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Le Grand Débat de radio plus - XLD : «On a de gros problèmes économiques à l’horizon»

Pour décortiquer le budget 2019-2020, le directeur de l’information de Radio Plus, Nawaz Noorbux, a réuni sur le plateau un panel d’invités qui ont donné chacun son point de vue sur différents aspects du budget. Xavier-Luc Duval a tiré la sonnette d’alarme sur la situation économique du pays.

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Le panel était composé de Xavier-Luc Duval, leader de l’opposition, du député MSM, Zouberr Joomaye, de l’Attorney General, Maneesh Gobin, de Reza Uteem, du président de la commission économie du MMM, d’Arvind Boolell, député travailliste, de l’économiste Ganessen Chinnapen et d’Afsar Ebrahim de BDO le lundi 10 juin dernier.

Ce grand débat qui a eu lieu de 20 heures à 21 heures au siège de BDO au Champ-de-Mars à Port-Louis a été retransmis en direct sur Radio Plus et sur la page Facebook du Défimedia Group.

Rs 1 000 aux fonctionnaires. Attristé surtout par rapport à l’allocation de Rs 1 000 aux fonctionnaires alors que le secteur privé n’en touche aucune, Xavier-Luc Duval a réitéré son premier commentaire sur le budget présenté par le Premier ministre Pravind Jugnauth.

Volet économique

« Au niveau de l’économie, les secteurs sucre, textile, tourisme, offshore et les TIC, entre autres sont moins performants qu’auparavant. On a de gros problèmes économiques à l’horizon. Le pays est endetté et il faut que l’économie puisse soutenir les projets du gouvernement et les aspirations de la population », dit Xavier-Luc Duval. Et d’ajouter son constat qu’avec ce budget 2019-2020, le gouvernement a presque complètement ignoré les secteurs économiques alors que l’avenir de Maurice est en danger.

Portable Gratuity Fund

Il a également commenté le Portable Gratuity Fund et le problème à Maurice d’encourager les jeunes à trouver du travail. « 25 % de nos jeunes attendent de décrocher un boulot dans le secteur public. Le grand défi c’est de faire les jeunes intégrer le secteur privé et devenir productifs. Cela m’attriste encore une fois qu’aucune prévision n’a été faite dans ce budget à ce sujet. »

Baisse de la dette publique

En ce qu’il s’agit du commentaire de Paul Bérenger qui qualifie le budget comme étant décevant, Reza Uteem du MMM estime que la proposition du Premier ministre de puiser des fonds de la Banque centrale pour baisser la dette publique de 64 % du PIB à 60 % d’ici 2021 comme étant indécente. Selon le MMM, dit-il, la dette publique est au-delà de 70 % avec les projets Metro Express et Safe City, entre autres. « C’est grave. La mesure envisagée par le gouvernement de puiser dans les réserves de la Banque de Maurice pour payer ses dettes est inconcevable. C’est irresponsable. Au lieu de faire une croissance économique pour financer le développement soutenable du pays, l’État continue à faire des emprunts. » Arvin Boolell s’est prononcé sur la baisse du prix du carburant. « C’est un budget confetti qui promet monts et merveilles sans se soucier des fundamentals. L’État manipule les chiffres pour la dette publique. »

Paradoxe

L’économiste Ganessen Chinnapen a aussi commenté le paradoxe dans le Budget 2019-2020 pour ramener la dette publique à 60 % du PIB.  Selon lui, c’est un jeu économique. Tandis qu’Afzar Ibrahim du BDO affirme qu’il y a une confusion au niveau de l’utilisation des réserves ou du surplus de la Banque centrale pour le remboursement des dettes par l’État. Il s’interroge sur le montant en surplus disponible. Et affirme qu’il faudrait avoir une discipline de travail dans la gestion des comptes de l’État.

Les différents membres du panel de ce grand débat ont aussi évoqué plusieurs problématiques : taux de chômage, création d’emplois, les projets Metro Express et Safe City dont certains trouvent que c’est un maquillage des comptes du Fonds monétaire international pour éviter l’audit et cacher des choses à la population, comme souligné par Reza Uteem. Arvin Boolell, lui, a commenté le secteur sucre, entre autres


Xavier-Luc Duval : « Il n’y a pas d’espoir »

Le gouvernement cache trop de choses. Ce sont là les propos du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval qui qualifie cette situation de « malsaine ». Selon lui, le montant de la dette publique aurait dû être « ouvert ».  Par ailleurs, il soutient que plusieurs secteurs comme le textile, le tourisme et autres sont en baisse de croissance. Et qu’il n’y a pas de création de la richesse. « Même si c’est la dernière année du gouvernement, il fallait donner de l’espoir que les choses vont s’améliorer sur le plan économique, mais il n’y a pas d’espoir », lance Xavier- Luc Duval.

