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L’effroyable récit de Maryline : enceinte elle est séquestrée et torturée par son mari

Maryline Les marques de blessures effrayantes sur le corps Maryline.

La violence domestique tue. Quand ce n’est pas l’agresseur qui frappe jusqu’à la mort, ce sont les victimes à bout de force qui tentent d’en finir, ne pouvant plus de cette violence. Mais mourir n’est pas la solution. Heureusement, cette jeune femme a été sauvée à temps. Elle revient sur son calvaire. Récit douloureux et émouvant.

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Mère de quatre enfants, Maryline (prénom modifié), 29 ans, est enceinte de six mois. «Cela fait des années qu’elle est victime des coups de gueule de son mari et de  ses coups de poing, de pied, soulier, de bois, de chaises, de barres de fer… entre autres.» Elle a plusieurs fois déserté le toit familial mais, lui, revient toujours la chercher, menace de s’en prendre aux enfants.

La violence dans la vie de Maryline prend aussi la forme de viol. Le viol conjugal, un terme qu’elle ignore. Elle se contentera de dire : « Li fors mwa. Mo pa gayn drwa ni malad, ni fatigue ».

Les larmes ruissellent sur son visage, elle déballe, elle  ne s’arrête pas. Impossible de l’interrompre, elle veut tout dire. Elle a besoin de parler.

Nous l’avons rencontrée sur son lit d’hôpital.

« Kan mo koze, kuma dir mo pe tir tou sa salete la dan mwa, tou sa blesir la lor mo lekor ». Les blessures, elle en a tellement qu’il est difficile de les compter. De la tête aux pieds, ce sont des bleus et des cicatrices. Certaines datent de quelques jours à peine, d’autres d’une semaine, d’un mois, d’un an… Bref, son corps a été charcuté, brûlé. Comme si elle avait lu dans nos pensées, elle s’écrie : « Seki ena deor ki zot pe trouve, me sa kalite li touy tou seki ena dan mwa la personn pa pu trouv sa. »

Les deux mains plâtrées, elle compte sur ses voisines de lit pour avaler un peu de nourriture. Elle avoue se sentir mieux ici. « Nimport kot sa, mais pa laba ».

Le mari : «mo fam sa, mo gayn drwa»

Le mari est toujours en liberté. Nous l’avons contacté pour obtenir sa version des faits. Il a déclaré : « Mo fam sa, mo gayn drwa », avant de nous balancer des injures et nous menacer. « Mo pa per mwa », dit-il avant de raccrocher.

Torturée

Samedi dernier, elle a enfin pu s'enfuir. « Li ti ferm mwa dan lakaz, li zour mwa, li trenn mwa dehor par mo seve. Ena fwa li atas mwa ek enn pie deor. Li dir mwa si mo kriye li pou touy mo zanfan. Banla plore, rod mwa, kriye mwa. Li enpes mwa manze. Mo dir tou seki ena dan sa lakaz la pou li sa. Parfwa mo zanfan kasiet amen enn bouse manze pou mwa », raconte Maryline.

Depuis plusieurs jours (elle ne sait plus quand) elle avance qu’elle était séquestrée dans la maison.  « Pour que je ne m’échappe pas, il emmenait une des  filles quand il sortait. Il savait que je n’oserais rien tenter sachant que mon enfant est avec lui. Pourtant, ce  sont ses enfants, parfois je crois voir une étincelle d'amour dans ses yeux. Je ne comprends pas comment il peut se transormer ainsi en un bourreau. »

Maryline explique que, vendredi dernier, une nouvelle fois  deplus, elle a été battue. « Linn pran enn gros dibwa. Li bat mwa enn kout dan mo figir. Monn truv nwar, monn tomb anplas. Mo ban zanfan ti la.  Zot get mwa zot plore, zot kriye. Mo ti feb net, mo pa ti ena lafors pou bouze. Mo ti anplas anba kuma dir enn zanimo, mo pa ti pe bouze, mo pa mem kone si mo ti pe kriye. Li bat mwa, li pile sa dibwa la lor mwa. Li tini mo latet ek so soulier ziska ki mo perdi konesans”.

« Mama mo kontan twa »

La voyant effondrée, sans doute pris de panique, l'homme se sauve abandonnant ses enfants. « Plus tard, lorsque j’ai rouvert  les yeux, j’ai vu mes enfants à côté de moi, ils dormaient tous, à même le sol. Malgré la douleur, je me suis levée. C’est à ce moment-là que j’ai voulu mettre fin à mes jours. Quelques minutes avant que je ne passe à l’action, je suis allée embrasser mes filles, les larmes aux yeux. L’aînée s’est réveillée et s’est agrippée à moi. D'une petite voix, elle m’a dit ‘Mama mo kontan twa’ et puis elle a fermé les yeux en se serrant très fort contre moi. J’ai commencé à trembler et j’ai réalisé que mes enfants comptaient sur moi, que je ne pouvais pas les abandonner et je me suis posée des questions sur ce qu’ils pourraient leur arriver si je m’en allais. C’est là que j’ai décidé de m’enfuir. J’ai alors réveillé tous les enfants et sans rien prendre dans la maison, nous avons marché jusqu’au poste de police. J’avais très mal, mais je ne m’arrêtais pas, j’avais peur de croiser mon mari en chemin. Nous y sommes arrivés, on était sauvé ».

Deux bras plâtrés

Effectivement, Maryline, grâce à l’intervention des policiers, a pu se réfugier dans un endroit sûr avec ses enfants. Elle a refusé de partir à l’hôpital le même soir, car elle ne voulait pas laisser ses enfants. Cependant, le lendemain matin, elle s’y est rendue accompagnée d’une travailleuse sociale. « Je n’ai jamais vu autant de blessures sur le corps d’une femme », raconte la travailleuse sociale. Elle explique également que les blessures de Maryline sont très profondes. Cette dernière a tout de suite été admise. Ses deux bras ont été plâtrés. Elle est toujours à l’hôpital. L’affaire est suivie de près par la Police Family Protection Unit.

[Certains détails du récit de la dame ont été omis pour protéger la victime.]

 

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