Adieu l'artiste ! Serge Lebrasse, l'icône musicale locale, s'est éteint aux petites heures à l'âge de 92 ans. Le cœur lourd, la communauté artistique pleure la perte de celui qui a été une source d'inspiration pour des générations d'artistes. Les souvenirs d'une carrière musicale exceptionnelle et d'une vie bien remplie résonnent à travers les esprits de ceux qui ont eu la chance de le connaître et de travailler avec lui. Serge Lebrasse, tu nous manqueras énormément
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Linzy Bacbotte : « Il n’était pas qu’un artiste à mes yeux, mais un grand-père pour moi »
On ne présente plus Linzy Bacbotte. La chanteuse très connue sur la scène locale a du mal à contenir ses émotions. Actuellement à l’étranger actuellement, elle a appris la triste nouvelle très tôt ce matin.
« Si j’étais à Maurice, j’aurais été chez lui. Je suis sous le choc. Grand-père nous a quittés », confie Linzy Bacbotte en sanglots.
Grand-père, c’est de cette façon que Linzy Bacbotte appelle affectueusement Serge Lebrasse, qu’elle a connu à travers les ondes depuis qu’elle est très jeune. Puis, ils ont collaboré. La première fois remonte à la fête pour célébrer l’Indépendance de Maurice en 1998.
« Un lien très fort s’est créé entre nous. Il a partagé tellement de choses avec moi. Il aimait les blagues. On a collaboré sur des chansons et on a réalisé plusieurs scènes ensemble. Mais, il n’était pas qu’un artiste à mes yeux, mais un grand-père pour moi. Il m’a adopté comme son petit-enfant. J’étais invité à ses anniversaires. Nous étions très proches »
Elle ajoute que Serge Lebrasse a été une grande inspiration pour elle :
« Serge a inspiré beaucoup d’artistes. C’est lui ‘qui met sega dans salon’. C’était un grand homme. »
Claudio Veeraragoo : « Il était mon professeur de musique à l’école primaire »
Il l’a connu quand il était à l’école primaire. Serge Lebrasse était son professeur de musique. Claudio Veeraragoo regrette d'avoir perdu un grand ami.
« Il était mon professeur de musique à l’école primaire Grand Rivière North West Government School. Une fois par semaine, il venait nous donner des cours. Il m’a mené vers la musique. J’écoutais ses chansons quand j’étais jeune », se souvient Claudio Veeraragoo, 77 ans.
Puis, au fil des années, c’est une amitié qui s’est tissée entre les deux artistes.
« Nous partagions nos expériences. Il me racontait la sienne. On parlait de musique et de son évolution. Il aimait faire des blagues. Pour mon anniversaire de 60 ans, j’avais organisé un show à Trou-d’Eau-Douce. Il était invité. Quand il avait fêté ses 90 ans, je lui avais rendu visite. Je sais que par la suite, sa santé n’était pas bonne. C’était vraiment une bonne personne et un grand artiste »
Marie-Josée Clency, 79 ans : « Nous avons toujours promu notre séga à travers le monde »
« Je suis triste. C’est dur, car je pense à mon défunt époux Roger Clency et notre ami Serge Lebrasse. C’est un double chagrin », confie la chanteuse Marie-Josée Clency. Elle a appris la triste nouvelle de son neveu.
Marie-Josée Clency précise avoir connu le ségatier soixante ans de cela quand ils faisaient leur premier pas dans la musique. « Roger Augustin, France Jemon, Francis Salomon, Cyril Labonne, Alain Permal, Serge Lebrasse et moi-même avions commencé à chanter à la même époque. On a partagé la même scène dans plusieurs concerts », détaille-t-elle.
Serge Lebrasse et Marie-Josée Clency ont aussi fait partie des quatre groupes ayant livré une prestation lors de la première cérémonie marquant l’indépendance de Maurice. C’était le 12 mars 1968 au Champ-de-Mars. « C’est un jour que l'on n’oubliera jamais », se remémore-t-elle. Ils ont également été invités à chanter le séga à l’étranger. « Nous avons toujours promu notre séga et notre culture à travers le monde », indique-t-elle.
La chanteuse pense ainsi aux concerts en Suisse. « Serge Lebrasse et moi n’avons jamais eu l’occasion de travailler sur un morceau. Mais, j'ai fait un duo avec lui sur sa chanson : « Si to kontan mwa ».
« C’était émouvant et nous avions pleuré à l’occasion de sa fête d’anniversaire en Suisse », relate Marie-Josée Clency. Elle affirme qu’ils ont représenté Maurice lors du Festival de la vigne à Dijon. 39 pays y avaient participé. « Maurice a remporté le troisième prix lors de ce festival. Les artistes mauriciens ont eu l’occasion d’allumer le flambeau et Serge Lebrasse m’a dit de porter le flambeau », dit-elle.
Ravin Sowamber, 62 ans : « Nous avons joué pour Serge Lebrasse sur trois chansons »
Ravin Sowamber fait partie de ceux ayant grandi en appréciant les morceaux de Serge Lebrasse. Le fondateur du groupe musical Bhojpuri Baja Baje Boys s’est même inspiré du ségatier. « J’ai commencé la musique en chantant les morceaux de Serge Lebrasse et en grattant la guitare. Ses textes reflétaient la réalité. Ils reposaient sur une belle mélodie. Zame ban mo ti deplase », dit cet habitant de Grand-Baie. Il se dit triste d’avoir appris le décès du ségatier.
Ravin Sowamber raconte qu’il gérait un snack auparavant. « Serge Lebrasse et ses danseuses donnaient des prestations dans un hôtel. Souvent, son van s’arrêtait devant le snack et ils venaient apprécier un repas au snack », dit-il.
Et, d'ajouter qu’il a côtoyé le ségatier dans plusieurs concerts. Il se souvient d’un évènement à Pailles au début des années 90’. « Il y avait un projet pour aménager un hippodrome à Pailles. Les Mauriciens étaient invités à s’habituer aux lieux. Les artistes y ont donné un spectacle. Serge Lebrasse et ses danseuses étaient déjà arrivés. Ses musiciens n’y étaient pas encore. À l’époque, j’étais leader de Bhojpuri Boys et nous avons joué pour Serge Lebrasse sur trois chansons, parmi 'Madame Eugene' et 'Moris mo ti pei' ».
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