Le leader de l’opposition ne manque pas de critiquer le gouvernement. « Ils sont toujours au ‘nou p fer ‘alors que ça aurait dû être ‘nou finn fer’ », s’exclame-t-il. Concernant le gaspillage, Xavier-Luc Duval affirme que c’est le bilan du gouvernement qui intéresse la population à la veille des élections. Concernant la signature avec le Liverpool Football Club pour une académie de football à Côte-d’Or, le leader de l’opposition est sceptique. « Le foot c’est un business qui appartient aux grand businessmen », lâche ce dernier.

Reza Uteem : « Une crisis of expectation »

Le député mauve, Reza Uteem ne mâche pas ses mots. « Il y a une crisis of expectation », souligne-t-il. Que ce soit chez des personnes âgées qui s’attendaient à une hausse considérable de la pension de vieillesse ou des fonctionnaires qui réclamaient deux ‘increments’.

Il ajoute qu’un budget n’est pas « un exercice comptable ». Reza Uteem affirme que le ministre des Finances doit annoncer sa vision et jeter les jalons pour le développement. « Plusieurs problèmes n’ont pas été adressés, notamment le vieillissement de la population », déplore ce dernier.

Arvin Boolell : « Il y a état d’urgence économique »

« Il y a l’état d’urgence économique. La dette est un gros souci », déclare Arvin Boolell. Le député du Parti travailliste se dit inquiet car « le gouvernement n’a pas de fil conducteur ». Il ajoute que c’est une mauvaise chose de puiser dans les fonds de la Banque de Maurice. « Si l’économie était en bonne santé, on n’aurait pas dû puiser dans les réserves de la Banque de Maurice pour combler la dette », souligne notre interlocuteur. Dans la foulée, Arvin Boolell soutient qu’il y a un partage « confetti » de la richesse. Il craint une crise financière à l’avenir. Ajoutant que le « gâteau national » ne grandit pas. Il regrette aussi le fait qu’on n’a pas donné sa chance au ‘programme based budgetting.’

Concernant les thèmes qui transcendent les clivages politiques comme les Chagos, Arvin Boolell estime qu’il ne faut pas écarter l’opposition du débat.

Maneesh Gobin : « Tout le monde se retrouve »

C’est avec discipline que ce budget a vu le jour. Avis exprimé par l’Attorney General, Maneesh Gobin. « Tout le monde se retrouve dans ce budget », lance-t-il. Il se dit confiant que c’est le présent gouvernement qui sera à la tête du pays après le prochain scrutin pour « continuer le travail ».

Quant aux rumeurs selon lesquelles la pension de la vieillesse allait connaître une hausse considérable, Maneesh Gobin dit, « nous ne sommes pas aussi indisciplinés pour tomber dans le paneau. Nous faisons un travail sérieux ». Il met l’accent sur le fait que les Mauriciens bénéficieront de plusieurs choses, dont la baisse des prix du carburant, du gaz ménager et autres.  Sur le volet Law and Order, Maneesh Gobin déclare qu’il fallait renforcer la loi, évoquant qu’il n’y aura pas de rémission. D’autre part, concernant la création de la Financial Crime Commission, il souligne qu’il faut un travail en profondeur. Sur la question des Chagos, soit une dotation de Rs 50 millions pour le relogement des Chagossiens, il indique que c’est un dossier « complexe » et qu’il faut avancer prudemment.

Zouberr Joomaye : « Un budget responsable et équilibré »

Zouberr Joomaye, député du Mouvement socialiste militant,  est d’avis que ce budget n’a oublié personne. « C’est un budget responsable et équilibré. C’est extrêmement positif et de bon augure pour améliorer notre rating auprès des institutions comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international », note  ce dernier.  Il évoque le développement du secteur financier avec de nouveaux accords. Ce qui, selon lui, aidera à « améliorer la visibilité sur le marché étranger et à permettre la création de nouveaux marchés et d’opportunités pour nos entreprises ».  Concernant la réduction des dépenses, notamment des voyages à l’étranger, Zouberr Joomaye explique que le gouvernement se veut « plus rigoureux », en particulier, avec le rapport de l’Audit qui met en exergue des gaspillages.

Ganessen Chinnapen : « 2020 s’annonce difficile »


L’économiste Ganessen Chinnapen se veut réaliste. Il y a beaucoup de défis à relever. Peu importe le gouvernement, l’économie reste un aspect difficile. « Il faut une réforme structurelle et mettre l’économie au cœur des préaoccupations. Cela demande une volonté politique », dit-il. Le professionnel va plus loin. La conjoncture économique locale et internationale n’est guère favorable. « 2020 s’annonce difficile », anticipe-t-il. Selon lui, il y a quatre points à prendre en considération. Premièrement, la tension géopolitique, deuxièmement, le débalancement démographique. Troisièmement, la balance commerciale grandissant et quatrièmement, les fondamentaux économiques.

Afsar Ebrahim : « Rien de concret »

Afsar Ebrahim de BDO soutient que ce budget n’a « rien de concret », surtout en ce qui concerne le secteur financier. « Ce budget est axé beaucoup plus sur le social que sur l’Income generation », dit-il.

 

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