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Le Liban meurtri compte ses morts et accueille le président Macron

Des Libanais allumant des bougies lors d'une veillée organisée aux jardins de Kensington, dans le centre de Londres, mercredi 5 août, en hommage aux victimes de l'explosion de Beyrouth

Le président français Emmanuel Macron est attendu jeudi à Beyrouth, deux jours après les violentes explosions qui ont réduit la capitale libanaise à une ville en état d'urgence et en proie au chaos.

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Premier chef d'Etat à se rendre au Liban depuis la catastrophe de mardi, il y sera confronté à une situation "apocalyptique", des centaines de milliers de personnes brutalement privées de toit et de ressources et un bilan encore provisoire d'au moins 113 morts et 4.000 blessés. Attendu à Beyrouth à midi (09H00 GMT), M. Macron visitera le lieu de la catastrophe, s'entretiendra avec les principaux responsables libanais et donnera une conférence de presse vers 18h30 locales avant de rentrer en France.

Plusieurs pays dont la France ont déjà dépêché des équipes de secouristes et du matériel pour faire face à l'urgence après la double explosion présentée comme accidentelle par les autorités qui a ravagé le port et une grande partie de la capitale.

"La situation est apocalyptique, Beyrouth n'a jamais connu ça de son histoire", a lancé le gouverneur de la ville, Marwan Abboud, qui avait éclaté en sanglots mardi devant les caméras face au port dévasté. Jusqu'à 300.000 personnes sont sans domicile selon lui. L'état d'urgence a été décrété pendant deux semaines.

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Manque de farine 

Les énormes déflagrations, les pires vécues par le Liban, ont été déclenchées par un incendie qui s'est déclaré dans un entrepôt abritant depuis six ans quelque 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium, "sans mesures de précaution", selon les autorités. Elles ont pratiquement détruit le port et dévasté des quartiers entiers de Beyrouth, soufflant les vitres des kilomètres à la ronde.

Des dizaines de personnes restaient portées disparues mercredi selon le gouvernement, tandis que les secouristes poursuivaient leurs recherches dans l'espoir de retrouver des survivants.

Cette tragédie frappe un pays plongé depuis des mois dans une très grave crise économique, marquée par une dépréciation inédite de sa monnaie, une hyperinflation, des licenciements massifs et des restrictions bancaires drastiques.

Ses effets ont été encore aggravés par la pandémie de coronavirus, qui a contraint ces derniers mois les autorités à confiner pendant plus de trois mois sa population.

L'Agence de l'ONU pour l'agriculture et l'alimentation, la FAO, dit à présent craindre à brève échéance un problème de disponibilité de farine pour le Liban, des silos de céréales installés près du port ayant été éventrés.

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Catastrophe de trop 

Sous le choc, les Libanais ont crié leur colère face à cette catastrophe de trop.

"Partez tous! (...) Vous êtes corrompus, négligents, destructeurs, immoraux. Vous êtes des lâches. C'est votre lâcheté et votre négligence qui ont tué les gens", a lancé un journaliste libanais connu, Marcel Ghanem, dont l'émission télévisée jouit d'une grande audience. Le mot-dièse "Pendez-les" circulait sur Twitter.

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"Même avec le coronavirus, et tout ce qui est arrivé dans le pays, j'ai toujours gardé espoir. Mais maintenant c'est fini, je n'ai plus aucun espoir", dit Tala Masri, une bénévole, en dégageant le trottoir des bris de verre d'un quartier proche du port.

L'importante diaspora libanaise a elle aussi réclamé des comptes. "Cette tragédie est une preuve de plus de l'incompétence de la classe politique qui a gouverné le Liban depuis plusieurs décennies", s'est indigné Antoine Fleyfel, 
philosophe et théologien franco-libanais, vivant en France.
Selon des sources de sécurité, les autorités du port, les services des douanes et des services de sécurité étaient tous au courant que des matières chimiques dangereuses étaient entreposées au port mais se sont rejeté mutuellement la responsabilité du dossier.

Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a de son côté annoncé mercredi reporter la lecture du jugement, prévue pour vendredi, dans le procès de quatre hommes accusés d'avoir participé en 2005 à l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, "par respect pour les innombrables victimes" des explosions.

 Agence France-Presse

 

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