Un ressortissant français risque l’expulsion. Il devait épouser civilement Adilla, une Mauricienne, le vendredi 11 août, mais sa demande a été rejetée par le Bureau du Premier ministre. À partir de lundi, Jonathan se retrouvera en situation irrégulière sur le territoire mauricien, son permis de séjour expirant à cette date.
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Jonathan, un Français de 28 ans et Adilla, une Mauricienne de 26 ans, se sont connus sur un site de rencontre, il y a six mois. Intéressée par le profil de l’étranger, la jeune femme est allée sur sa page Facebook pour mieux faire connaissance. Le Français était venu rendre visite à son oncle, qui vit à Maurice depuis une quinzaine d'années.
Séduit par le profil d'Adilla, Jonathan fixe un premier rendez-vous à la gare de Flacq (Ndlr, il vit chez son oncle à Palmar et elle, chez sa sœur aînée à Bel-Air). Nous sommes alors en mars. Par un malheureux concours, ils ne peuvent se rencontrer le jour-j. Pas question pour Jonathan de regagner la France sans avoir vu Adilla. Nullement découragé, il se démène comme un beau diable pour aller la rencontrer chez elle le soir même. Il se fait accompagner en voiture par son oncle et un ami.
Cartes sur table
Le courant passe immédiatement entre les deux jeunes. Adilla joue cartes sur table. Elle lui explique qu'elle est divorcée depuis cinq ans et qu'elle est mère de deux enfants, un fils de 8 ans et une fille de 3 ans. Elle lui avoue que sa fille est le fruit d’une relation après son divorce. « Je lui ai dit la vérité. Jonathan m’a acceptée comme je suis et avec mes enfants », dit Adilla. « Le fait qu'elle ait des enfants ne me gêne en rien », assure Jonathan.
Comme ils semblent être faits l'un pour l'autre, Jonathan et Adilla décident de se marier. Ils entament alors les démarches auprès des autorités mauriciennes et françaises. Les familles des deux tourtereaux ne voient aucune objection à cette union. « Ma mère n'a pas encore rencontré Adilla. Mais à les entendre discuter, on voit que le courant passe et qu’elle apprécie Adilla. Mes deux frères et ma sœur l’aiment bien également. Ils sont tous impatients qu'arrive le grand jour », explique Jonathan. C'est le même son de cloche du côté de la famille d’Adilla. D'ailleurs, la rédaction a pu rencontrer certains proches de la jeune femme, dont sa grande soeur.
En France, avant de quitter son dernier emploi, Jonathan travaillait dans la comptabilité avant d'être agent de sécurité à la Gare du Nord. « La plus grande gare d'Europe », soutient-il. Il avait ensuite pris de l’emploi, toujours comme vigile à l'aéroport d'Orly. Il dit avoir quitté son poste « pour des raisons personnelles ». Quid de ses projets ? Jonathan compte se lancer « dans la construction de maison en bois ».
Bouleversement
Après leur mariage, Jonathan et Adilla avaient prévu de vivre quelque temps à Maurice avant de regagner la France avec les enfants. « Je suis d'origine rodriguaise, mais j'ai grandi à Maurice. Je suis ici depuis 20 ans. Mes parents, eux, sont à Rodrigues. Après mon divorce, prononcé à Rodrigues (j’étais retournée chez mes parents après ma séparation), j'ai eu la garde de mon fils. Puis je suis revenue à Maurice pour travailler, mes enfants sont avec mes parents. Jonathan n’est pas encore allé à Rodrigues. Nous comptions le faire après notre mariage civil. Mais tous nos plans sont bouleversés », se plaint Adilla.
Depuis le rejet de sa demande, Jonathan est tenaillé par le doute. Convaincu qu'il allait pouvoir se marier le vendredi 11 août, il a fait annuler son billet retour. Aura-t-il maintenant une place sur un vol le lundi 14 août ? Après cette date, Jonathan sera en situation irrégulière à Maurice. Et c'est l'expulsion qui le guette. À moins qu'il ne s'arrange avec le Passport and Immigration Office pour un prolongement de son séjour sur notre sol. Après sa première visite en début d’année, le Français est retourné à Maurice le 3 juin, avec un permis de séjour de 75 jours...
Le mariage blanc
Selon un consultant en immigration, un mariage blanc est une simulation de mariage, sans intention de fonder un foyer, mais qui, aux yeux de la loi, sera considéré comme tout à fait légal. L'enjeu, c'est de permettre au conjoint étranger d'obtenir un titre de séjour et, plus tard, la nationalité. Au Royaume-Uni, cette pratique est connue comme « whirlwind romance ».
À Maurice, les autorités luttent depuis un certain nombre d'années pour mettre le holà à cette pratique devenue courante ici et que l'on appelle également le mariage de convenance. Quand le pot-aux-roses est découvert, c'est l'expulsion pour le conjoint étranger.
Peut-on revenir dans un pays après une expulsion ?
La rédaction a appris auprès de l’état civil qu'après le rejet de la demande de mariage par le Prime Minister's Office (PMO), c’est au Registrar de confirmer le rejet. On apprend qu’il est toujours possible que le Registrar renverse la décision du PMO s’il a des raisons valables de le faire. Sinon, il se range du côté du PMO.
Adilla a été convoquée au bureau de l’état civil vendredi pour prendre connaissance de la réponse officielle. Maintenant que la demande a été rejetée, elle a alors 30 jours pour faire appel. « L’État pense que Jonathan veut m'épouser pour pouvoir vivre ici. Après le mariage, nous avions l’intention d’aller en France. Mais pas tout de suite », explique-t-elle.
Pour la jeune femme, ce n'est pas un mariage blanc, mais bien un mariage d'amour. « Jonathan veut m'épouser même si je suis mère de deux enfants. Il nous a acceptés. N'est-ce pas là une preuve convaincante ? »
Si Jonathan n'arrive pas à obtenir son billet d'avion d'ici lundi, il sera dans une situation irrégulière. Il devra certes partir, mais qu'est-ce qui se passe après ? Aura-t-il le droit de revenir à Maurice ? Nous avons appris, des autorités concernées, qu'il pourra le faire, car il n’a commis aucun délit grave qui mérite une déportation. Il peut revenir comme touriste et ne sera pas persona non grata.
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