- Elle lance un appel au Premier ministre Pravind Jugnauth
«Le condamner à vie, ce n’est pas suffisant. Bizin fer li soufer parey ! » La voix de Maria (prénom d’emprunt) est remplie de colère. Et de souffrance. Elle aussi a été victime du violeur récidiviste Kurseley Favory, 43 ans. C’est en 2020 que ce « bandit » l’a agressée sexuellement. Elle avait alors 70 ans. Meurtrie au plus profond de sa chair, elle tente, depuis ce jour-là, de recoller les morceaux de sa vie brisée. « Bizin viv avek, ki pou fer… »
Mais l’horreur qu’elle a vécue en 2020 est remontée en elle il y a quelques jours. C’est avec stupeur, effroi et indignation que la population mauricienne a appris le viol d’une dame frêle et affaiblie, âgée de 80 ans, dans la nuit du mardi 27 février au mercredi 28, à son domicile à Trèfles, Rose-Hill. Son agresseur n’est autre que Kurseley Favory.
Cette récidive a provoqué l’incompréhension et la peur chez Maria, qui habite, elle aussi, Trèfles. À Le Dimanche/L’Hebdo, elle confie que Kurseley Favory a abusé d’elle en février 2020. Vers 22 h 30, alors qu’elle dormait à poings fermés, il a fait irruption dans sa maison. Il l’a brutalisée physiquement et l’a agressée sexuellement, tout en la menaçant en ces termes : « To pa fer tapaz, si to koze to mor la. » Des propos dont elle se rappelle comme si c’était hier.
À l’époque, Kurseley Favory est arrêté dans le cadre de l’enquête policière ouverte sur ce cas. Il fait d’ailleurs l’objet d’un procès pour viol devant le tribunal. Procès auquel il s’est présenté, le mercredi 28 février, quelques heures à peine après avoir abusé sexuellement de l’octogénaire…
Maria est désemparée. Elle dit ne pas comprendre comment il a pu obtenir la liberté sous caution. D’ailleurs, elle confie qu’elle n’était pas au courant qu’il avait été relâché dans la nature. « Linn refer so insinifian, so bann demagozi », lance-t-elle.
Verte de colère et craignant pour sa sécurité et celle d’autres personnes âgées, Maria ne mâche pas ses mots envers le système judiciaire qui a accordé la liberté sous caution à Kurseley Favory. « Lalwa pa ti bizin pran sa bann dimoun-la zot kas kosion, apre larg tou bann kriminel, tou bann violer, zot vinn pli move, pou zot fer pli pa bon ankor ! » s’emporte-t-elle.
La septuagénaire adresse un appel direct au Premier ministre Pravind Jugnauth qui, dit-elle, s’est toujours montré bienveillant envers les personnes âgées. « Pravind Jugnauth kontan pran nou lintere. Mo res bet li pann dir nanye pou enn ka koumsa. Dimans mem li ti dan fet kot bann dimoun aze pe vinn maye ar li. Li dir li protez gran dimoun… Get sa madam-la ki laz ena, be Pravind pa dir nanye pou sa, pour dan enn an ankor ou tann dir linn resorti lor kosion », fustige-t-elle.
Dans la foulée, elle réclame de lourdes sanctions contre Kurseley Favory. « Pa ti bizin gagn kosion. Sa kalite dimoun-la ti bizin pandi ou kondane a vi », martèle-t-elle.
L’octogénaire violentée cette semaine : « Monn tromatize… »
Mardi 27 février, une octogénaire passe sa première nuit dans une maison en location à Trèfles, Rose-Hill. Elle vit seule. Aux petites heures mercredi, soit vers 4 heures du matin, son sommeil est perturbé par des bruits. Elle se réveille, quitte le lit et allume la lumière pour s’enquérir de la situation. C’est à cet instant précis qu’elle tombe sur son agresseur, couteaux en main.
« De kouto dan so lame, monn gagn per. Li dir mwa tir mo linz, touni. Mo bizin tire, li pe menas mwa, mon oblize dormi », raconte la victime. Effrayée, elle se tourne vers le ciel pour chercher protection auprès du Tout Puissant : « Mo pe fer lapriyer touzour, mo dir bondie eparg mwa de sa problem-la… »
Kurseley Favory ne lui manifeste aucune pitié, violentant l’octogénaire et lui faisant subir des sévices sexuels. Une fois ses pulsions satisfaites, il quitte les lieux en emportant avec lui les deux téléphones cellulaires de la victime, ainsi que ses effets personnels. « Premie fwa monn pass dan enn zafer koumsa. Monn res asize, monn plore… » confie la dame âgée.
Dans la matinée de mercredi, elle relate l’horreur qu’elle a vécue au propriétaire de la maison venu lui rendre visite « Monn tromatize, mo latet, mo figir fermal », ajoute-t-elle. La police de Stanley est vite alertée. La victime est admise à l’hôpital. Blessée, elle se retrouve contrainte de se déplacer en chaise roulante.
Activement recherché par la police, Kurseley Favory est arrêté le même jour dans la capitale. Soumis à un interrogatoire serré, il passe aux aveux. Faisant l’objet d’une accusation provisoire de viol, il est maintenu en détention policière.
Fiché à la police de la Western Division
Avec ce nouveau cas de viol à son actif, Kurseley Favory, père de trois enfants, semble démontrer un penchant pour les proies « faciles ». Après avoir été épinglé pour des délits sexuels sur une fillette de 7 ans, il s’en est pris à deux reprises à des femmes âgées. Ces dernières sont souvent physiquement très faibles et ne peuvent se défendre face à ce prédateur.
Le quadragénaire est fiché en tant que Habitual Criminal (HC) à la police de la Western Division. Il est notamment connu du poste de police de Stanley. D’aucuns ne s’expliquent pas comment, avec un tel casier judiciaire, il a pu bénéficier de la remise en liberté sous caution dans le cas du viol de la septuagénaire, en 2020.
Selon des habitants de Stanley, Kurseley Favory avait une attitude discrète et calme dans le quartier. « Kan ou pou get li, pa pou kroir li fer enn travay koumsa », témoigne-t-on dans le voisinage de la femme de 80 qu’il a agressée.
Pourtant, à Trèfles, où il est connu sous le nom de « Canard », Kurseley Favory s’est bâti une réputation de voleur, après avoir fait irruption dans des maisons. « Plizier fwa li finn rant dan bann lakaz, li kokin portab ek kas li gagne, li ale », confient des habitants qui le décrivent également comme un toxicomane.
Sans emploi la plupart du temps, il gagnait sa vie en effectuant divers petits travaux ici et là.
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