Comme l’a souligné le leader de l’opposition, lors du congrès de Mare-d’Albert le 28 juillet 2023, le prochain gouvernement est confronté à un vaste chantier en raison des nombreux défis qui attendent le pays. L’alliance Parti travailliste (PTr)/Mouvement militant mauricien (MMM)/Parti mauricien social-démocrate (PMSD) a pour ambition de les relever. Quelle approche adoptera-t-elle ? Voici des éléments de réponse.
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Abolition des lois répressives
Une des premières actions qu’envisage un éventuel gouvernement PTr/MMM/PMSD est l’abrogation des amendements à l’Information and Communication Technologies Act, incluant la notion « annoyance ». Selon le député du PTr Shakeel Mohamed, cette loi nuit énormément à la liberté d’expression des internautes sur les réseaux sociaux. « La police ne peut pas arrêter des gens à tout bout de champ juste parce qu’une personne s’est sentie agacée », déclare-t-il.
L’alliance PTr-MMM-PMSD s’engage également à clarifier la loi sur les syndicalistes pour éviter qu’ils ne subissent de la répression de la part des employeurs lorsqu’ils s’expriment à la radio. L’abolition des accusations provisoires est aussi une priorité, selon Shakeel Mohamed. « Nous comptons rendre cela possible à travers le Police and Criminal Evidence Bill que nous présenterons. Ce projet de loi avait déjà été préparé lorsque nous étions au pouvoir, mais nous n’avions pas pu le soumettre à l’Assemblée nationale avant les élections générales de 2014 », précise le député rouge.
Il ajoute que l’introduction d’une Freedom of Information Act, qui figure en bonne place dans le programme de l’alliance PTr-MMM-PMSD, serait un instrument idéal pour combattre tout système répressif. « Cette loi permettrait à n’importe quel citoyen de connaître le salaire du directeur de l’Icac ainsi que les frais de déplacement à l’étranger d’un Speaker de l'Assemblée nationale. Nous prévoyons également de mettre sur pied un système permettant la publication régulière d’informations sur l’utilisation des fonds publics », précise Shakeel Mohamed.
Nouvelle loi sur la réforme électorale
L’alliance PTr/MMM/PMSD projette d’améliorer l’organisation des élections par le biais d’une loi sur la réforme électorale. Selon une source, le modèle proposé pour la réforme sera basé sur celui présenté par le PTr et le MMM lors des élections générales de 2014. « Cependant, des discussions sont en cours entre les trois partis, car le PMSD ne partage pas entièrement la position du PTr et du MMM. Ainsi, l’objectif est de parvenir à un consensus sur les points de divergence », explique-t-on. Un des aspects de cette réforme concerne le mode de désignation des 20 parlementaires élus à la proportionnelle selon un système connu sous le nom de « Party List System » en vue de remplacer le « Best Loser System ». « Le seuil d’éligibilité à la proportionnelle est également en discussion avec le PMSD. Le MMM et le PTr plaident en faveur d’un seuil de 10 % », indique-t-on.
Mesures pour prévenir l’exode des jeunes
« Les jeunes quittent le pays à cause du manque d’opportunités d’emploi et de l’absence de nouveaux secteurs économiques prometteurs. Maurice est devenu une destination pour les travailleurs étrangers, sans planification adéquate des ressources futures et sans perspectives de carrière ou de salaires décents », estime Shakeel Mohamed, qui travaille sur cette problématique dans le cadre du programme proposé par l’alliance PTr-MMM-PMSD.
Afin de rivaliser avec les destinations européennes, le député du PTr souligne l’importance d’une migration circulaire réactive. Il préconise donc la mise en place de nouvelles formations spécialisées, bénéfiques tant pour le pays que pour l’étranger. « Nous devons continuer à encourager la migration, mais en faisant en sorte que notre pays n’en souffre pas. Nous proposerons, par exemple, un centre qui sera en mesure de former des infirmiers à la fois pour Maurice mais aussi pour l’étranger », dit-il.
