Dix-sept cardinaux ont été créés samedi par le pape François, qui façonne progressivement un collège de cardinaux à son image, moins européen, engagé dans la paix et la justice sociale.
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Chaque nouveau « prince de l’église » s’est agenouillé rituellement samedi dans la basilique Saint-Pierre devant le pape pour recevoir sa « barrette » pourpre, une coiffe ecclésiastique en forme de toque quadrangulaire, ainsi que sa bague de cardinal. Seul un évêque du Lesotho, âgé de 87 ans, n’avait pas fait le voyage pour raison de santé.
« Aimez, faites du bien, bénissez et priez », leur a recommandé le pape François dans une homélie, en dépeignant un monde rongé par « le virus de la polarisation et de l’exclusion ».
« Nous voyons comment rapidement celui qui est à côté de nous non seulement possède le statut d’inconnu ou d’immigré ou de réfugié, mais encore devient une menace, acquiert le statut d’ennemi », a-t-il déploré, en notant que « l’inimitié » existait aussi dans les communautés religieuses.
« Nous provenons de pays lointains, nous avons des coutumes, des couleurs de peau, des langues et des conditions sociales différentes; nous pensons de manières différentes et nous célébrons aussi la foi par des rites différents. Et rien de tout cela ne nous rend ennemis ! » a-t-il insisté.
Les nouveaux cardinaux ont reçu des accolades des anciens, puis sont partis en autocar voir le pape émérite Benoît XVI, qui n’était pas présent comme lors des deux consistoires précédents.
Le nouveau collège se compose de 228 membres susceptibles d’assister le pape dans son activité. Mais seulement 121 d’entre eux (bientôt 120) ont moins de 80 ans et peuvent siéger dans le fameux conclave qui élit un nouveau pape. Et... potentiellement succéder à l’Argentin François.
L’universalité de l’église
Le pape François (79 ans), qui créait pour la troisième fois des cardinaux depuis son élection en 2013, a personnellement déjà nommé plus d’un tiers des électeurs. Il a expliqué que ses choix reflétaient « l’universalité de l’église », en opposition avec une tradition jadis davantage centrée sur l’Europe.
De fait, 13 hommes de tous les continents sont devenus, samedi, des cardinaux électeurs : trois Européens, trois Américains, un Mexicain, deux Sud-américains, deux Africains, un Asiatique et un prélat d’Océanie. Quatre cardinaux de plus de 80 ans ont un statut plus honorifique.
Tous sont archevêques ou évêques, à l’exception du simple prêtre albanais, Ernest Simoni, 88 ans, persécuté durant la dictature communiste d’Enver Hoxha. Condamné à mort, le père Simoni a purgé 18 ans de travaux forcés, en prison et dans des mines.
Choix original, celui d’un « nonce apostolique » (ambassadeur du pape) en Syrie, pays « martyr » sans cesse dans les pensées du pape. Mgr Mario Zenari n’a pas voulu abandonner le poste qu’il occupe depuis huit ans à Damas.
Impliqué dans une plate-forme interreligieuse pour la paix dans son pays exsangue, l’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, devient le premier cardinal de l’histoire de la Centrafrique. à 49 ans, il est nettement le benjamin des nouveaux.
Le pontife argentin soucieux des « périphéries » a créé des cardinaux au Lesotho, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Bangladesh et en Malaisie, pays qui peuvent s’enorgueillir de leur premier cardinal.
Autre fait marquant, le pape, qui a exercé toute sa vie religieuse en Argentine, a sélectionné un seul nom dans les rangs de la Curie romaine (gouvernement du Vatican). L’Américain Kevin Farrell arrive toutefois de Dallas et a été nommé en août préfet du nouveau « dicastère » (ministère) de la laïcité, de la famille et de la vie.
Deux autres Américains, les archevêques Blase Cupich, de Chicago, et Joseph Tobin, d’Indianapolis, ont été pointés comme des prélats plutôt « progressistes » par la presse spécialisée, défendant notamment la place des femmes dans l’église ou l’immigration.
Mgr Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles, a, pour sa part, déjà soulevé la question du maintien du caractère obligatoire du célibat des prêtres.
Dans le nouveau conclave, il seront désormais 45 % d’électeurs venus d’Europe (contre 52 % lorsque le pape François fut élu en mars 2013), 14 % d’Amérique du nord, 12 % d’Afrique, 12 % d’Asie, 11 % d’Amérique du sud, 3 % d’Amérique centrale, et 3 % d’Océanie. Le rééquilibrage devient plus en phase avec la présence majoritaire de croyants dans l’hémisphère sud de la planète, alors que l’Europe se sécularise.
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