Elle avait entrevu un avenir meilleur. Cependant, cette Mauricienne âgée d’une quarantaine d’années affirme avoir été trompée par un couple d’expatriés. Ils lui avaient promis un emploi en Angleterre en échange d’un salaire, mais elle se retrouve maintenant sans le sou.
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Dans l’éclatant miroir d’un meilleur avenir à l’étranger, Sara (prénom d’emprunt) a entrevu un reflet étincelant de possibilités. L’opportunité d’être la nounou des enfants d’une famille mauricienne établie en Angleterre, allait lui offrir un nouveau départ pour échapper aux ténèbres qui entoure sa vie. Hélas, la réalité s’est révélée bien plus sombre que la lueur alléchante de l’argent, qui avait attiré son regard. Voici son histoire.
Tout commence en 2022. Sur une des plages du pays, Sara, âgée d’une quarantaine d’années, fait la connaissance d’un Mauricien. Ce dernier, en vacances au pays, réside en Angleterre avec sa femme et ses enfants. Après une conversation, les numéros de téléphones sont échangés. Au fil du temps, une amitié nait par téléphone.
En début d’année, il propose un emploi à Sara. Il a besoin d’une nounou pour garder ses enfants lorsque son épouse et lui sont au travail. Les conditions décidées : le billet d’avion sera offert et le job est pour seulement quelques mois. Il est convenu, verbalement, que le salaire sera d’environ 100 livres sterling (environ Rs 5 850 au taux de change du jour) pour le mois.
En quête d’un avenir meilleur, Sara accepte cette chance de travailler comme nounou au Royaume-Uni. Cette opportunité ne pouvait d’ailleurs pas mieux tomber pour elle. La quadragénaire voulait laisser derrière elle les cendres d’un passé douloureux. Notamment la déchirure causée par la mort tragique de ses enfants, empoisonnant aujourd’hui encore son cœur. Comme son mariage bat de l’aile depuis un certain temps, Sara s’accroche à cette opportunité qui est un rayon de lumière pour sortir des ténèbres entourant sa vie à Maurice.
Un visa touriste en main et sans le sou, Sara prend l’avion il y a deux mois, en se disant qu’une fois en Angleterre, elle allait travailler dur pour économiser de l’argent afin d’atteindre son objectif personnel. Elle rêve, en effet, de réunir du capital pour pouvoir lancer une petite entreprise à son retour à Maurice.
Cependant, son rêve se retrouve rapidement terni. Selon Sara, son employeur, l’homme qui lui a offert cette chance, aurait dévoilé un visage moins bienveillant à son arrivée en Angleterre.
Sara dit se retrouver actuellement confrontée à une dure réalité. « Il m’a demandé si je voudrais avoir tous mes salaires à la fin de mon séjour », indique-t-elle. Elle explique lui avoir fait part de son mécontentement car ce n’était pas ce qui avait été convenu avant qu’elle ne quitte Maurice. « So madam inn mem dir mwa ‘kan ou paye ou biye par ou, lerla ou al promne kot fami, isi oun vini pou travay’ », avance Sara.
Selon elle, son employeur aurait ensuite changé sa date de retour pour Maurice. « Je devais rester ici jusqu’en 2024. Mon billet d’avion a été changé pour que je retourne au pays dans deux mois. Maintenant, mon employeur me dit qu’il a investi dans mon billet d’avion pour ma nouvelle vie et que je dois le rembourser alors que ce n’est pas ce qui avait été convenu. Il déduira l’argent de mon salaire », soutient Sara.
Résultat : elle se retrouve sans ressources dans un pays étranger, loin de tout ce qu’elle connaît à Maurice. « Si je fais un calcul, ce n’est que dans deux mois que je pourrai rembourser ce billet d’avion. Donc, je n’aurais pas d’argent du tout alors que je devais gagner 100 livres sterling par mois », déplore Sara.
« En analysant la situation, je suis venue travailler pour eux gratuitement. C’est vraiment malhonnête », dénonce-t-elle. En ce moment, elle se retrouve à s’occuper des enfants quand son employeur est au travail ou que la femme de celui-ci est de sortie. « Je dois leur donner le bain, les nourrir et les quitter à l’école. Lorsqu’ils rentrent, je dois m’occuper d’eux jusqu’à fort tard avant d’aller dans ma chambre. Je travaille sept jours sur sept et je n’ai pas droit à un jour de repos. Sauf s’ils en décident autrement », relate Sara. Et d’ajouter qu’étant sans argent, elle ne peut sortir de cette maison, ou alors juste pour faire une petite marche afin de se vider l’esprit.
La quadragénaire est pétrie de regrets. Si seulement elle avait su que les choses allaient tourner ainsi, elle n’aurait jamais accepté de travailler comme nounou pour cette famille, affirme-t-elle.
Une victime du travail au noir et des manipulations sournoises selon ses dires, la quadragénaire se trouve dans une situation vulnérable, piégée dans un pays étranger sans la sécurité financière qu’elle espérait. Pour elle, le doux chant des promesses s’est transformé en une cacophonie d’injustice. Le salaire qu’elle aurait dû percevoir lui a été refusé et les échos de ses rêves d’entreprise à Maurice, alimentés par les revenus espérés, se sont évanouis.
Cette situation stressante a fini par la rendre malade. « Les enfants ont des comportements agressifs. J’ai reçu des coups de l’un d’entre eux il y a quelques jours. Tout cela me démoralise encore plus. Je compte les jours pour retourner à Maurice », dit-elle en larmes.
« Pourquoi parlez-vous de ce qui vous est arrivé ? » lui demandons-nous. « La loi en Angleterre stipule qu’une nounou doit être payé au moins 10 livres sterling par heure. Comme moi, je pense qu’il y a d’autres nounous qui sont venues de Maurice pour travailler pour cette famille en Angleterre. Elles se sont fait berner. Donc, j’ai décidé d’en parler pour une prise de conscience. Car je suis convaincue que cette famille va certainement refaire le coup à une autre Mauricienne », répond Sara, qui ne sait plus à quel saint se vouer pour que son employeur lui donne l’argent promis.
Malgré tout, Sara a choisi de partager son vécu pour que d’autres femmes, comme elle, ne soient pas bernées par de fausses promesses.
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