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Le gouvernement accusé d’autoritarisme

Pour Jocelyn Chan Low et Reeaz Chuttoo, cette décision controversée est « l’œuvre de deux autocrates coupés de la réalité ».

Qu’il s’agisse de l’observateur et historien Jocelyn Chan Low ou du syndicaliste bien connu Reeaz Chuttoo, de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé, le constat est unanime concernant le report de l’âge d’éligibilité à la pension universelle de 60 à 65 ans : « C’est l’œuvre de deux autocrates coupés de la réalité, retranchés dans leur tour d’ivoire. Ils décident sans consulter, imposant leur diktat. »

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Ils montrent du doigt le même problème fondamental : l’autoritarisme du gouvernement. « D’abord, ce gouvernement n’a aucun mandat pour toucher à la Basic Retirement Pension, qui est en réalité une pension de vieillesse. Et qui dit vieillesse dit 60 ans, pas 65 ans », martèle Reeaz Chuttoo. « Le gouvernement agit sans aucune consultation, sans dialogue avec les stakeholders. Il décide unilatéralement, sans réaliser que ses décisions troublent l’ensemble de la société… à l’exception des nantis ! »

Jocelyn Chan Low abonde dans le même sens : « Dans toute décision nationale, des discussions approfondies sont indispensables pour éviter les frustrations inutiles. Dans toute réforme, il faut au minimum des voix radicalement opposées et des voix favorables. Le juste milieu est certes rare, mais essentiel : ce sont ces voix modérées qui peuvent faire pencher la balance objectivement, sans parti pris. »

Reeaz Chuttoo cite plusieurs exemples révélateurs de cette méthode autoritaire : « Lors des discussions tripartites, le gouvernement a décidé sans consultation aucune que le barème de la compensation serait de Rs 610. Et quand nous avons demandé des discussions, Paul Bérenger a déclaré que si nous voulions discuter, le paiement prendrait du retard. Donc, la décision était déjà finale. » Le syndicaliste évoque également les propos d’Ashok Subron concernant le Budget : « Il avait affirmé que le pays était en urgence économique et qu’il fallait comprendre certaines décisions. Était-ce un prétexte pour donner un chèque en blanc à ce gouvernement ? »

Des autocrates déconnectés de la réalité

Pour les deux observateurs, ceux qui ont « poussé le gouvernement à adopter une politique suicidaire » vivent confortablement installés dans leur cocon financier, à des années-lumière des fins de mois difficiles que connaissent nombre de citoyens. « Un gouvernement ne peut s’appuyer uniquement sur des bureaucrates retranchés dans leurs bureaux, loin des préoccupations du peuple et qui ne jurent que par les chiffres », met en garde Jocelyn Chan Low. Ces décideurs, ajoute Reeaz Chuttoo, « ne se préoccupent ni des conséquences, ni du coût politique de leurs décisions, ni des réponses qu’ils devront fournir sans pouvoir réellement satisfaire. »

Le syndicaliste se montre particulièrement sceptique quant à la décision attendue du Cabinet, ce lundi, concernant une éventuelle catégorisation des travailleurs éligibles à la pension dès 60 ans : « Tenter de catégoriser les secteurs d’emploi est avant tout anticonstitutionnel. On ne peut établir de différence entre ceux qui travaillent manuellement et ceux qui œuvrent dans un bureau. Ce serait faire preuve de malhonnêteté intellectuelle envers la classe des travailleurs. »

Il poursuit sa charge : « Ce régime est en train de sacrifier le peuple sur un autel qu’il est seul à comprendre. Ce gouvernement pinaille sur quelques roupies pour la pension de vieillesse, alors qu’il y a des ex-présidents et vice-présidents qui touchent des pensions à vie représentant des centaines de milliers de roupies, sans rien donner en retour. J’en passe ! »

Les deux hommes convergent sur les conséquences inévitables de cette méthode : « Sans consultations préalables, on s’expose inévitablement aux couacs. Et la réforme des pensions en constitue le parfait exemple », prévient Jocelyn Chan Low. Reeaz Chuttoo, lui, va plus loin dans l’avertissement : « Na pa tous pansion vieyes. Retourn kouma li ti ete, sinon zote pou trouve lor manifestasion le 21 seki zot pou trouve. »

Et Jocelyn Chan Low de conclure : « Maintenant, qui doit réparer les dégâts ? Les autocrates ou le gouvernement qui se voit contraint de revoir sa copie ? »

 

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