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Le lion qui dort

SAJ a enfilé sa tenue de guerrier et affûte ses armes pour partir en guerre. Et pas contre n’importe qui ! C’est la Grande-Bretagne et les états-Unis qu’il tient dans son viseur. Objet de la grande bataille : l’archipel des Chagos, territoire riche de cinquante-cinq îles, perdu le 8 novembre 1965, soit trois ans avant l’Indépendance de Maurice, pour devenir un territoire britannique d’outre-mer, avec l’accord du gouvernement mauricien d’alors. Sauf que depuis, tous les gouvernements post-sir Seewoosagur Ramgoolam n’ont cessé de courir derrière cette « terra nostra », même s’ils ont adopté différentes approches au fil des années. Le précédent gouvernement a longtemps opté pour le dialogue consensuel, avant de se réveiller et passer à l’offensive le 21 décembre 2010, suite à la création du parc marin autour des Chagos. à juste titre, l’ex-Premier ministre Navin Ramgoolam a fait porter l’affaire devant le Tribunal international du droit de la mer, en arguant que Maurice, et uniquement Maurice pouvait décider de la création d’un tel parc au regard du droit international. Publiquement, Navin Ramgoolam avait dénoncé la « politique de la tromperie » de la Grande-Bretagne, sa seconde patrie. Victoire le 18 mars 2015, quand ce tribunal lui donne raison en déclarant illégal ce parc marin. Un pas dans la bonne direction ! Depuis son retour dans le fauteuil de Premier ministre, sir Anerood Jugnauth monte le ton d’un cran. Devant le manque de considération et l’arrogance des Anglais vis-à-vis de Maurice sur le dossier Chagos, les mots de SAJ sont durs. Il le faut dans la circonstance. Maurice doit être partie prenante des discussions pour le renouvellement du bail entre le Royaume-Uni et les états-Unis portant sur Diego Garcia. SAJ a requis que l’archipel soit retourné à Maurice et, bon joueur, il a même laissé la porte ouverte à une éventualité de cogérer les Chagos, tout en donnant la garantie que Maurice ne fera rien pour gêner les Américains dans la gestion de la base militaire de Diego Garcia. Devant la menace, le 17 mai au Parlement, de porter le dossier devant la Cour internationale de justice à l’assemblée générale des Nations unies, en septembre, les états-Unis et la Grande-Bretagne ont émis un surprenant communiqué conjoint vendredi pour menacer Maurice dans des termes à peine voilés. Tels deux grands patrons devant leur petit commis, les deux puissances menacent de sanctions, c’est-à-dire de « dommages durables aux relations bilatérales avec le Royaume-Uni et les USA », si Maurice ose protester du mauvais traitement subi devant la Cour internationale. Une menace « hostile et totalement inacceptable », estime SAJ. Certains diront qu’à force de chatouiller le lion qui dort, celui-ci risque de se réveiller pour déchiqueter le petit dodo. Peut-être, mais le dodo a du courage, et le lion, il est pour le moment très occupé avec ce qui se passe sur ses propres terres.
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