Live News

Le pouvoir des petits gestes citoyens

Publicité

Ils refusent d’être des spectateurs passifs de la crise énergétique. De plus en plus de citoyens choisissent d’agir en adoptant des gestes simples pour consommer moins, mieux, et plus intelligemment.

Mehendi Leelah, Quality Assurance Officer : «Chaque geste compte pour un Maurice plus résilient»

mehendi
Mehendi Leelah insiste : chaque petit geste peut contribuer à un effort collectif.

L’énergie dépasse la simple notion de ressource, explique Mehendi Leelah, Quality Assurance Officer dans l’industrie sucrière et ingénieure chimiste de formation : « C’est le fil invisible qui relie nos foyers, nos usines et notre quotidien. » « On ne réalise son importance qu’au moment où les lumières s’éteignent ou que les machines s’arrêtent », souligne-t-elle.

Ces dernières semaines, l’énergie est devenue un sujet central à Maurice, confrontée à une demande croissante et à des infrastructures sous tension. Face à ce défi, elle plaide pour une responsabilité partagée. « Réduire sa consommation, surtout aux heures de pointe, ce n’est pas seulement économiser de l’électricité, c’est agir pour la sécurité énergétique du pays », rappelle-t-elle.

Dans son environnement professionnel, elle constate concrètement comment chaque ressource peut être optimisée. « Pendant la saison de la canne, la bagasse, souvent considérée comme un déchet, est transformée en vapeur et en électricité ; une partie alimente même le réseau national », explique-t-elle. Selon elle, cette logique de valorisation peut inspirer chaque citoyen à mieux utiliser ce qu’il possède déjà.

Parler d’efficacité énergétique à la maison, au travail et dans la communauté, c’est faire partie du changement»

À la maison, Mehendi applique cette philosophie au quotidien : éteindre lumières, ventilateurs et appareils inutilisés, privilégier les ampoules basse consommation, ou encore programmer la machine à laver pendant les heures creuses. « Ces petits gestes semblent anodins, mais multipliés par des milliers de foyers, ils allègent considérablement la charge sur le réseau national », fait-elle ressortir.

Consciente des limites du système mauricien, elle rappelle la forte dépendance du pays aux importations de carburant. « Cela nous rend vulnérables aux fluctuations du marché et aux ruptures d’approvisionnement », observe-t-elle, tout en saluant les progrès des énergies renouvelables. Le solaire, l’éolien et la bagasse redessinent peu à peu le paysage énergétique.

Pour Mehendi, la transition prendra du temps. En attendant, « la contribution la plus efficace reste de surveiller notre consommation ». Cette vigilance doit, selon elle, devenir une habitude collective. Car au-delà de la technique, l’efficacité énergétique est aussi un enjeu social. « Parler d’efficacité énergétique à la maison, au travail et dans la communauté, c’est faire partie du changement », précise-t-elle.

Son message est limpide : économiser l’énergie, c’est une forme de respect, pour les ressources, pour l’environnement et pour les autres. « L’avenir énergétique de Maurice dépend de la somme de nos petites actions », conclut-elle, avant d’ajouter : « Ensemble, nous pouvons bâtir un pays plus durable, un choix conscient à la fois. »

Mohammad Yaaseen Noorbuccus, directeur d’Empire Foods Ltd : «Notre avenir énergétique dépend des choix que nous faisons aujourd’hui»

yaaseen
L’entrepreneur estime que les petits efforts répétés à long terme font la différence.

« On ne s’en rend pas compte, mais derrière chaque ampoule allumée ou chaque climatiseur qui tourne, il y a tout un système sous tension, parfois à la limite de la rupture. » Directeur d’Empire Foods Ltd, une entreprise mauricienne spécialisée dans la production de fruits et légumes surgelés, Mohammad Yaaseen Noorbuccus, 29 ans, vit chaque jour la réalité d’un pays où l’électricité est précieuse. Et il veut faire comprendre que l’énergie n’est pas une ressource infinie.

Son entreprise dépend directement d’une alimentation électrique stable pour maintenir ses chambres froides et garantir la qualité des produits. Très tôt, il a dû composer avec les coupures et les risques liés aux cyclones. « Pour ne pas interrompre nos opérations, nous avons investi dans un générateur. Cela m’a fait prendre conscience de la fragilité du réseau et de notre dépendance énergétique », raconte-t-il.

C’est à ce moment-là qu’il a compris que la solution ne viendrait pas uniquement des autorités ou des grandes infrastructures, mais de chacun. « J’ai réalisé que l’économie d’énergie commence à petite échelle, chez soi ou dans son entreprise. Éteindre les lumières inutiles, utiliser des ampoules LED, reporter l’usage des gros appareils aux heures creuses… Ces gestes simples peuvent sembler dérisoires, mais cumulés, ils ont un impact réel. »

Pour lui, économiser l’électricité va bien au-delà de la facture : c’est une forme de solidarité nationale. « Si chaque foyer réduit un peu sa consommation, nous contribuons tous à stabiliser un système déjà très sollicité. C’est gagnant-gagnant : on réduit les coûts tout en protégeant nos ressources », estime-t-il.

