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Le Grand Journal - Murielle Ravina : «J’ai reçu ce que je méritais»

Murielle Ravina, Miss Mauritius World 2017-2018, était l’invitée de Jean-Luc Émile dans la seconde partie du Grand Journal. La Rodriguaise, qui s’est hissée dans le Top 12 au Miss World samedi 8 décembre, en Chine, était sur le plateau de Radio Plus en compagnie de sa grand-mère Madeleine Allas et de son amie Noëlla. Murielle Ravina réitère son souhait de faire la politique, mais fait ressortir qu’elle la pratique déjà en faisant du social. Elle veut trouver un emploi notamment dans le mannequinat, lui permettant de se consacrer à son projet et à l’épanouissement des jeunes. Elle a aussi mis l’accent sur l’autonomisation de la femme à travers l’éducation. 

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À la première question de Jean-Luc Émile, la jeune femme a fait comprendre qu’elle n’a rien exigé pour accorder cet entretien à Radio Plus en primeur. « L’interview était déjà programmée quand j’étais en Chine » dit-elle.

Vous êtes rentrée au pays deux jours de cela. Qu’est-ce qui a changé dans votre vie ?
Rien n’a changé. Je m’habille de la même manière. Je mange de la même façon. Ce n’est que le regard de la population qui a changé. Là où je passe, on s’arrête pour se prendre en photo avec moi et on me félicite. Ma simplicité et ma joie de vivre sont intactes.

Flashback ! Nous sommes samedi. Vous êtes dans le Top 12. À quoi pensez-vous ?
Tou inn vinn nwar ! (rires). J’ai eu peur. J’étais à un pas de la couronne bleue. Miss South Africa et Miss Nigeria étaient des candidates fortes.

C’était une nouvelle étape dans la vie d’une Miss Mauritius.

Après le Top 12, vous êtes face à Miss Uganda pour le titre de Miss World Africa. Miss Uganda est sacrée. Étiez-vous déçue ?
Je l’étais plutôt pour le peuple mauricien et rodriguais. Nombreux sont ceux qui ont voté pour moi. Je suis consciente de l’effort qu’ils ont fourni. L’Ouganda a marqué l’histoire. Quand nous nous sommes hissées dans le Top 30, elle m’a dit « si ce n’est pas moi, ce sera toi la gagnante ». Je n’étais pas animée par un sentiment de jalousie. Mo demann Bondie seki mo merite. Si je mérite la deuxième place, j’accepte sa décision.

Vous êtes de retour dans votre chambre d’hôtel, quel est votre état d’esprit ?
Cela aurait été mieux avec le titre de Miss World. Mais j’ai obtenu ce que je méritais. J’étais heureuse et je voulais retourner à Maurice et à Rodrigues. Il n’y a pas meilleure place que chez soi !

Vous avez réconcilié les Mauriciens aux concours de beauté. Dans le passé, beaucoup de choses ont été dites à propos de ces concours et des costumes nationaux, entre autres. Il y a certes eu quelques commentaires négatifs, mais la plupart ont exprimé leur solidarité sur les réseaux sociaux…
J’ai commencé ce travail depuis que je me suis présentée à mon premier concours. Pour être Miss, il n’y a pas que la beauté physique qui compte. La beauté ne reflète pas à travers les vêtements ou les escarpins. Un concours de beauté est une école de vie et une formation extrascolaire. Il aide les jeunes femmes à découvrir les valeurs humaines. Nous devons soutenir nos Miss. Je suis là aussi grâce aux critiques. Mais il faut savoir faire des critiques constructives afin de ne pas porter atteinte à la dignité de la personne. Bondie pardonn zot ! Ma grand-mère a aidé à faire de moi une femme forte. Certaines peuvent commettre l’irréparable face à des critiques virulentes. Inn ariv ler pou sanz sa !

Vous étiez à l’aise lorsque vous vous êtes exprimée lors du concours. Au départ, certains se posaient des questions sur votre niveau d’éducation. Comment vous vous êtes préparé à l’anglais ?
J’ai eu l’occasion d’apprendre la littérature à l’école. En 2012 (ndlr : lors de sa première participation au Miss Mauritius), j’éprouvais des difficultés à répondre aux questions même en français. Mais j’ai fait de ma faiblesse, ma force. J’ai redoublé d’efforts. Je communiquais avec mes amis sur WhatsApp et ils me guidaient. Nou bizin osi aksepte nou ererr.

