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«Le Grand Journal» - Me Yousuf Mohamed : «À la place de Raouf Gulbul, j’aurais démissionné»

S’il était à la place de Me Raouf Gulbul, il aurait démissionné de la présidence de la Gambling Regulatory Authority et de la Law Reform Commission. C’est ce qu’a affirmé le « Senior Counsel », Me Yousuf Mohamed, dans « Le Grand Journal » de Radio Plus, animé mardi par Jane Lutchmaya et Eshan Dinally.

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Yousuf Mohamed était l’invité du Grand Journal mardi. Il a affirmé que s’il était à la place de son confrère Me Raouf Gulbul, il aurait démissionné de la présidence de la Gambling Regulatory Authority et de la Law Reform Commission pour se présenter « comme un simple avocat devant la commission d’enquête sur la drogue ».

Il a cependant précisé que Me Raouf Gulbul jouit de la présomption d’innocence. « Les allégations faites contre lui sont graves certes, mais ce ne sont que les allégations d’une personne qui était son Junior dans certaines affaires. » Référence est ici faite à Me Tisha Shamloll, qui a formulé des allégations contre Me Raouf Gulbul, début juillet, devant l’instance présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen. L’avocate avait indiqué avoir reçu des instructions pour verser de l’argent sur le compte bancaire d’un homme condamné pour trafic de drogue.

La demande d’injonction de Me Sanjeev Teeluckdharry, également Deputy Speaker à l’Assemblée nationale, par rapport à sa convocation devant la commission, a été commentée durant l’émission mardi. « Si j’étais son conseil légal, je lui aurais dit de ne pas faire cela, car la commission a tous les droits. Elle peut même exiger des informations sur des comptes bancaires sans passer par la Cour suprême. Si la banque n’obtempère pas, cette dernière peut perdre sa licence. »

Pour Me Yusuf Mohamed, il était maladroit de la part de Me Teeluckdharry de dire que la commission cherche à jeter de la boue. « Heureusement qu’il n’a pas dit cela devant la commission. S’il l’avait fait, il y aurait eu outrage passible d’une très forte amende et même d’une peine d’emprisonnement. » 

Hambyrajen Narsinghen, de la faculté de droit de l’université de Maurice, était aussi sur le plateau. Il partage l’avis de Me Yousuf Mohamed qui estime que la commission est impartiale et qu’elle fait bien son travail. Si les deux hommes déplorent la façon d’agir de certains avocats, ils soutiennent cependant que ce sont des brebis galeuses. « Il y a des abus sur les honoraires des avocats. Si vous allez défendre un trafiquant qui vous paie une grosse somme, il faut se poser des questions quant à la provenance de l’argent », a souligné Hambyrajen Narsinghen qui souhaite que le code d’éthique soit revu.

Réformes suggérées

Me Yousuf Mohamed estime qu’il est du devoir de l’avocat d’informer la Financial Intelligence Unit s’il a des doutes et de refuser de prendre l’affaire. « Tant pis si un trafiquant n’a pas d’avocat pour le défendre. »

Des réformes doivent être apportées à la loi et au code de déontologie des avocats qui date de 1998. « Depuis cette époque, on voit qu’à Maurice, il y a beaucoup de blanchiment d’argent. Alors qu’ici la profession est autorégulée, dans d’autres pays, comme la Belgique, la  France, l’Allemagne et l’Angleterre, il y a une législation qui la régule », explique Hambyrajen Narsinghen. Faut-il un Ombudsperson pour la profession légale ? Me Yusuf Mohamed répond par la négative, alors que Hambyrajen Narsinghen est plutôt en faveur de cette idée.

Revenant sur le cas de Me Shamloll, Yusuf Mohamed dit qu’il n’est pas du devoir de l’avocat d’être le « messenger » d’un prisonnier. Au sujet des visites non sollicitées aux trafiquants et effectuées par quelques avocats, il martèle que « c’est condamnable. Vous n’allez pas voir quelqu’un qui ne vous a pas appelé ».

Me Yusuf Mohamed a expliqué dans quelles circonstances il défend le trafiquant Peroomal Veeren. L’avocat dit ne pas savoir pourquoi ce dernier veut déposer devant la commission d’enquête sur la drogue. L’homme de loi affirme avoir été contacté par la famille du détenu l’année dernière, car il était placé dans une cellule isolée depuis un certain temps.

Il s’agissait donc de passer par la voie légale pour le faire sortir de cette situation. Peroomal Veeren avait été accusé par un garde-chiourme de l’avoir agressé. Il avait été une nouvelle fois placé en isolement. Me Mohamed a donc entamé une action légale pour qu’il soit transféré. Ce dernier précise que depuis vingt ans, il n’a plus pris d’affaire de drogue et qu’ici, il s’agit d’une affaire administrative. Pour le paiement, l’avocat soutient avoir réclamé un chèque bancaire.

 

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