L’entrepreneur suit également de près l’évolution du mix énergétique du pays. Entre une demande en hausse, des centrales vieillissantes et une transition vers les énergies renouvelables encore lente, il sait que Maurice doit agir vite. « Ce que nous vivons aujourd’hui n’est pas une crise soudaine. C’est le résultat de plusieurs années de consommation croissante sans diversification suffisante », souligne-t-il.

Son message : chacun peut être acteur du changement. « La conservation de l’énergie ne relève pas de grands discours, mais d’habitudes quotidiennes. Ce sont les petits efforts répétés qui, à long terme, font la différence », dit-il avec conviction.

Pour Mohammad Yaaseen Noorbuccus, Maurice se trouve à un moment charnière. Avec un optimisme lucide, il précise : « Nous avons deux options : subir les coupures ou bâtir un avenir plus lumineux. Tout dépend de la manière dont nous choisissons d’utiliser le courant que nous avons aujourd’hui. »

Akshee Cheekoory, professionnelle des ressources humaines : «Sak ti zefor kapav fer enn gran diferans»

akshee
Akshee Cheekoory met l’accent sur des petits gestes au quotidien.

Pour Akshee Cheekoory, la crise énergétique n’a rien d’abstrait. « Entre la hausse des prix, la forte demande et notre dépendance au pétrole importé, tout le monde ressent les effets, à la maison comme au travail », explique cette professionnelle des ressources humaines. À 28 ans, elle fait partie de cette génération consciente des enjeux énergétiques et désireuse d’agir concrètement. 
Akshee mise notamment sur les petits gestes du quotidien. « Pas besoin d’investir dans des équipements coûteux. Il suffit d’être plus attentif à la façon dont on consomme. Sak ti zefor kapav fer enn gran diferans », dit-elle avec le sourire.

Son premier réflexe ? Profiter de la lumière naturelle. « J’ouvre mes rideaux et mes fenêtres dès le matin pour éviter d’allumer les lampes inutilement. Ce geste tout simple me permet d’économiser plusieurs heures d’électricité chaque jour. »

Autre habitude ancrée dans sa routine : éteindre et débrancher les appareils inutilisés. « On oublie souvent qu’un chargeur branché ou un téléviseur en veille consomme toujours. J’utilise maintenant des multiprises avec interrupteur : en un seul geste, tout est coupé le soir. »

On oublie souvent qu’un chargeur branché ou un téléviseur en veille consomme toujours»

La climatisation fait également partie de ses priorités. « À Maurice, on a tendance à en abuser, surtout en été. Moi, j’ai décidé de régler la température entre 24°C et 26°C, et de privilégier le ventilateur la nuit. J’entretiens aussi régulièrement les filtres pour qu’il soit plus efficace. »

Même logique pour les appareils ménagers. « Je regroupe les lessives pour éviter de faire tourner la machine à moitié vide et j’utilise le mode ‘éco’ dès que possible. » Le chauffe-eau, lui, est désormais programmé pour fonctionner uniquement quelques heures le matin.

Akshee planifie également sa consommation selon les heures creuses, utilisant les appareils énergivores tôt le matin ou tard le soir. « C’est un petit ajustement, mais quand tout le monde le fait, ça aide à équilibrer la demande. » Elle a aussi commencé à remplacer progressivement ses anciennes ampoules par des LED et envisage l’installation d’un chauffe-eau solaire à moyen terme.

La jeune femme observe que de plus en plus de Mauriciens adoptent ces gestes simples. « Je vois autour de moi des collègues et des amis qui font attention, parfois sans même s’en rendre compte. Ces efforts additionnés peuvent réellement soulager le réseau. »

Pour elle, la solution à la crise énergétique ne viendra pas uniquement des grandes politiques, mais surtout des habitudes individuelles. « Si chacun fait sa part, ansam nou kapav soulaz bann faktir ek soutenir enn Moris pli dirab. L’énergie, c’est l’affaire de tous. »

Prakash Juddoo, Diplômé en sustainable energy engineering : «Chaque petit changement compte, surtout s’il devient une habitude»

prakash
Pour Prakash Juddoo, chaque action, au fil des années, peut contribuer à une plus grande cause.

Prakash Juddoo, 35 ans, consacre sa vie professionnelle à la protection de l’environnement et à la transition énergétique. Diplômé en Sustainable Energy Engineering, il travaille depuis plusieurs années comme Project Manager au ministère de l’Environnement, après des expériences avec les Nations unies, l’UNDP et plusieurs organismes publics et privés.

