Live News

Le permis à points vu par des personnalités : la responsabilisation et l’éducation pour sauver des vies

Des ministres et une ancienne élue se remémorent leurs premières expériences au volant, tout en soulignant l’urgence de responsabiliser les conducteurs. Pour eux, le permis à points est un outil essentiel, mais il doit s’accompagner d’éducation, de sensibilisation et d’une signalisation claire. 

Kaviraj Sukon : « Chaque point perdu doit nous faire réfléchir »

Kavitaj Sukon-061225

Depuis sa prise de fonction comme ministre de l’Enseignement tertiaire, de la Science et de la Recherche, Kaviraj Sukon ne se contente pas de réformer les universités : il observe également avec attention les défis de la société mauricienne, y compris la sécurité routière. 

« Le permis à points est l’un des outils les plus importants pour réduire le nombre d’accidents », affirme-t-il fermement. Selon lui, ce système peut envoyer un message fort à ceux qui prennent le volant chaque jour : chaque infraction — excès de vitesse, imprudence, indiscipline — compte et peut avoir des conséquences dramatiques. « Nous avons perdu trop de proches, trop d’amis, trop de vies innocentes sur nos routes », ajoute Kaviraj Sukon, évoquant « une pensée pour tous ceux qui ont perdu un proche, un ami dans un accident de la route ». Pour lui, instaurer — ou restaurer — un permis à points n’est pas faire de la répression : « c’est défendre la vie ».

À 54 ans, le ministre se rappelle ses débuts avec nostalgie, mais aussi lucidité. Il a passé son permis en juillet  1990, à 19 ans. Quelques années plus tard, en 1996, il achetait sa première voiture — une Austin Maxi. Il se souvient d’une époque où la voiture signifiait liberté. Pourtant, avec le temps, cette passion s’est transformée en responsabilité : « Je n’ai jamais été un grand fan de la voiture comme symbole de statut. Pour moi, c’était un simple mode de transport. »

C’est justement ce recul qui lui donne aujourd’hui une vraie crédibilité lorsqu’il parle de sécurité routière. Il évoque non seulement le permis à points, mais aussi l’éducation routière et la sensibilisation. « On ne peut pas simplement punir — il faut enseigner. Enseigner aux jeunes et aux conducteurs de tous âges qu’un virage, un dépassement — c’est un choix. Un choix qui peut sauver ou détruire », explique-t-il.

Pour le ministre Sukon, l’État doit encourager « une culture de respect, de responsabilité ». Le permis à points serait le cadre idéal pour cela : un système transparent, juste, dissuasif, mais aussi équitable. « Chaque point perdu doit faire réfléchir. Mais chaque conducteur doit aussi avoir la possibilité de se racheter, de prouver qu’il a changé », est-il d’avis.

À travers son regard d’universitaire, de politique, de citoyen et de conducteur, Kaviraj Sukon appelle à la mobilisation. « Pas seulement des lois, mais des cœurs ». « Le permis à points peut être un symbole de sérieux. Mais sans un réel changement des mentalités, ce ne sera qu’un papier de plus », soutient le ministre.

En somme : oui à la sanction, mais surtout à l’éducation. Oui à la limitation, mais surtout à la responsabilité. Pour lui, faire de Maurice un pays plus sûr, c’est possible… « À condition de ne jamais oublier que la route, c’est la vie ».

 


Sydney Pierre : « J’ai perdu 5 points et depuis j’ai compris »

Sydney Pierre-061225

Le Junior Minister au Tourisme connaît mieux que beaucoup les routes de Maurice. Entre ses déplacements officiels, les visites de terrain et ses années passées à voyager pour son travail, Sydney Pierre a une vision très claire de la sécurité routière. Et pour lui, une chose est évidente : « Le permis à points est une bonne décision, une mesure qui a déjà prouvé son efficacité et qui doit s’accompagner d’autres actions fortes. Il joue sur la psychologie du conducteur ». 

Il en parle en connaissance de cause : à l’époque où le système était en vigueur, il avait perdu 5 points suite à des excès de vitesse. « Ce jour-là, j’ai compris. Une amende, on la paie et on l’oublie. Mais perdre des points… ça vous suit. On réfléchit avant de recommencer. »

Selon lui, c’est précisément ce qui manque aujourd’hui : un mécanisme qui évite aux conducteurs d’accumuler les infractions.

Pour autant, Sydney Pierre souligne que le permis à points ne doit pas être la seule réponse. Il insiste sur d’autres mesures essentielles, comme une augmentation du nombre de caméras sur les routes, des radars mieux positionnés, et une surveillance modernisée. « Les routes ont changé, le trafic a explosé, mais notre manière de contrôler n’a pas assez évolué. On doit renforcer le système dans son ensemble » dit le Junior Minister. Pour lui, « protéger les usagers de la route, c’est avant tout protéger la vie ».

Sydney Pierre a obtenu son permis en 1998, à l’âge de 27 ans, un moment resté gravé dans sa mémoire. Sa première voiture ? Une Mazda 323, simple mais fiable, qui représentait à l’époque un symbole de liberté. Avec le temps, et au fil de ses fonctions, il a changé plusieurs fois de véhicule. Son coup de cœur absolu restera cependant son BMW X4, qu’il vient tout juste de vendre — un véhicule qui, dit-il, combinait puissance, élégance et sécurité.

Comme tout conducteur expérimenté, il n’a pas échappé aux imprévus : il raconte avoir connu quelques accidents, jamais graves, et surtout jamais de sa faute. « Une fois à Johannesburg, où je travaillais, une autre fois juste après avoir obtenu ma première voiture… Ces situations rappellent que même si on conduit bien, on dépend aussi des autres. »

Ce constat le pousse à passer un message ô combien essentiel : « La prudence doit être la règle, pas l’exception ». « Les automobilistes doivent être plus responsables. La route n’est pas un terrain de jeu. On transporte nos familles, nos enfants, des inconnus qui ont, eux aussi, une vie devant eux. » Pour Sydney Pierre, l’avenir de la sécurité routière repose sur un équilibre : des lois fermes, une technologie renforcée, mais surtout une prise de conscience collective. « Le permis à points n’est pas là pour punir. Il est là pour empêcher que le pire ne se produise. »


Anishta Babooram : « J’ai été verbalisée pour excès de vitesse »

Anista BabooramDans le paysage politique mauricien, elle fait partie de cette nouvelle génération de femmes qui avancent avec aplomb, détermination et un sens aigu des responsabilités publiques. Anishta Babooram, Junior Minister à la Santé, porte une vision où l’humain, la sécurité et la modernité se rencontrent. 

Elle ne mâche pas ses mots lorsqu’elle évoque ce sujet sensible : la sécurité routière. « Le permis à points est essentiel si nous voulons réduire le nombre d’accidents et les délits persistants », souligne-t-elle avec la conviction de quelqu’un qui a observé, compris et vécu les conséquences de l’inattention au volant. Pour Anishta Babooram, ce système n’est pas une punition : c’est une pédagogie. Une manière d’amener le conducteur à se responsabiliser, à comprendre que chaque décision peut sauver ou ôter une vie. « Trop souvent, on oublie que la négligence peut entraîner une perte humaine irréversible ou priver quelqu’un de mobilité pour toujours », dit-elle.

Ce qui surprend chez Anishta, c’est cette passion ardente pour la conduite, et même pour le sport automobile. Elle en parle avec un sourire lumineux, presque enfantin : « J’adore conduire. Je suis une passionnée de sport automobile, et je pense que promouvoir cette discipline dans un cadre légal et structuré pourrait, lui aussi, contribuer à réduire les accidents sur nos routes. »

Elle l’admet volontiers : elle n’a pas toujours été irréprochable. « Quand je venais d’obtenir mon permis, j’ai eu deux contraventions pour excès de vitesse », dit-elle en riant légèrement, comme on se remémore une bêtise de jeunesse. C’était il y a longtemps. Avec les années, l’expérience a remplacé l’impulsivité. 


Jyoti Jeetun : « Une décision courageuse pour sauver des vies »

Jyoti Jeetun-061225

Pour la ministre des Services Financiers,  Jyoti Jeetun, le retour du permis à points n’est pas seulement une mesure administrative : c’est une nécessité urgente pour protéger des vies humaines. « Cela fait longtemps que cette réforme aurait dû être mise en place. Trop de vies ont été perdues, trop de familles brisées, trop de souffrances provoquées par des comportements négligents ou parfois carrément irresponsables sur nos routes », affirme-t-elle d’entrée de jeu. Elle insiste sur les ravages silencieux des accidents : des personnes devenues invalides à vie, des familles plongées dans un traumatisme irréversible, des destins bouleversés en quelques secondes.Pour elle, l’État ne peut se permettre l’inaction : « Un gouvernement a la responsabilité morale et politique de prendre des décisions courageuses pour sauver des vies. » Discipline, rigueur, fermeté : trois mots qu’elle répète comme un mantra pour ramener l’ordre sur les routes mauriciennes. « Quand on est au volant, ce n’est pas une sortie de loisir, c’est une responsabilité. Les comportements dangereux doivent être sanctionnés, et ils le seront. » Interrogée sur son propre rapport à la conduite, Jyoti Jeetun raconte avoir obtenu son permis dans la trentaine, à Maurice, avant de vivre de longues années à l’étranger. À Londres puis à Bruxelles, elle privilégie volontiers les transports publics, qu’elle juge plus simples, plus efficaces et bénéfiques pour la santé. Marcher pour se déplacer, dit-elle, est un luxe que peu de conducteurs s’accordent. À son arrivée au Royaume-Uni, cependant, elle doit repasser son permis, le permis mauricien n’étant pas reconnu. Elle en sourit aujourd’hui : « J’ai échoué deux ou trois fois. C’était frustrant, car je pensais être une bonne conductrice. Avec le recul, j’ai beaucoup appris de cette expérience. »

