avancées importantes : l'éducation gratuite, des soins de santé accessibles à tous et le transport gratuit pour les seniors et étudiants. Mais il est temps, selon lui, de montrer à la jeunesse mauricienne qu'il existe ici de vraies opportunités.
Le constat est clair : de plus en plus de jeunes partent à l’étranger, en quête d’un avenir plus prospère. Pour inverser la tendance, il appelle à la création d'emplois et à une dynamique qui encourage les jeunes à contribuer au progrès de notre île.
Concernant les enjeux clés, il pense que le prochain gouvernement doit se concentrer sur la création d'emplois pour la jeunesse montante. « De plus en plus de jeunes accèdent à l'éducation. Cependant, il devrait y avoir plus d'emplois disponibles pour les jeunes diplômés. Ces derniers ne devraient pas être payés au salaire minimum », dit-il. Dans la même veine, il estime que le gouvernement devrait introduire des dispositifs pour encourager la nouvelle génération à acheter des terrains résidentiels, leur faciliter l'obtention de prêts et la réalisation de leurs projets.
Il ajoute : « Je pense également que les artistes locaux devraient être davantage reconnus. Leur travail devrait être valorisé ». Comment les nouveaux dirigeants élus peuvent-ils favoriser un environnement plus inclusif en termes d'opportunités d'emploi, d'éducation et de politiques sociales ? Il répond : « Je pense que la première étape pour les nouveaux dirigeants élus est d'écouter les inconvénients et les difficultés des jeunes, qu'ils soient étudiants ou prêts à entrer sur le marché du travail ».
Véritables Soldats
Angkush Poonye cite en exemple, le secteur de l'éducation. Selon lui, il est important que les dirigeants prennent en compte les problèmes rencontrés par les enseignants au quotidien dans les écoles. « Travailler avec les élèves du primaire et du secondaire d'aujourd'hui devient de plus en plus difficile. Il est donc primordial de prendre en considération les avis des ‘véritables soldats’, notamment les enseignants qui font face aux défis quotidiens dans les écoles », dit-il.
Travailler avec les élèves du primaire et du secondaire d'aujourd'hui devient de plus en plus difficile"
Il estime que pour améliorer le système éducatif du pays, il est essentiel de comprendre les vrais problèmes auprès de ceux qui enseignent au quotidien. Selon lui, cela permettrait d’obtenir une vue d’ensemble sur les solutions possibles. Il recommande de prendre en compte les suggestions des principaux acteurs avant d’apporter des changements, que ce soit dans l'éducation, la santé, les transports ou d'autres secteurs.
Concernant son sentiment à l’approche des législatives de 2024, Angkush Poonye pense fermement que les Mauriciens sont matures. « Les Mauriciens ont des opinions, surtout en période électorale. Nos points de vue divergent, mais la plupart d'entre nous se respectent mutuellement. C'est dans ces moments que l'on voit combien nous savons vivre en paix, dans la justice et la liberté, même en soutenant des partis politiques différents », indique-t-il.
En guise de conclusion, il confie que l'objectif ultime devrait être commun à tous les Mauriciens : que nous avancions tous ensemble en tant qu'un seul peuple, qu'une seule nation, dans l'intérêt de la stabilité économique et sociale de notre île.
Rufaydah Bussaruth-Utim : « Pour que le pays progresse, les ministres doivent être choisis en fonction de leurs compétences »
Rufaydah Utim, éducatrice, observe que les jeunes, souvent perçus comme individualistes, ont besoin d’un soutien ciblé pour devenir des citoyens engagés et solidaires. Elle estime qu’il est essentiel d'intégrer dans les écoles des personnes formées aux valeurs morales, capables d’inculquer dès le plus jeune âge le respect, l’entraide et l’écoute. Pour elle, cet accompagnement est la clé pour préparer une jeunesse respectueuse et engagée.
« Ce renforcement des valeurs humaines est crucial, car il favorise la création de liens sociaux solides et prépare les enfants de notre pays à une vie en société harmonieuse », dit-elle. En outre, l'éducation sexuelle dispensée par des professionnels est tout aussi essentielle, en particulier face aux taux préoccupants de grossesse chez les adolescentes. « En abordant ces sujets de manière adaptée, les jeunes recevront les informations et le soutien, dont ils ont besoin pour faire des choix responsables », souligne-t-elle.
Selon elle, un suivi psychologique est indispensable, car de nombreux jeunes sont confrontés à des situations familiales difficiles qui peuvent affecter leur parcours scolaire et personnel. « Comprendre l’origine des problèmes individuels permet de mieux aider chaque jeune et de lui offrir un environnement propice à son développement », indique-t-elle.
Concernant l’importance du sport, Rufaydah Utim estime qu’il doit être renforcé, car il constitue non seulement une activité de loisirs, mais aussi un puissant outil de discipline et d’engagement. « En offrant plus de facilités sportives, nous donnons aux jeunes les moyens de s’épanouir, de se dépasser et de se tenir éloignés des fléaux comme la drogue, qui touche un nombre inquiétant d’entre eux dès le début du collège », dit-elle. Selon elle, il est urgent de mettre à jour les programmes d’accompagnement et d’offrir des loisirs constructifs pour répondre aux besoins des adolescents et des jeunes de notre pays.
Dans le domaine professionnel, Rufaydah Utim considère que la méritocratie doit être une priorité. « Offrir de réelles perspectives aux jeunes talentueux pourrait limiter leur émigration en quête de meilleures opportunités. Pour que le pays progresse, il est essentiel de sélectionner les ministres et responsables des institutions en fonction de leurs compétences et de soutenir les petites et moyennes entreprises (PME) avec des facilités accrues pour encourager l’innovation et la création d’emplois », estime-t-elle.
Offrir de réelles perspectives aux jeunes talentueux pourrait limiter leur émigration en quête de meilleures opportunités"
Les jeunes citoyens, fait-elle ressortir, ressentent aussi la pression d’un coût de la vie en constante augmentation, notamment pour les produits de première nécessité. « Une baisse des prix des denrées alimentaires permettrait à de nombreux foyers d’accéder à une meilleure qualité de vie », dit-elle. Quant aux institutions publiques, elle estime qu’un réel effort de réforme est nécessaire pour mettre fin aux abus de pouvoir, aux pratiques de favoritisme et à la corruption.
Notre interlocutrice parle aussi de la sécurité qui reste un enjeu majeur dans le pays. « Il est de plus en plus difficile de se déplacer sereinement, surtout à certaines heures. Il est urgent de rétablir la confiance dans la police et de renforcer la sécurité afin de garantir un environnement sûr pour tous », indique-t-elle.
Les jeunes, conclut-elle, sont l’avenir de demain. Dès la maternelle, ils doivent être guidés, soutenus et encouragés pour bâtir une île Maurice inclusive, prospère et juste.
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