Mais c’est surtout dans son quotidien qu’il met ses convictions en pratique. « Avant tout, j’évite le gaspillage », confie-t-il simplement. Chez lui, la règle est claire : éteindre la lumière, débrancher les appareils inutilisés, ne rien laisser en veille. « Ce sont des réflexes de base, mais c’est là que tout commence. »

Conscient des contraintes du réseau mauricien, Prakash organise ses activités domestiques pour éviter les heures de pointe. « Le matin et le début de soirée sont les moments où la demande est la plus forte. C’est à ces heures-là que le réseau est sous stress et que les transformateurs chauffent. Ce n’est pas forcément un manque de courant, mais une surcharge. Quand la pression est trop forte, le système se coupe par sécurité – c’est ce qui cause la plupart des délestages. »

Pour lui, comprendre le fonctionnement du réseau permet d’agir plus intelligemment. « Quand on sait comment ça marche, on adapte sa consommation. Il ne s’agit pas seulement de payer moins, mais de réduire le stress global sur le système. »

Engagé depuis longtemps dans la lutte contre le changement climatique, Prakash voit un lien direct entre économie d’énergie et style de vie plus sain. « Si je suis moins actif le soir, si je fais mes tâches de jour, j’utilise moins de lumière et moins d’appareils. Cela réduit naturellement ma consommation. Et c’est aussi meilleur pour la santé puisque j’adopte un ‘healthy lifestyle’ en même temps. »

Son attachement à l’environnement remonte à l’enfance. « Mes parents plantaient beaucoup. J’ai grandi en observant la nature, en ramassant les déchets, en essayant de comprendre ce qui pouvait être réutilisé ou composté. Cette sensibilité ne m’a jamais quitté. » Cette passion l’a poussé à poursuivre des études en environnement et à rejoindre le ministère en 2012 comme stagiaire.

Au fil des années, il a participé à des projets sur le calcul des émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation au changement climatique et la promotion des énergies renouvelables. « On parle souvent de mitigation et d’adaptation. L’un consiste à réduire notre impact, par exemple en consommant moins d’électricité, l’autre à s’adapter aux effets inévitables comme les cyclones ou les inondations. Les deux sont essentiels pour un petit État insulaire comme Maurice. »

Aujourd’hui, Prakash insiste sur l’importance de l’éducation et de la sensibilisation. « Ce qui manque le plus, c’est le réflexe. Si chaque Mauricien développait la simple habitude d’éteindre les lumières ou de choisir des appareils plus efficaces, l’impact serait énorme. Même une petite action, répétée pendant vingt ou trente ans, devient significative. »

Pour lui, la responsabilité ne repose pas uniquement sur le gouvernement, mais sur chacun d’entre nous. « C’est à la maison que tout commence. Et c’est en donnant l’exemple qu’on crée un mouvement collectif. »

Quel éco-héros êtes-vous ? Faites le test !

Découvrez votre profil énergétique, calculez votre impact et relevez des défis personnalisés. Prêt ?

1.    J’éteins systématiquement les lumières en quittant une pièce (1 pt) 
q Oui q Non

2.    J’ai remplacé au moins 50 % de mes ampoules par des LED (2 pts) 
q Oui q Non

3.    J’utilise la lumière naturelle au maximum en journée (1 pt) 
q Oui q Non

4.    Ma climatisation est réglée à 24°C minimum (pas 18-20°C) (3 pts) 
q Oui q Non q Pas de clim

5.    Je ferme volets/rideaux en journée pour garder la fraîcheur (2 pts) 
q Oui q Non

6.    J’éteins la clim quand je quitte une pièce plus de 30 min (2 pts) 
q Oui q Non q Pas de clim

7.    Je débranche mes appareils (TV, chargeurs) la nuit (2 pts) 
q Oui q Non

8.    J’utilise des multiprises à interrupteur (1 pt) 
q Oui q Non

9.    Mon chauffe-eau est réglé à 32°C max (2 pts) 
q Oui q Non 
q Pas de chauffe-eau électrique

10.    Je décale la machine à laver hors des heures de pointe (18 h-21 h) (3 pts) 
q Oui q Non q Pas d’appareil

11.    J’évite d’utiliser le four électrique entre 18 h et 21 h (2 pts) 
q Oui q Non q Four à gaz

12.    Je programme mes appareils pour qu’ils tournent après 21 h (2 pts) 
q Oui q Non

Calculez votre éco-score

0-6 points : Apprenti héros 

Votre profil : Vous commencez tout juste votre mission. Chaque geste compte, et vous avez un énorme potentiel d’amélioration.

7-14 points : Héros confirmé

Votre profil : Vous avez déjà de bonnes habitudes. Quelques ajustements et vous devenez un super-héros !

15-22 points : Super-héros !

Votre profil : Bravo ! Vous êtes un modèle pour votre entourage. Votre engagement fait la différence pour Maurice. 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !