Le rêve brisé d’un jeune homme ambitieux qui projetait de se marier

Shamima Russun est une mère meurtrie. Son monde s’est écroulé le 8 janvier dernier. Son fils unique Shabeer, âgé de 22 ans, qui croquait la vie à pleine dent, s’en est allé subitement. Le jeune homme, barman  dans un hôtel, a fait une sortie de route sur sa motocyclette alors qu’il rentrait chez lui.  Il a été retrouvé inconscient sur la route Royale, à Balaclava. C’était déjà trop tard. Il est la première victime de la route en ce début d’année 2023.

Le décès de Shabeer a plongé ses proches dans une profonde tristesse. Il avait des projets plein la tête. Il voulait se marier et fonder sa propre famille, mais le destin en a décidé autrement. Aujourd’hui, sa mère s’accroche aux souvenirs des années passées auprès de son fils chéri. Depuis tout jeune, ce natif de Vallée-Pitot avait des étoiles dans les yeux quand on parlait de voyages. « J’ai deux enfants, un fils et une fille. Shabeer était l’ainé. Il a toujours voulu voyager et voir d’autres pays », nous dit-elle. Déterminé à réaliser ce rêve d’enfant, il se donnait les moyens pour y parvenir.

« Après ses études secondaires, il s’est inscrit à l’école hôtelière. Par la suite, il a tenté sa chance sur un paquebot de croisière. Son souhait s’est finalement réalisé et il a signé un contrat de deux ans. Li ti kontan pou aller » , se remémore avec fierté Shamima. Sa carrière était lancée et il allait suivre sa propre voie. « Premie fwa li ti pe voyager. Durant six mois, il a parcouru l’Europe et il travaillait comme barman », poursuit-elle. Puis, quand la pandémie de Covid-19 est arrivé, tout a basculé. « Inn all gagn Covid ek linn revine Moris. Apres li pann realer », ajoute-t-elle. 

Amoureux de mécanique, Shabeer s’est offert une motocyclette. «  Depi linn desann lor bato, sa meme premier kiksoz linn aster »,  nous dit-elle. Il passait beaucoup de temps avec sa famille. « Avec sa petite sœur, ils étaient très complices et toujours en train de se taquiner », confie-t-elle. Shabeer avait aussi fait la connaissance d’une jeune femme. « Linn all kontan enn tifi. Li ti en proze mariaz », poursuit-elle. Il voulait aussi avoir sa propre maison et tout dernièrement, il  a commencé à travailler dans un hôtel à Balaclava comme  barman. Il se réjouissait de cette nouvelle expérience qu’il voyait comme une belle opportunité. « Inn gagn trwa zour ki linn komanse travay laba ». Tout semblait sourire au jeune Shabeer, mais en un instant, sa vie a basculé et ses projets d’avenir se sont envolés. 

Le 8 janvier dernier, il est parti au travail sur sa motocyclette. « Il est sorti de la maison vers 13 heures », nous explique sa mère. Elle attendait son retour ce soir-là, mais il n’est jamais revenu.  « Je ne dormais pas encore quand, vers 1 heure, mon téléphone a sonné. C’était le poste de police de Terre-Rouge. Le policier m’a informé que mon fils a été victime d’un accident de la route à Balaclava », se souvient-elle avec peine. Elle a alerté son époux, qui est souffrant. «  Il a une santé fragile et a connu des complications », dit-elle. 

Alors qu’elle se préparait pour sortir, elle a reçu un second appel l'annonçant que son fils n’a pas survécu. « Je n’ai pas su comment le dire à son père. J’ai attendu d’être dans la voiture pour le faire. Mon dire li Shabeer fini kit nou aller », confie-t-elle, la voix nouée par le chagrin. 

Tous deux se sont rendus sur les lieux de l’accident. «  Li ti enkor laba. So motosiklett enn koter. Mo garson ti kot sa pier la », une image qui l’a beaucoup marqué. Sa motocyclette avait fait une sortie de route et heurté un arbre. Le choc a été violent. L’autopsie a révélé qu’il a succombé à une rupture du foie.