Nos compatriotes de foi tamoule célèbrent, en ce samedi 4 février, le Thaipoosam Cavadee. Après dix jours de jeûne, les dévots procéderont au pèlerinage, le ‘cavadee’ sur les épaules, pour obtenir la grâce du Dieu Muruga.
« Le Thaipoosam Cavadee est un voyage initiatique de la foi vers la purification du corps et de l’esprit. Ces célébrations, dédiées au Dieu Muruga, sont un acte de force mentale et une grande ferveur religieuse », dit le swami Payaniandy Govindarajen Gurukal MSK.OSK, qui officie au Sri Vakrakaliamman Thirukovil, à Quatre-Bornes.
Après un jeûne de 10 jours, ayant débuté avec la cérémonie “Kodi Ettram”, (lever de pavillon), les Mauriciens de foi tamoule célébreront le Thaipoosam Cavadee, aujourd’hui, jour de la pleine lune, aligné avec l’étoile du ‘Poosam’. C’est vers 4 heures du matin, l’heure où l’étoile est la plus visible que les célébrations vont commencer.
Tout d’abord, les prières commencent à la maison. Les ‘cavadees’, faits de bambou, sont déjà prêts, ornés de fleurs, de limons, de tissus de couleur fuchsia, rouge, orange et d’effigies de Muruga. Deux récipients, ‘Ichcha Shakti’ et ‘Kriya Shakti’, contenant du lait, sont attachés aux ‘cavadees’. Si certains porteront le ‘cavadee, d’autres, plus particulièrement les femmes, apporteront un récipient en cuivre contenant du lait sur la tête (Paal kodam).
« Après les prières à la maison, les dévots vont se diriger vers le ‘kovil’. Après avoir fait le tour du kovil à trois reprises, ils vont faire une offrande, composée de miel, de poudre de ‘timil’ ainsi que des fruits au Dieu Muruga, avant de converger vers la rivière », explique le swami Payaniandy Govindarajen Gurukal.
Après avoir pris un bain purificateur dans la rivière, les dévots procèdent à la cérémonie de transpercement. Certains se transpercent la langue, la joue ou d’autres parties du corps avec des aiguilles en argent.
« Le transpercement est un moment sacré où une énergie qui provient de l’étoile frappe l’aura du dévot. Elle apporte une sorte d’anesthésie dans tout le corps de la personne. Le sang ne coule pas, les aiguilles ne laissent aucune trace et le dévot n’a pas mal. C’est la grâce divine qui agit à cet instant », dit le religieux.
D’autres vont s’attacher la bouche avec un morceau de tissu rose ou rouge avant de prendre la direction du ‘kovil’. « On fait cela dans un silence absolu. Durant le pèlerinage vers le ‘kovil’, il est interdit de parler ou même de faire des signes. Le dévot doit lui-même porter son ‘cavadee’. C’est le dernier sacrifice vers la destination. Ce moment de pénitence est très important, car il est offert au Dieu Muruga », ajoute-t-il.
Une fois arrivé au temple, chaque dévot va tendre le lait qui a été porté pendant tout le trajet au prêtre qui va le répandre sur la statuette de Muruga. « C’est le moment le plus important des célébrations. Le lait, qui est resté frais, est le signe que son carême et les sacrifices consentis pendant les 10 jours de jeûne ont été bénéfique. Ce lait, sanctifié, est la transmission de la grande puissance divine et c’est une joie extrême qui envahit le dévot », explique le swami.
Un peu de lait est rendu au dévot qui le partage avec toute sa famille. Par la suite, les rituels prennent fin avec une grande prière et la cérémonie de Kodi Irakam (baisser de pavillon) qui se fait le même jour ou le lendemain dépendant des ‘kovils’.
Cette journée prend fin avec un repas composé de ‘sept caris’ : dhall-bringelle, pomme de terre, banane râpée, giraumon, haricots verts, jacques, ‘rasson’ accompagné de ‘Pachedi’.
Skanden Pillay Soobooroyen : « C’est un jour mémorable qui ne ressemble à aucun autre jour de l’année »
Skanden Pillay Soobooroyen porte le cavadee, presque tous les ans, depuis qu’il a 7 ans. « C’est un jour mémorable qui ne ressemble à aucun autre jour de l’année. Déjà, au réveil au ressens comme une bénédiction. On se prépare moralement et physiquement pour ce grand jour en l’honneur du Dieu Muruga », dit ce facteur de profession
C’est avec le cœur rempli de joie qu’il va procéder à la procession en ce samedi 4 février. « Avec les restrictions sanitaires, nous n’avons pas fait de pèlerinage. Je suis tellement heureux de pouvoir y participer cette année », confie l’habitant de Vacoas.
Pour partager ces célébrations avec ses proches, le dîner sera servi autour d’une table composée de proches et d’amis. « Nous recevons une bénédiction et nous la partageons avec nos proches autour d’un ‘sept caris’. »
Sangaren Yellumalai : « Après les restrictions, la joie est d’autant plus immense de porter le cavadee »
Sangaren Yellumalai est impatient. La dernière fois qu’il a porté la cavadee remonte à 2019. Puis la COVID-19 et les restrictions sanitaires sont venus jouer les trouble-fête.
« J’attends ce jour avec impatience. Avec les deux années de restrictions sanitaires, la joie est d’autant plus immense de porter le cavadee et de participer à ce pèlerinage », confie Sangaren Yellumalai, qui porte le cavadee depuis ses six ans.
L’habitant de Lallmatiem qui travaille dans le domaine de la sécurité, confie qu’après le jeune de 10 jours, le jour des célébrations, son état d’esprit est différent.
« On ne se sent pas comme tous les jours. Il y a comme une vibration. On ressent la présence de Muruga et il apporte la joie et nous fait honneur de sa grâce », confie Sangaren Yellumalai.
Tout ce bonheur et toute cette joie, Sangaren Yellumalai, va les célébrer avec ses proches. Une centaine de personnes seront invitées pour partager un ‘sept caris’.
Nishi Kichenin : « Procéder à un changement intérieur tout en adorant Muruga »
Ce jour de fête est pour Nishi Kichenin, cheffe d’entreprise, épouse et mère de cinq enfants, une grande joie après 10 jours de jeûne. Cette année, son époux et trois de ses enfants vont porter le ‘cavadee’.
Elle a eu pour tâche de tout préparer pour ces célébrations. Mais aussi, au-delà de consommer végétarien pendant 10 jours, mener une vie spirituelle et observer les rituels, elle a aussi et surtout transmis à ses enfants l’importance de cette période de jeûne et de spiritualité et comment cela aide dans le combat contre l’obscurité.« Quelque fois, nous avons tendance à vivre de manière égoïste sans réaliser que nos actions peuvent blesser les autres. Pendant la période de jeûne, nous devons mettre notre orgueil de côté et procéder à un changement intérieur, tout en adorant Muruga », explique cette habitante de Floréal
La famille Kichenin va procéder aux rituels dès 5 heures du matin avec les prières et quittera la maison à 7 heures pour le pèlerinage. « On voue tout notre amour à Muruga. Nous faisons une procession, la joie au cœur. Nous resterons au kovil jusqu’à fort tard pour clôturer les célébrations. D’ailleurs, nous allons prendre notre repas là-bas », dit-elle.
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