Concernant le précédent régime du permis à points, elle explique n’avoir jamais été concernée : « Je ne vivais pas à Maurice à ce moment-là. Mais je n’ai, de toute ma vie, jamais reçu de contravention routière. Je suis une conductrice très disciplinée. »

Son souvenir automobile le plus marquant reste celui de sa première voiture personnelle, achetée lorsqu’elle habitait Londres mais travaillait à Oxford, à plus de 100 kilomètres. « C’est mon mari qui a décidé de m’offrir une voiture neuve. C’était un moment particulier, car pour la première fois, j’avais un véhicule rien qu’à moi. »

Est-elle passionnée d’automobile ? Pas vraiment, répond-elle avec franchise. « Pour moi, une voiture est avant tout un moyen de transport. Je ne suis attachée ni au statut ni au luxe », dit-elle. Elle avoue toutefois aimer conduire seule, musique à fond, pour savourer un peu de « me time ». « Depuis dix ans, j’ai des chauffeurs pour le travail. Je ne conduis presque plus. Cela me manque énormément. »

Aux conducteurs mauriciens, son message est clair, ferme, sans ambiguïté : « Ce gouvernement est déterminé. La loi sera appliquée. Les conducteurs irresponsables n’ont aucune place derrière un volant. » Elle remercie au passage le ministre Osman Mahomed « pour le courage d’avoir relancé cette réforme essentielle ».


Farhad Aumeer : « J’ai perdu deux points à deux reprises »

Farad Aumeer

Député engagé et médecin de profession, le Dr Farhad Aumeer accueille avec satisfaction le retour du permis à points. Pour lui, cette mesure « va responsabiliser les conducteurs, sans exception ». Mais il souligne qu’il attend encore la version complète de la liste des infractions, car certaines catégories essentielles ne figurent pas encore noir sur blanc. « Je n’ai pas vu de détails précis concernant la conduite en état d’ivresse ou sous l’effet de la drogue. C’est pourtant dans ces cas que le système doit être le plus strict », insiste-t-il.

Pour le parlementaire, pas question de laisser passer ce qu’il considère comme les comportements les plus dangereux sur la route. Il propose une ligne ferme, sans ambiguïté : « Toute personne arrêtée pour alcool ou drogue au volant devrait perdre directement 12 points. C’est seulement ainsi qu’on créera une vraie vigilance. » Selon lui, un conducteur qui sait qu’il risque une suspension immédiate de son permis la prochaine fois réfléchira à deux fois avant de boire ou de consommer des substances illicites avant de prendre le volant.

Son message s’accompagne d’une pensée sincère pour les familles endeuillées par des accidents de la route. Le Dr Aumeer s’arrête un instant, avant de lâcher d’une voix posée : « Je pense à ceux qui ont perdu la vie, et à leurs proches qui vivent avec cette douleur permanente. Nous avons le devoir moral de renforcer nos lois pour éviter que d’autres familles ne connaissent le même drame. »

Sa position est encore plus ferme lorsqu’il s’agit des conducteurs ayant causé des accidents mortels. Pour lui, il n’y a pas de demi-mesure : « Dans les cas de fatalité causée par imprudence ou négligence grave, il faut envisager l’annulation du permis à vie. Certaines fautes détruisent des familles à jamais. La loi doit refléter cette réalité. »

Le Dr Farhad Aumeer a obtenu son permis en 1987, un moment qu’il décrit comme « libérateur ». À cette époque, il était étudiant à Dublin, où il a acheté sa toute première voiture : une Mini Metro, modeste mais fidèle. « C’était ma petite liberté, mon compagnon de route pendant mes années d’études », raconte-t-il avec un sourire. Plus tard, toujours en Irlande, il s’est offert sa voiture coup de cœur : une Peugeot 205 sport, dont il garde encore de précieux souvenirs. « C’était un rêve d’étudiant devenu réalité », confie-t-il.

Lorsque le permis à points avait été introduit lors d’une précédente édition, le Dr Aumeer n’y avait pas échappé. Il avait perdu quatre points, à deux reprises, pour excès de vitesse sur l’autoroute. Un rappel que personne n’est au-dessus des règles. « C’est justement ce qui fait la force du système : tout le monde est logé à la même enseigne », concède-t-il.

Aujourd’hui, il encourage la population à accueillir cette réforme comme une avancée et non une sanction. « Si cela peut sauver des vies, alors c’est indispensable », conclut-il.

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !