Beaucoup de questions restent sans réponses concernant le potentiel du cannabidiol pour traiter l’épilepsie. C’est le constat de Youssouf Noormamode, président d’Edycs Epilepsy Group, ONG qui opère un centre de traitement à Port-Louis.
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« C’est vrai que certains pays, comme le Canada ou les États-Unis mènent des recherches sur l’utilisation du cannabidiol, reconnait-il, mais il n’y a pas de rapport établi pour évaluer indiscutablement son efficacité. » L’échantillonnage n’est pas assez important pour cela affirme-t-il. « Le cannabidiol a des vertus thérapeutiques très connues, mais son impact sur l’épilepsie reste à l’étude et on ne peut se prononcer en faveur ou contre. » Comme le ministre de la Santé, il estime qu’il vaut mieux attendre la marche à suivre, surtout du côté de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Youssouf Noormamode reprend également l’argument d’Anwar Husnoo concernant l’Epidiolex, médicament à base de cannabidiol : même s’il est approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) américaine, il n’est utile que pour une forme rare d’épilepsie. Il apporte toutefois des nuances : « Normalement il n’est utile que pour les cas de convulsions partielles, mais au Canada il s’est révélé efficace pour des patients victimes de convulsions généralisées aussi. »
Anwar Husnoo a laissé comprendre que seule une petite fraction des épileptiques sont concernés, mais Youssouf Noormamode apporte un éclairage différent : « Nous avons 1 670 patients dans notre centre de traitement et environ trois patients sur 10 sont victimes de convulsions partielles. En général, je crois que cela pourrait aller jusqu’à quatre sur dix. » Ce qui ferait 6 000 sur les 15 000 épileptiques que compte au total le pays.
La différence entre le cannabis et cannabidiol
Cannabis ou cannabidiol ? Les deux termes ont été utilisés par Anwar Husnoo et Xavier-Luc Duval hier lors de la PNQ sur le sujet. Le ministre de la Santé a même accusé le leader de l’Opposition de ne pas faire la différence entre les deux. Voici un éclairage sur la question :
- Cannabis : il s’agit de la plante, avec toutes ses composantes, y compris le Tétrahydrocannabidiol (THC), l’élément psychoactif principal du cannabis. C’est la substance responsable de la sensation d’euphorie. Bref, c’est le psychotrope qui cause l’intoxication.
- Cannabidiol : aussi connu par le sigle CBD, il s’agit de la partie vertueuse du cannabis, celle qui n’a pas d’effet psychoactif. Le cannabidiol détend, calme et soulage les douleurs.
Ce qu’a affirmé le comité d’experts de l’OMS
Xavier-Luc Duval s’est référé à l’Expert Committee on Drug Dependence (ECDD) de l’OMS pour réclamer que le cannabidiol soit légalisé à Maurice. Les conclusions de l’ECDD sont sans ambiguïtés sur le cannabidiol : « The ECDD recommended that preparations considered to be pure cannabidiol (CBD) not be placed under international drug control as the substance was not found to have psychoactive properties, and presents no potential for abuse or dependence. » En bref, le CBD n’est pas une drogue et ne présente aucun risque de dépendance ou d’abus.
L’avis de l’ECDD est moins tranché en ce qui concerne le cannabis en général. Le comité se contente de demander une révision de la classification du cannabis et des substances liées pour la prochaine réunion qui était prévue pour novembre 2018.
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