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Le projet Safe City s’implante sur les plages publiques : les caméras indiscrètes

safe city Des caméras sont installées à la plage de Mont-Choisy

L’installation des caméras de surveillance du projet Safe City (Intelligent Video Surveillance cameras) est en cours sur les plages publiques. Si la National Coast Guard (NCG) est d’avis que ces caméras de surveillance feront chuter le nombre de délits commis sur les plages, l’avocat Neil Pillay plaide pour qu’il n’y ait pas de fuites lors de la manipulation des données.

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Les 2 075 sites, sur lesquels les 4 300 smart cameras du projet Safe City sont en cours d’installation, ne comprennent pas seulement les espaces routiers ou des terrains privés mais également… les plages publiques. Les plages les plus fréquentées du pays, Flic-en-Flac (dans l’Ouest) et Mont-Choisy (dans le Nord), possèderaient entre six et huit appareils. La plage de Pereybère, qui se situe également dans le Nord, possède deux appareils en raison de sa superficie.

« Les caméras du projet Safe City ont pour but de donner un soutien aux appareils opérationnels sur les plages publiques. Les sites qui seront dotés de ces appareils ont été identifiés à la suite des délits qui ont été recensés par la police. Dans la pratique, ces nouvelles caméras seront bénéfiques pour la police dans le sens que les logiciels nous permettront d’identifier les contrevenants immédiatement grâce aux images qui seront immédiatement envoyées au centre de commande », avancent des hauts gradés de la National Coast Guard basés à Flic-en-Flac. Dhiraj, un habitant de Pointe-aux-Piments rencontré sur la plage de Trou-aux-Biches, se dit satisfait de l’installation de ces appareils. « C’est la meilleure façon de mettre la main sur les agresseurs qui sévissent sur nos plages », dit-il. « C’est le cas en Allemagne. Tous nos mouvements sur les voies publiques, ou encore sur les plages publiques, sont surveillés. L’installation de ces appareils hautement performants sur les plages est avant tout pour la sécurité du public », poursuit un couple de touristes allemands, rencontrés sur la plage de Bain-Bœuf.

L’avocat Neil Pillay est d’avis que les appareils qui seront bientôt installés sur les plages publiques aideront à résoudre des cas de rogue and vagabond et de gross indecency in public, entre autres. Ce sont, pour rappel, des délits criminels passibles d’emprisonnement en cas de culpabilité. « Je ne suis pas contre l’installation des caméras ultrasophistiquées du projet Safe City sur les plages publiques. Les arrivées touristiques sont en baisse et l’installation de caméras ultraperformantes est la meilleure façon de sécuriser nos plages publiques. Mais tout est une question de balance entre les droits des individus et la sécurité de la masse. Y aura-t-il des personnes formées pour manipuler ces caméras ? Qui nous prouve qu’il n’y aura pas d’échanges entre les diverses agences de la police, une fois les données en main ? Je pense que les images capturées doivent rester privées. D’où le fait que le gouvernement devrait peut-être envisager la création d’une agence privée visant à manipuler de telles données tout en imposant des conditions très sévères sur les personnes appelées à opérer ce système de surveillance. Il y a toute une culture de rigueur professionnelle et de discipline à reconstruire. »

Et d'ajouter : « Pourquoi ajouter d’autres charges sur le dos de la police qui arrive parfois difficilement à gérer des problèmes qui sont réellement les leurs ? ».


La crainte d’être surveillé en permanence

Le projet Safe City comprend l’installation de 4 300 Smart Cameras sur 2 075 sites à travers le pays, la mise en opération de 4 500 radios intelligentes (smart radios) destinées aux policiers et autres smart radios trunked system placées dans des véhicules de la police ainsi que la numérisation de la hotline de la police.

Particularité des Smart radios

Ces radios intelligentes sont dotées de GPS, de Wi-Fi, d'un système permettant d’envoyer des SMS et d’effectuer des appels téléphoniques et d’un logiciel hautement performant permettant aux détenteurs d’avoir accès à la base de données de la National Transport Authority (NTA). En cas d’infraction au code de la route, les policiers de faction (Ndlr : issus de n’importe quel poste de police) pourront capturer les images des plaques d’immatriculation des véhicules pour ensuite procéder à une vérification immédiate sur la base de données de la NTA.

Spécificité des caméras

La spécificité des 4 300 caméras sophistiquées IVS et ITS, c'est que les images capturées sont immédiatement envoyées au centre de commande principal sis dans la région d’´Ebène. Les caméras IVS possèderaient les capacités de capturer des images très distinctes, lors des mouvements, à une distance de plus de 200 mètres, à capturer un mouvement par opposition à une détection de moyen globale à travers l’option Tripwire. Les caméras ITS seraient dotées d’un système de radar intégré pouvant repérer très vite les excès de vitesse sur nos routes, entre autres.

Où seront-elles installées ?

4 000 caméras intelligentes IVS (Intelligent Video Surveillance Cameras) seront installées sur 2 000 sites. 300 autres caméras ITS (Intelligent Traffic Surveillance Cameras) seront installées sur 75 points à travers le pays.

Montant du projet

En mai 2018, le ministre mentor, sir Anerood Jugnauth, avait annoncé que Mauritius Telecom (MT) financera le projet à travers un prêt de Rs 460,7 millions contracté auprès de l’EXIM Bank of India. Le gouvernement, selon sir Anerood Jugnauth, s’est porté garant pour l’emprunt.

Activités politiques

Dans une réponse à l’Assemblée nationale mardi, lors de la PNQ du leader de l’Opposition, Xavier-Luc Duval, le ministre mentor a fait ressortir que l’installation de caméras de surveillance avait démarré lors que XLD faisait  partie de l’ancien gouvernement. « Les caméras de surveillance CCTV avaient été installées en 2009 et on avait trouvé qu’elles étaient utiles. À l’époque vous trouviez que c’était bon… », avait-il rétorqué.

Reconnaissance faciale

Ces appareils ultrasophistiqués pourraient détenir un logiciel permettant la reconnaissance faciale. Si la base de données biométriques menant à la réalisation de la carte d’identité n’était pas détruite, les informations auraient pu être utilisées pour retracer les individus. Toutefois, les données ont été officiellement détruites. Des proches du dossier ont toutefois fait ressortir que « la police ne travaillera sur aucune base de données si ce n’est celle que la force policière détient déjà ».

Rôle de la police

La police bénéficie d’un certificat d’exemption par rapport à la Data Protection Act. La section 44 de cette loi permet au Premier ministre d’exempter une autre entité, pour des raisons de sécurité nationale, de respecter la loi concernant la protection des données personnelles.

Selon une source bien informée, il s’agit de faire entrer le projet Safe City dans la légalité car sans cette exemption, la police n’aura pu avoir accès à des données sur une personne sans avoir eu l’autorisation d’un juge en Chambre. « Le principe de Safe City est de visionner des images de gens afin d’intervenir en temps réel, mais éventuellement aussi de suivre les mouvements d’une personne par des caméras sans son autorisation et sans qu’elle le sache. Le mouvement d’une personne est une donnée personnelle de celle-ci. Ce certificat était donc nécessaire pour pouvoir faire entrer le système dans la légalité et rendre ces images admissible en cour. »

 

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