Question à la grand-mère : Qu’avez-vous souhaité quand vous avez vu Murielle en Chine ?
Je ne voulais pas qu’elle gagne la couronne sinon elle allait rester en Chine. Je l’ai toujours soutenue dans tout ce qu’elle a entrepris. À quelques minutes de l’annonce du résultat, il y a eu une panne d’électricité. Elle me manquait. Je l’appelais quand je servais le dîner. Dès fois, je n’arrivais pas à la joindre au téléphone. Je n’avais pas les moyens pour l’envoyer en Chine. Nous avons fait avec les moyens du bord. Nou fer seki nou kapav. Si nou ti gagn enn led, ti kapav fer plis.

Murielle a grandi en votre présence. Elle dit qu’elle a hérité de vos qualités. Quelles sont ces valeurs que vous lui avez enseignées ?
Sa li ine vinn par li mem ! Je lui fais confiance, elle me fait confiance. Je ne l’ai jamais découragée. Je lui ai toujours dit de faire ce qu’elle aime.

Murielle : Je suis orpheline de mère. Grand-mère s’est occupée de mon frère et de moi. J’ai toujours voulu qu’elle soit fière de moi. Je demanderai également aux jeunes de se demander s’ils feront la fierté ou la souffrance de leurs parents avant d’entamer quelque chose.

Samedi, vous nous avez confié que vous avez vous-même confectionné votre robe rose ?
Ma garde-robe était composée de 15 robes de soirée, 10 robes de cocktail et des tenues de sport. Les amis m’ont aidée. Comme j’ai perdu du poids en Chine, j’ai dû rafistoler la robe rose que j’ai portée à maintes reprises à Maurice. Je l’ai agrémentée d’une traîne rose attachée à un collier. Je voulais me distinguer des autres. D’ailleurs, rose est ma couleur préférée et elle représente la féminité. J’ai expliqué qu’avec peu de choses, je peux en faire beaucoup. À Maurice, l’organisation a certes travaillé avec quelques sponsors, mais les choses sont difficiles. En sus, je ne trouve pas souvent des habits adaptés à ma morphologie. Je préfère en confectionner.

Je veux retourner à Rodrigues pour servir et faire bouger les choses»

Murielle RavinaQuestion à Noëlla : Le nombre de votes a grimpé jusqu’à 31 000. Dites-nous plus...
Nous avons mobilisé les Mauriciens, les Rodriguais et les expatriés au Canada, en Australie et en France qui ont accepté de travailler pour nous sur une base volontaire. On aurait pu faire mieux avec le soutien nécessaire. Nous remercions ceux qui ont voté pour Murielle et aussi ceux qui ne l’ont pas fait... Certains ont exprimé leur souhait de faire partie de l’équipe. Même sur mon lit d’hôpital, j’ai demandé au médecin de voter pour Maurice.

Murielle : À un moment, j’étais épuisée. Mais quand le nombre de votes augmentait, cela m’encourageait. J’ai redoublé d’efforts. Je me suis dit que je ne pouvais pas retourner à Maurice les mains vides. Il y a des jours où je ne pouvais me réveiller pour me préparer et me maquiller. Mais la mobilisation à Maurice et Rodrigues me donnait du courage. Je ne me sentais pas seule. Mais après la finale, les autres filles étaient entourées de leurs proches et moi, j’étais seule. Cela m’a aidé à être indépendante et je sais maintenant que je pourrais affronter les obstacles de la vie.

Vous avez exprimé votre souhait de faire de la politique. Est-ce que l’univers de strass et paillettes est terminé ? À quoi ressemblera la vraie vie ?
J’aurais toujours un pied dans cet univers. Mo pou gard sa payet la dan mo leker. Avec un titre de Miss, nous pouvons faire la différence. Je veux continuer dans le mannequinat et faire carrière dans la politique. Ma Beauty with a purpose a un cachet social. La politique n’est pas uniquement se porter candidate et récolter des voix. La politique est de servir les autres. Être Miss m’a permis d’être au service des autres. J’ai fait des sacrifices pour mon projet. Je pratique pour l’instant une politique sociale et culturelle.