Shakeel Mohamed soutient que le programme de l’alliance PTr-MMM-PMSD mettra également l’accent sur l’équivalence des diplômes, afin de mieux préparer les Mauriciens pour le marché étranger et local. Une étude sera également menée pour déterminer le nombre de Mauriciens ayant quitté le pays et les domaines d’activité dans lesquels ils étaient actifs. « Cela permettra, par exemple, de savoir combien de fonctionnaires, policiers et enseignants ont choisi de s’installer à l’étranger et de mieux comprendre leurs motifs de départ », précise le député.
Système éducatif
Bien qu’aucune discussion formelle n’ait encore eu lieu entre les trois partis concernant le système éducatif, le député du PTr, Mahen Gungapersad, qui préside la commission Éducation au sein des rouges, affirme qu’il existe déjà un consensus sur l’abolition de l’Extended Programme.
Ensuite, une révision approfondie de l’ensemble du système éducatif sera entreprise, en consultant les parties prenantes pour définir l’orientation du système éducatif de demain. Le recours à l'éducation en ligne sera également encouragé pour soutenir l'apprentissage autonome, surtout en cas de cyclones et autres intempéries. Le député de la circonscription n° 6 (Grand-Baie/Poudre-d’Or) regrette cependant que la ministre de l’Éducation n’ait pas saisi l’occasion de la pandémie de la COVID-19 pour développer de meilleures infrastructures numériques. Quid du Nine-Year Schooling ? Sera-t-il aboli ? « Il est important de ne pas agir de manière précipitée. Il est essentiel d’analyser ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné, afin de capitaliser sur les aspects positifs pour prendre des décisions éclairées concernant son avenir », répond Mahen Gungapersad.
Le MSM s’attèle aussi sur son programme
Le Mouvement socialiste militant (MSM) a récemment mis sur pied un « think tank » pour élaborer son programme électoral en vue des prochaines élections. Il mettra l’économie au centre de ses préoccupations, selon une source proche de ce groupe de réflexion. La situation économique suscite des inquiétudes, avec une productivité en baisse et des perspectives démographiques peu encourageantes, notamment une estimation selon laquelle le taux de mortalité pourrait dépasser celui de la natalité d’ici 2035. Face à ces défis, des réformes économiques et sociales s’avèrent indispensables pour assurer un avenir prospère pour le pays.
Dans un contexte économique mondial en évolution rapide, marqué par des avancées technologiques comme l’automatisation du travail qui impacte le marché de l’emploi, l’accent est mis sur la nécessité de se concentrer sur les « nouveaux métiers ». Cette même source explique qu’en 2014, le MSM avait déjà identifié ces défis, mais après 2019, la situation économique s’est détériorée, entraînant une crise économique et une inflation galopante.
Des ajustements, tels que la révision des pensions et du salaire minimum, ont été nécessaires pour permettre aux citoyens de subvenir à leurs besoins essentiels. Cependant, selon notre source, les réponses apportées dans le passé n’ont pas suffi à résoudre les problèmes de fond. Il est crucial de réajuster le pouvoir d’achat pour faire face à l’inflation, mais une approche plus globale est requise.
Il est désormais impérieux de comprendre que la dépense sans production ne suffit pas. La productivité est le véritable moteur de l’économie. Il est essentiel de mettre en place des réformes visant à stimuler la création d’emplois et la croissance économique. Un programme de formation et de réinsertion professionnelle pour les jeunes doit être développé pour répondre aux nouveaux besoins du marché du travail. « Investir dans l’éducation et la formation permettra de développer une main-d’œuvre compétente, prête et capable de relever les défis économiques de demain », souligne cette source.
Promouvoir l’innovation et l’entrepreneuriat est également crucial, selon elle, pour encourager la création d’entreprises et industries. « En soutenant les jeunes entrepreneurs, on peut stimuler la création d’emplois et diversifier l’économie. » Enfin, poursuit notre source, la préservation de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique doivent être au cœur de ce programme de réforme. « En investissant dans des technologies vertes et durables, il sera possible de protéger l’environnement tout en créant des opportunités économiques », conclut-elle.
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