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Le monde ne doit pas être "intimidé" par Israël, plaide le chef de l'ONU

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors d’un entretien avec l’AFP en amont de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU 80) au siège de l’ONU à New York, le 19 septembre 2025. Le débat général de haut niveau de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale débutera le 23 septembre 2025. (Photo : ANGELA WEISS / AFP)

Le monde ne doit pas se laisser intimider par Israël et réduire son soutien aux Palestiniens, a déclaré vendredi le chef de l'ONU à l'AFP avant le sommet annuel de l'organisation où il plaidera pour un cessez-le-feu à Gaza mais aussi une action renforcée pour le climat.

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"Il y a eu une progression constante des mesures du gouvernement israélien pour complètement détruire Gaza et mettre en place une annexion insidieuse de la Cisjordanie", a dénoncé Antonio Guterres.

Avec la reconnaissance de l'Etat palestinien prévu lundi lors d'un sommet à l'ONU par la France et plusieurs autres pays, des responsables israéliens ont ouvertement menacé Paris de représailles diplomatiques, mais aussi d'annexer la Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967.

Mais pour Antonio Guterres, quel que soit le "prétexte" utilisé par Israël pour sa politique dans les territoires palestiniens ou contre des capitales affichant leur soutien à un Etat palestinien, il s'agit en fait "d'une "action constante, étape par étape, mise en place par le gouvernement d'Israël pour ne pas permettre aux Palestiniens d'avoir un Etat".

"Nous ne devons pas nous sentir intimidés par le risque de représailles, parce que, quoi que nous fassions, ces actions vont continuer".

"Il est important qu'ils (Israël) se sentent de plus en plus isolés pour pouvoir changer", a-t-il insisté.

Pour lui, la solution à deux Etats, israélien et palestinien vivant côte à côte en paix et en sécurité, est la seule possible.

"Quelle est l'alternative ? Une solution à un Etat où des millions de Palestiniens seront soit expulsés soit soumis à l'occupation, l'assujettissement, la discrimination, sans droits sur leur propre terre ? C'est totalement inacceptable au XXIe siècle".

Il a ainsi salué comme un "symbole extrêmement important" les reconnaissances de la Palestine attendues lundi, notamment par la France.

Régulièrement critiqué par Israël, le chef de l'ONU ne mâche pas ses mots pour décrire la situation dans la bande de Gaza ravagée par près de deux ans de guerre provoquée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023.

"C'est le pire niveau de mort et de destruction que j'ai vu depuis que je suis secrétaire général, probablement de toute ma vie".

"La souffrance du peuple palestinien ne peut pas être décrite. Famine, absence totale de soins de santé efficace, des gens qui vivent sans abris adéquats dans des zones surpeuplées où les maladies peuvent se propager".

"Je pense fermement que c'est moralement, politiquement et légalement intolérable", a-t-il répété.

1,5°C "sur le point de s'effondrer" 

Alors que pour la première fois, une commission d'enquête internationale mandatée par l'ONU -- mais qui ne parle pas au nom de l'ONU - a accusé cette semaine Israël de commettre un "génocide" à Gaza, Antonio Guterres refuse systématiquement d'utiliser ce mot sans décision de justice.

"Soyons clair, le problème n'est pas le mot, le problème est la réalité sur le terrain. Et la réalité sur le terrain est terrible, c'est quelque chose qui devrait tous nous mobiliser".

Si l'avenir des Palestiniens sera certainement au coeur de la grand-messe de l'ONU, le secrétaire général a également décidé de braquer les projecteurs sur les dangers du changement climatique lors d'un sommet mercredi, à quelques semaines de la COP30 au Brésil.

Les objectifs climatiques pour 2035 des pays signataires de l'accord de Paris, aussi appelés Contributions déterminées au niveau national (NDC en anglais), étaient attendus voici plusieurs mois. Mais des dizaines manquent encore, dont ceux de la Chine et de l'Union européenne.

"Nous avons absolument besoin que les pays arrivent (...) avec des plans d'action climatiques totalement alignés avec l'objectif de 1,5°C, qui couvrent toute leur économie et toutes les émissions de gaz à effet de serre", a-t-il plaidé, craignant que ces NDC "ne soient pas à la hauteur" de cet objectif, le plus ambitieux de l'accord de Paris.

"Cet objectif est sur le point de s'effondrer et c'est une raison supplémentaire (...) pour mettre toute la pression possible et obtenir des Contributions déterminées au niveau national acceptables", a-t-il ajouté.

Ce n'est pas une raison pour "paniquer", mais si elles ne correspondent pas aux besoins" il faudra "mettre autant de pression possible pour corriger au plus vite".

Alors que l'ONU célèbre son 80e anniversaire en pleine tempête diplomatique et financière, Antonio Guterres est d'autre part persuadé que l'organisation aura une "importance grandissante".

"Nous sommes dans une période de chaos (...) Le monde est de plus en plus multipolaire, et la vérité est que les institutions multilatérales seront plus nécessaires que jamais. Mais bien sûr elles doivent être réformées".

 

 

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