Le Chef Commissaire de Rodrigues vous a accueillie à l’aéroport. Avez-vous en tête un parti politique que vous souhaitez intégrer ?
Des partis politiques m’ont approchée. Mais je n’ai pas encore pris une décision. Je veux mieux connaître les rouages. Je suis jeune et je ne suis pas encore prête à être à la tête de Rodrigues. Je veux éduquer les jeunes sur le vote.

Murielle, samedi vous retournez à Rodrigues. Quelle est la suite ?
J’ai choisi le concours au lieu d’un emploi car c’est la chance d’une vie. Elle ne reviendra peut être pas. Je donne sans rien attendre en retour. Je serai récompensée d’une autre façon. L’argent ne fait pas le bonheur. Mais nous avons tous des besoins personnels. Je veux faire de ma passion, mon métier. Je trouve dommage que les gens interprètent autrement ma décision de louer mon image. Cette source de revenus me permettra aussi d’aider les jeunes de Stars Agency. Si j’utilise mon image pour le faire, c’est tout comme des artistes qui demandent à être rémunérés. Ce n’est pas de la cupidité. Je ne fais qu’imposer des conditions.

Je suis en quête d’un emploi qui pourra également me permettre de servir les autres. Le domaine du mannequinat me passionne tout comme le social. Ils contribuent à mon épanouissement. Je n’ai pas conçu un projet uniquement pour le présenter au concours Miss World. Déjà, à travers Stars Agency, nous mettons en avant les jeunes à travers la mode, l’éducation et l’art. Nous mettons en avant la discipline pour faire de ces jeunes des femmes fortes et des hommes extraordinaires demain.

Quel est votre point de vue sur la situation de la femme dans la République ?
Je veux que la femme soit indépendante. Elle doit être capable à assumer ses décisions. Je lance un appel aux femmes : l’éducation est la clé qui vous permettra d’avancer et de vous épanouir. Choisissez une formation qui vous plaît.

Nombreux sont ces jeunes Rodriguais qui viennent à Maurice pour travailler…
Parfois, cela sert de quitter son pays et aller à la découverte. Mais nous devons retourner avec l’espoir d’apporter un changement. Avant de partir, il faut bien se préparer et se fixer un objectif. Je veux retourner à Rodrigues pour servir et faire bouger les choses.

La politique a divisé Rodrigues. Mais vous avez réussi à apporter une solidarité.
L’unité fait la force. Nous devons continuer à travailler ensemble pour réussir. La politique unit et ne divise pas.

Beaucoup est dit sur la participation de la femme aux concours de beauté. Que conseilleriez-vous à votre fille ?
Je laisserai le champ libre à mon enfant. Mo pa pou detin lor personn. Je pense qu’elle aura ce côté bling bling (rires). Je l’encouragerai à être une femme forte et indépendante. Ces concours nous permettent de nous montrer courageuses, dynamiques. Ils renforcent notre confiance en nous et nous aider à avoir une vie saine. Les critères internationaux sont spécifiques. Mais les concours de beauté ne mettent pas uniquement le passage en maillot de bain en avant, mais l’intelligence de la femme. Quand une femme porte un maillot de bain à l’étranger, ce n’est ni tabou ni un manque de respect. Bizsin kass sa barierr la! Toutes les femmes sont belles.

À quand une Miss Mauritius remportant la couronne et titre de Miss World ?
La République, le comité et nous devons travailler main dans la main. Je rêve de prendre la barre tout comme Sylvie Tellier (Miss France) mais je ne suis pas prête. Je sais comment se passe l’organisation d’un concours et ce n’est pas évident. Cela exige beaucoup.

Noëlla ajoute : Il nous faut changer notre regard sur celle qui va nous représenter. Urvashi (Gooriah, l’actuelle Miss Mauritius) subit toujours les critiques et ce n’est pas facile pour elle. Zot ine condamne li.

Murielle Ravina rentre à Rodrigues à 13 heures ce samedi 15 décembre.

murielle

 

 

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