Leela Devi Dookun-Luchoomun : «Je n’ai jamais vu autant d’engouement pour une rentrée»

À la veille de la rentrée des classes en présentiel (prévue ce mercredi 2 janvier mais repoussée en raison du cyclone), la ministre de l’Éducation aborde les conditions qui permettront aux élèves d’effectuer une bonne année scolaire. 

Le calendrier scolaire a été étendu jusqu’en novembre 2022. Est-ce que l’âge de la scolarisation sera modifié ? 
La loi dispose que l’enfant doit avoir 5 ans au 1er janvier (au 1er mai pour l’ancien calendrier) de l’année où il entame sa scolarité. Dans le contexte présent, nous allons devoir refaire l’exercice d’admission pour ceux qui auront 5 ans entre juin et décembre prochain. Dans la législation sur la Covid-19, une clause permet de revoir le calendrier et la réglementation concernant l’âge auquel l’élève doit entrer à l’école. 

L’âge limite sera de 22 ans quand c’est nécessaire."

Qu’en est-il de l’âge limite de 21 ans ?
Nous avons des ajustements à faire pour ceux qui ont été affectés par l’épidémie de Covid-19. L’âge limite sera de 22 ans quand c’est nécessaire.   

Le taux de présence de 90 % pour les candidats du School Certificate et du Higher School Certificate est-il toujours d’actualité ?
Le principe est que l’élève soit à l’école lorsqu’il y a école. Nous connaissons le nombre de jours où l’école est restée ouverte. Nous tenons compte aussi du temps passé en isolement par des élèves et des enseignants. Tout est prévu dans nos regulations. Il y a des authorised leaves. Si un élève est malade ou en isolement, c’est un authorised leave, mais le principe des 90 % de jours de présence reste. 

Avez-vous des appréhensions par rapport à la rentrée en présentiel pour toutes les classes ?
Nous n’avons malheureusement pas beaucoup de visibilité sur l’évolution à venir de la pandémie. Ma plus grande préoccupation est de permettre aux élèves de s’adapter à la nouvelle année scolaire, en leur donnant le temps de retrouver leurs repères et leurs camarades de classe. Ce n’est pas une rentrée normale. Les enfants sont passés par une période de perturbation prononcée. Avec les cours en ligne et à la télévision, il n’y avait pas d’interaction avec les enseignants et pas d’évaluation des acquis. Nous avons eu des ateliers de travail avec les chefs d’établissement afin que tous les enseignants accueillent les élèves dans les meilleures conditions. Ils devront faire en sorte que les enfants reviennent à l’école dans la sérénité, procéder à une évaluation des acquis, faire une remise à niveau si besoin, puis continuer la classe pour que les élèves complètent le programme. Cependant, au-delà du programme scolaire, c’est le développement intégral de l’enfant qui est important.

Les enseignants sont-ils prêts pour cela ?
Les enseignants sont des professionnels. Et ils seront encadrés par les chefs d’établissement, avec qui le ministère a préparé la rentrée. 

Cette reprise en présentiel implique le respect des gestes-barrières. Qu’en est-il de la distanciation physique ?
Si les élèves respectent l’ensemble des gestes-barrières, tout devrait bien se passer. Il va falloir s’assurer qu’ils se lavent les mains régulièrement et portent le masque sanitaire en permanence. Je sais bien qu’ils vont revoir leurs amis, mais la sécurité doit primer. Nous avons pris les dispositions pour que l’entrée dans les établissements, la sortie et les pauses se fassent en alternance. Nous faisons appel à la compréhension de tout le monde. Les jeunes doivent savoir que maintenant qu’ils reviennent à l’école, ils devront suivre les consignes à la lettre. Par ailleurs, la testing team effectuera des tests de dépistage réguliers.

Les enseignants devront s’assurer que tous les élèves soient au même niveau avant de continuer la classe."

Différents rapports de l’Unicef, ainsi que des psychologues mauriciens, soulignent les effets dévastateurs de la fermeture des écoles sur les élèves. Comment seront-ils pris en charge sur le plan émotionnel ? 
C’est vrai, garder les élèves éloignés de l’école est un problème. Malheureusement, dans le contexte de la pandémie, il a fallu agir et fermer les établissements scolaires. Nous sommes bien conscients que cela a eu des effets néfastes. Nous avons aussi remarqué que les adolescents sortaient davantage, ce qui peut les exposer à des risques. L’appel que je leur lance est de se remettre sérieusement aux études, en respectant les consignes sanitaires et en évitant de trop sortir, pour leur sécurité.  

Qu’attendez-vous des élèves pour cette rentrée ?
La scolarité est le développement de l’individu. Nous voulons que les jeunes sortent de l’école responsables et avec des compétences pas seulement académiques. Il y a aussi les compétences sociales et la confiance en soi. Les élèves, qui sont restés longtemps en dehors de l’école, ont besoin de se sentir à l’aise et heureux dans le milieu scolaire. Puis, c’est la première fois que je vois autant d’engouement pour une rentrée. Il va falloir qu’on leur donne le temps de s’adapter et qu’on prenne en compte leur équilibre émotionnel. La remise à niveau est aussi essentielle. Les enseignants devront s’assurer que tous les élèves soient au même niveau avant de continuer la classe. 

Les élèves, qui sont restés longtemps en dehors de l’école, ont besoin de se sentir heureux dans le milieu scolaire."

Concrètement, que faites-vous pour les élèves ?
L’année dernière, nous avons donné aux élèves le temps de compléter le programme d’étude avant les examens. Nous faisons la même chose cette année. Je demande aux élèves de s’appliquer, de venir à l’école, d’être réguliers dans leur travail. Ils ne doivent pas hésiter à demander aux enseignants de les aider en cas de souci. Certes, ils ont eu un début d’année perturbé. L’an dernier, ce n’était pas facile non plus. Mais si l’élève fournit l’effort qu’il faut, il aura de bons résultats, comme c’était le cas l’année dernière. Le gouvernement a voulu tout mettre en place pour que les élèves puissent mieux travailler. Je demande aussi aux parents de donner à leurs enfants l’attention dont ils ont besoin. Je tiens à ce qu’au final, les élèves prennent part aux examens avec beaucoup de confiance.