Le sega tambour des Chagos a été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, dans la soirée du mardi 10 décembre, à Bogota, en Colombie. Selon Mimose Furcy, fondatrice du Groupe Tanbour Chagos, la transmission est assurée mais il faut encourager les talents chagossiens.
Le sega tambour des Chagos a fait partie des six dossiers présentés devant le comité intergouvernemental de sauvegarde de l’héritage culturel immatériel, et qui nécessitent une sauvegarde urgente. La 14e session du comité s’est réunie depuis le lundi 9 décembre, à Bogota, en Colombie. Elle prendra fin le samedi 14 décembre.
« Nous sommes très contents que le sega tambour des Chagos ait été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. C’est la reconnaissance de notre lutte des Chagossiens. Elle valorise et promeut notre culture et notre langue », dit Mimose Furcy, 64 ans, chanteuse et fondatrice Groupe Tanbour Chagos.
Transmission assurée mais les moyens manquent
Pour préserver et promouvoir le sega tambour des Chagos, elle explique que son groupe organise souvent des activités où les anciens partagent, avec les jeunes, leurs talents et savoir-faire dans les domaines musical, culinaire et linguistique. « Les jeunes sont intéressés à apprendre notre culture et nos traditions. La transmission est assurée. Mais, les moyens pour les encourager manquent. J’ai écrit de nombreuses chansons mais le soutien financier fait défaut pour sortir un album », dit Mimose Furcy. D’ailleurs, le premier album est sorti en 2002 et un deuxième en 2018. Les deux sont intitulés « Tanbour Chagos ».
Originaire de Peros Banhos, elle relate que le sega tambour résonnait le samedi soir sur l’archipel des Chagos avant la déportation du peuple chagossien. « Tanbour Chagos exprime nos joies et nos tristesses. Les chansons parlent de nos péripéties, souvenirs, rêves et de notre quotidien. Leker lour de fwa. Sega se nou lavi. Mo asize mo get pie koko sakouye. Mo larm tonbe e mo sante. J’avais 13 ans quand j’ai commencé à chanter. Nou bann gran dimounn inn montre nou sante », dit cette habitante de Pointe-aux-Sables.
La délégation mauricienne, qui a mis le cap sur Bogota, réunit, entre autres, Avinash Teeluck, ministre des Arts et du Patrimoine culturel, Olivier Bancoult du Groupe Refugiés Chagos et Shivajee Dowlutrao, Officer-in-Charge du National Heritage Fund.
Le ministre Teeluck indique qu’il est animé par un sentiment du devoir accompli. « Cette inscription est une grande fierté pour le peuple chagossien et Maurice. 2019 marque ainsi un double événement heureux surtout après l’avis favorable de la Cour internationale de justice à Maurice en début d’année », confie Avinash Teeluck. Il ajoute qu’il faut désormais respecter tout un plan d’action afin de préserver et promouvoir ce patrimoine culturel immatériel. « Il nous a fallu mener un lobby pour convaincre le comité. Nous avions préparé notre argument en amont afin de consolider le dossier. Ce travail a porté ses fruits car à l’unanimité, les Committee Members nous ont accordé leur soutien », dit-il.
La délégation sera de retour à Maurice dans l’après-midi du dimanche 15 décembre.
Notons que l’inscription du Sega Tipik a été faite en 2014, le Geet Gawai en 2016 et le Sega tambour de Rodrigues en 2017.
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