La commission anticorruption vérifie si CPN Distributors Ltd a bien acheté les comprimés de Molnupiravir à Rs 72 l’unité. En attendant, l’entreprise a bien livré 999 000 doses au ministère de la Santé et n’a pas été payée, alors qu’elle doit elle-même régler son fournisseur.
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Dans son enquête sur l’achat controversé de Molnupiravir par le ministère de la Santé, la commission anticorruption bute sur plusieurs points qui demandent des éclaircissements. D’abord, les enquêteurs doivent contacter le fournisseur Optimus Pharma pour avoir confirmation du prix de vente à la société CPN Distributors Ltd.
Le 15 décembre, le laboratoire indien a émis un document dans lequel il explique que l’investissement pour la recherche, le développement et la production du Molnupiravir a coûté deux millions de dollars, soit environ 84 millions de roupies mauriciennes. « Le médicament a donc été vendu à 1,62 dollar l’unité », est-il indiqué. Le contenu de ce document fait l’objet d’une vérification de l’Independent Commission Against Corruption (Icac) à la lumière d’autres éléments en sa possession. Le directeur de CPN Distributors Ltd, Jay Kumar (Akash) Chuttoo, sera aussi appelé à venir s’expliquer une nouvelle fois au Réduit Triangle cette semaine.
Paiement à 60 jours
Les relevés bancaires de CPN Distributors Ltd auraient pu suffire à vérifier le montant payé, et ainsi enlever les soupçons qui planent sur Jay Kumar Chuttoo. Seulement, de proches collaborateurs de la société basée à Montagne-Longue affirment que l’achat auprès d’Optimus Pharma a été fait à crédit. D’ailleurs, le document du fournisseur indien l’indique : « Optimus has given a credit period of 60 days to our partner CPN Distributors ». Le paiement doit ainsi être effectué au mois de janvier.
Or, CPN Distributors Ltd n’a pas reçu un sou pour la fourniture de 999 000 comprimés de Molnupiravir au ministère de la Santé, puisque le règlement de la facture de 79,84 millions a été gelé par le ministère des Finances. Une bataille juridique pourrait alors s’engager. CPN Distributors Ltd n’écarte pas la possibilité de saisir la justice dans le but d’obtenir son argent. Car les médicaments ont bien été livrés le 7 décembre. Un premier lot de 5 000 comprimés avait même été fourni à l’hôpital ENT le 3 décembre.
Le premier stock toujours pas épuisé
La confirmation est venue de sources haut placées au ministère de la Santé. L’hôpital ENT n’a pas encore épuisé les 5 000 comprimés de Molnupiravir reçus le 3 décembre, et dans les autres hôpitaux, le médicament s’écoule lentement. Les services de santé publics se retrouvent donc avec un stock de 999 000 comprimés qui n’est pas encore entamé, et il devrait recevoir une autre livraison, celle des 800 000 gélules de Molnupiravir commandées à Mauritius Pharmacy (Seegobin) Ltd pour la somme de Rs 7,45 millions. Cependant, la date de livraison, prévue le 21 décembre, n’a pas été confirmée officiellement.
Le faible écoulement du médicament risque de provoquer une accumulation de stock, constatent des responsables du ministère. En effet, le nombre d’hospitalisations liées à la Covid-19 a diminué. « Les mesures mises en place ont aidé à ralentir la contamination », estime un spécialiste du ministère. Toutefois, ce stock sera là en cas de nouvelle flambée épidémique. Les attroupements observés actuellement dans les lieux publics alors que le variant Omicron circulerait déjà dans la communauté laissent penser que les hôpitaux pourraient avoir besoin de Molnupiravir en quantité. « Mo pa krwar finn aste tro boukou, manier nou pe trouv dimoun pe groupe », conclut le spécialiste.
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