Sept mois après avoir soumis sa démission au Vatican, le chef de l’église catholique mauricienne sera élevé au rang de cardinal. L’annonce a été faite par le pape lui-même après la messe à la place Saint-Pierre dimanche.
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Sa nomination rejaillit sur tout le pays. Mgr Maurice Piat, le chef de l’église catholique mauricienne, a été choisi, avec seize autres prélats venant de cinq continents, pour être cardinal. Le pape François l’a annoncé à l’issue de la messe qu’il a dite à la place Saint-Pierre dans le cadre du Jubilé marial, au Vatican, dimanche. Un consistoire aura lieu le samedi 19 novembre pour l’événement. Le lendemain, il sera aux côtés du pape pour concélébrer avec ses pairs la messe à la place Saint-Pierre.
« J’ai cru que quelqu’un a eu une vision », a plaisanté Mgr Maurice Piat en démarrant un point de presse à l’évêché de Port-Louis en fin d’après-midi dimanche. « Je demande à tous mes compatriotes de prier pour moi. Ma nomination comme cardinal m’apparaît comme une espèce de petit clin d’œil du pape Français à un diocèse de la périphérie », a-t-il enchaîné.
« Nous sommes une petite île assez éloignée… C’est comme une marque de grande affection. C’est encourageant pas simplement pour moi mais pour toute l’église mauricienne. Comme je l’ai dit aux nombreuses personnes qui m’ont appelé, pa zis pou mwa sa, pou nou tou sa », a lancé Mgr Piat. Il a aussi révélé que l’annonce de sa nomination a été une « grande surprise » pour lui.
Unité nationale
L’entourage du chef de l’église catholique mauricienne confie que celui-ci a demandé à ses principaux collaborateurs de vérifier si ce n’est pas un autre Maurice Piat qui a été nommé lorsque la nouvelle s’est retrouvée sur le Web. Il n’aurait reçu aucune correspondance à cet effet et il ignore également quelles seront ses futures responsabilités.
« Li byen merite », a lancé le Premier ministre sir Anerood Jugnauth, dans une déclaration sur Radio Plus un peu plus tôt. Le chef du gouvernement a mis en exergue le combat de l’homme d’église pour l’unité nationale et les droits de l’homme. Cette nomination, dit-il, est un « grand honneur » pour le pays, allant jusqu’à rappeler que lorsqu’il était Premier ministre, le cardinal Jean Margéot avait été nommé.
Onzième évêque du diocèse de Port-Louis, Mgr Piat venait de soumettre sa démission au pontife début février, en prévision de ses 75 ans qu’il a célébrés le 19 juillet. évêque depuis un quart de siècle, il est un acteur incontournable de la société mauricienne, ses prêches mettant souvent à l’index l’incurie du pouvoir politique.
Dénonçant sans cesse les inégalités de même que le fossé entre riches et pauvres, le nouveau cardinal ne se prive pas de distribuer des claques aux gouvernements successifs. Lors des inondations meurtrières de mars 2013, il n’a pas hésité à descendre sur le terrain, à Pailles, et à interpeller le gouvernement sur son manque de réactivité vis-à-vis de certains sinistrés.
Dans ce qui s’apparente à un carton rouge à l’ex-Premier ministre Navin Ramgoolam lors de ce drame, Mgr Piat a déploré la propension de certains de tout mettre sur le dos de la nature. à l’époque, le principal concerné avait évoqué le réchauffement climatique pour justifier les dégâts occasionnés lors d’une crue subite – flash flood – sans évoquer les carences en termes d’évacuation d’eau.
Chantre du mauricianisme, Mgr Piat a publié un protocole pour le clergé en cas d’abus sexuels contre un prêtre ou un diacre cette même année. Au début de septembre, il a suspendu le prêtre Teddy Labour, vicaire de la cathédrale Saint-Louis, après qu’une paroissienne de 20 ans a porté plainte contre celui-ci pour attouchements.
Le futur cardinal a quand même une position conservatrice sur certains dossiers. En 2012, il a pris position contre la décision de l’état d’autoriser l’avortement sous certaines conditions. Avec son confrère de l’église anglicane, il a réclamé l’annulation de l’amendement du Code pénal, déclarant que Maurice ne peut se soumettre aux « diktats » des Nations unies.
Appartenant à la congrégation du Saint-Esprit, Maurice Piat a fait son noviciat chez les spiritains irlandais. Il a poursuivi ses études à Dublin et au séminaire pontifical français de Rome. Il a été ordonné prêtre par feu Jean Margéot en 1970, celui qu’il a remplacé en 1993. Président de la Conférence épiscopale des îles de l’océan Indien entre 1996 et 2002, il sera fait cardinal avec seize autres prélats, dont quatre plus de 80 ans, de onze pays, dont la Syrie.
SAJ : «Mgr Piat augmente le prestige de Maurice»
C’est un Premier ministre visiblement ravi de la nomination de Mgr Piat comme cardinal qui s’est exprimé sur les ondes de Radio Plus, dimanche après-midi, au micro de Michael François. Sir Anerood Jugnauth (SAJ) estime que Mgr Piat mérite cette reconnaissance de la part du pape François.
« Il a toujours prôné l’unité, la fraternité, la justice et les droits de l’homme pour tous les Mauriciens et pour le pays tout entier. Il n’a jamais fait de distinction, de discrimination ou quoi que ce soit qui puisse amener une friction entre les religions. […] Je le félicite. Il rend un grand honneur au pays en augmentant son prestige », commente-t-il.
SAJ se dit d’autant plus fier que c’est la seconde fois qu’un homme d’église mauricien est nommé cardinal pendant qu’il occupe le poste de Premier ministre. La première fois, c’était Jean Margéot qui avait été fait cardinal, le 28 juin 1988, par le pape Jean-Paul II. Le chef du gouvernement conclut en priant Dieu qu’il vienne en aide à Maurice dans sa lutte contre le Royaume-Uni pour revendiquer sa souveraineté sur l’archipel des Chagos.
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