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Leela Devi Dookun-Luchoomun : «Avec moins d'élèves, les enseignants peuvent mieux les encadrer»

La ministre de l’Éducation et Première ministre par interim, Leela Devi Dookun-Luchoomun, reconnaît que le taux d'admission diminue tant au primaire qu'au secondaire. Mais avance qu'ils pourront mieux être encadrés par leurs enseignants pour de meilleurs résultats.

Après cinq ans comme ministre de l’Éducation, vous être reconduite à la tête de ce ministère. Quel est votre sentiment, d’autant que vous êtes aussi vice Première-ministre du pays pour les cinq prochaines années ?
C’est un sentiment de satisfaction. J’étais contente de retourner aux affaires à l’Éducation, parce que nous avons débuté quelque chose d’énorme. La réforme dans le secteur éducatif a débuté et l’implémentation doit se faire comme il se doit pour assurer que nous atteignions nos objectifs. Lorsque le Premier ministre m’a dit que j’allais retourner ici, je lui ai dit un grand merci. Comme vice-Première ministre, j’étais extrêmement contente qu’il ait placé sa confiance en moi. Je pense que nous pouvons tous contribuer à faire de Maurice un pays où il fait bon vivre. 

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Une des mesures de ce présent gouvernement est la distribution gratuite de manuels du MIE aux élèves des Grades 7 à 9. En tant que ministre, que répondez-vous aux libraires qui ont déjà un stock de livres et qui n’arriveront pas à l'écouler ?
Les officiers du ministère ont rencontré les représentants des libraires. Nous leur avons donné la garantie que, s’ils ont des livres prescrits par le ministère depuis deux ans, le ministère va prendre ces textes. 

Et dans le cas de l'Édition de l'Océan Indien qui dit avoir beaucoup de livres?
Nous avons donné un contrat et s’il y reste un certain nombre raisonnable, tout comme dans le cas des autres librairies, nous allons considérer le cas.  

Les derniers résultats des examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC) ont démontré une baisse au niveau de la performance. Qu’allez-vous faire pour rehausser le niveau des enfants de Grade 6 ?
En examinant le pourcentage des résultats des examens du PSAC de ces dix dernières années, vous allez voir que c’est toujours plus ou moins 1 ou 2%. Il n’y a rien de différent de ce qui se passait auparavant. La seule chose est que nous devons changer notre façon de voir une évaluation. Les jeunes sont capables de s’exprimer, d’utiliser l’informatique, de monter sur scène pour jouer. C’est cela la réforme. 

En classe nous avons l’enseignant, le 'holistic teacher', le 'support teacher'. Tout ce monde est en train de travailler pour le développement intégral de l’enfant. Il y a beaucoup de choses qui se font dans nos écoles. Nous verrons les résultats dans quelques années. Je suis confiante que les choses évolueront encore mieux. 

2021 sera marquée par l’entrée des académies. Où en sont les travaux de rénovation dans les 12 collèges concernés ?
Le travail a commencé. La particularité est de s’assurer que les collèges aient les salles spécialisées nécessaires, des toilettes etc. Les académies entreront en vigueur en 2021 avec les travaux qui seront complétés. Au niveau du ministère, nous avons mis en place différentes unités pour s’assurer que tout se passe comme il se doit.

Au niveau pratique, est-il prévu une formation pour les enseignants qui seront affectés dans ces académies, puisque beaucoup affirment ne pas pouvoir travailler avec une classe mixte ?
En tant qu’enseignant, nous sommes là pour encadrer les jeunes. La question que  je pose aux parents est celle-ci : vous avez des filles et des garçons chez vous, est-ce que vous cherchez une formation additionnelle pour éduquer vos garçons et vos filles? Il y aura une série de formation pour les enseignants où ils pourront avoir le counselling voulu pour évoluer en ce sens. 

L’indiscipline, la présence de drogue dans certains collèges laissent perplexes plusieurs recteurs qui avouent ne pas avoir les moyens pour en venir à bout du problème. Que fera le ministère de l’Éducation pour les aider ?
La drogue est un problème de société. Nous n’avons pas eu de drogues dans nos écoles, mais nous avons vu des élèves venir dans un état second qui donne nettement l’impression qu’ils ont consommé quelque chose. Le Premier ministre est venu de l’avant et a contacté des officiers de l’United Nations pour lancer un projet. Avec le Mauritius Institute of Education (MIE), nous avons commencé à travailler avec les recteurs et les enseignants et avons produit le programme Get Connected. Les enseignants formés sont auprès des élèves et évoquent différents problèmes qu’ils rencontrent. Nous devons être vigilants et préparer nos jeunes à dire non à la drogue, parce que ce n’est pas à l’école qu’ils reçoivent de la drogue, mais ailleurs. Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec la police et d’autres unités qui effectuent des patrouilles dans différentes régions. Un travail se fait aussi avec le ministère de la Santé et les résultats viendront par la suite. 

Plusieurs directeurs des collèges privés craignent la fermeture de leurs établissements. Est-ce que la contribution de ces collèges est toujours nécessaire ?
Les collèges privés ont toujours eu une contribution énorme dans le secteur éducatif. Cependant, avec une baisse dans la démographie, nous voyons que le nombre d’élèves qui entrent au collège a aussi baissé. Au primaire, nous avons cette année reçu autour de 
10 000 enregistrement pour l’admission en Grade 1. 

Selon nos accords, le Mauritius Examinations Syndicate (MES) envoie le nombre d’élèves voulu dans les différents collèges. Les responsables des collèges privés ont le devoir de retenir les élèves. Si, au départ, il y a une baisse dans le nombre d’élèves qui entrent dans les écoles, il y a très peu que l’on puisse faire, mais j’ai rassuré les représentants de la Fédération des Managers venus me rencontrer. Vous avez déjà vos élèves et vos enseignants. Il faut utiliser cette opportunité d’une façon plus intelligente. Si vous avez moins d’élèves, il n’est pas question de renvoyer les enseignants. Ils peuvent être formés dans d’autres domaines: la remédiation, le counselling, l’encadrement des élèves, la discipline... Il faut être créatif et trouver des moyens pour aider les élèves.

Nous notons aussi cette baisse dans le nombre d’élèves venant dans nos écoles primaires. Nous les encadrons et avons plus de chance d’obtenir de très bons résultats avec moins d’élèves, surtout pour les élèves qui sont de niveau moyen. Si vous avez peu d’élèves en classe, il faut essayer de profiter de la situation et voir comment mieux les encadrer. 

Il existe toute une structure pour les élèves qui suivent la filière académique. Qu’en est-il de ceux qui souhaitent se lancer dans les études  techniques ?
Il existe toute une structure qui est mise en place pour les élèves de la filière technique. Nous allons nous assurer que l’élève qui quitte le Grade 9 et qui décide de s’y lancer reçoive une éducation holistique et de qualité dans ce domaine. Nous allons venir avec une nouvelle législation, l’Institute for technical education, pour revoir tout l’enseignement technique. En offrant une éducation de qualité, nous nous assurons que l’enfant puisse aussi faire d’autres matières, comme la musique ou le théâtre. 

Le secteur éducatif est un domaine qui évolue sans cesse. Qu’en est-il de l’éducation supérieure dont vous êtes aussi la responsable ?     
Au cours de ces cinq dernières années, nos institutions ont eu plus de vingt collaborations avec les institutions australiennes, une cinquantaine avec les institutions britanniques, une quarantaine avec des institutions françaises. L’offre que nous donnons aujourd’hui aux jeunes est différente. Ils ont une variété de cours venant de trois continents. Il est aussi intéressant de noter la collaboration avec les universités africaines. Nous souhaitons établir le Qualification framework pour qu’il y ait davantage de mobilité des jeunes du continent vers Maurice et de Maurice vers le continent. 

Notre collaboration avec l’ambassade de France pour la recherche est aussi très avancée. Il y aura un partage et la possibilité de faire des recherches en commun. Le Board de la Quality Assurance Authority (QAA) a déjà été constituée, nous allons bientôt venir avec le Board de la Higher Education Commission (HEC) et le travail est relancé. Avec tout cela, nous sommes prêts pour le 'take off' de l’Education Hub.

En moins de deux ans, le Polytechnique Mauritius a déjà fait un bon parcours. Ils ont eux aussi beaucoup d’accords avec des institutions étrangères où nous avons aujourd’hui plus de 1 000 étudiants. Cela va augmenter au cours de l’année. Avec l’enseignement supérieur gratuit, lancé l’année dernière, il y a eu 3 000 élèves additionnels. 

 

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