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Le GM britannique : «On ne peut ni spéculer, ni anticiper l’issue»

Depuis le retour de David Cameron au gouvernement britannique en tant que Foreign Secretary en novembre, les négociations autour des Chagos se corsent.

Les négociations entre Maurice et le Royaume-Uni autour de la rétrocession des Chagos suscitent à la fois des attentes et des divergences. Alors que Maurice exprime sa confiance quant à une issue favorable, le gouvernement britannique reste, lui, plus réservé, affirmant que les discussions doivent se poursuivre dans l’intérêt national de sa population.

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Alors que le gouvernement mauricien affiche une certaine confiance sur une issue positive par rapport à la rétrocession de l’archipel des Chagos par le Royaume-Uni, le gouvernement britannique est, lui, beaucoup plus mesuré sur une solution en faveur de Maurice. Le Royaume-Uni n’est pas prêt à faire de compromis sur certains points. 

Dans sa soumission écrite au Foreign Affairs Committee’s Sub-Committee on the Overseas Territories la semaine dernière, il reconnaît avoir « tenu neuf rounds de négociations constructifs à ce jour » avec la partie mauricienne. Mais ceci ne peut laisser préjuger du résultat. 

Précisant que ces négociations se déroulent à huis clos, le gouvernement britannique indique ceci : « Nous ne pouvons pas spéculer sur les résultats possibles ni anticiper leurs conclusions. » Il souligne que « tout accord doit protéger les intérêts nationaux britanniques » et qu’il n’acceptera « rien qui ne satisfasse pas cet objectif ». 

Au cœur des négociations : le devenir de la base anglo-américaine qui se trouve sur Diego Garcia. Celle-ci, précise le gouvernement britannique, « revêt une importance stratégique primordiale pour la sécurité régionale et mondiale. La priorité du gouvernement britannique est donc le fonctionnement à long terme de la base, au cœur des négociations en cours avec Maurice ». Raison pour laquelle, dit-il, il se fait un point d’honneur de s’assurer « que tout accord répond aux intérêts nationaux britanniques ». 

À ce titre, le gouvernement mauricien, tout comme l’opposition parlementaire mauricienne, a toujours indiqué que l’existence de cette base n’est pas remise en cause. Par contre, tout bail ou accord par rapport à Diego Garcia devra être assorti d’un loyer payé au gouvernement mauricien. 

Dans leur soumission écrite, les Britanniques précisent d’ailleurs que le Royaume-Uni et Maurice ont publié des déclarations ministérielles écrites au début des négociations en novembre 2022, qui comprenaient toutes deux la phrase suivante : « Le Royaume-Uni et Maurice ont réitéré que tout accord entre nos deux pays garantira le fonctionnement effectif continu de la base militaire conjointe du Royaume-Uni et des États-Unis sur Diego Garcia. » 

Il est aussi indiqué que le Royaume-Uni n’acceptera un accord que s’il protège les intérêts nationaux et ceux de ses partenaires. « Nous sommes clairs sur le fait que notre priorité, dans tous les scénarios, est la sécurité à long terme, la sûreté et la fonctionnalité de la base militaire sur Diego Garcia. Maurice a clairement indiqué publiquement qu’elle soutient cet objectif, tout comme les États-Unis », affirme le gouvernement britannique. 

Outre l’importance sécuritaire de la base sur Diego Garcia, les Britanniques accordent « une importance cruciale à la biodiversité, à la conservation et à la recherche écologique ». Ils font ressortir que l’administration du British Indian Ocean Territory (BIOT), organisme non reconnu par Maurice et créé par les Anglais pour gérer les Chagos, collabore avec des partenaires scientifiques mondiaux et des projets gouvernementaux, tels que le programme Blue Belt, afin de soutenir les efforts de conservation et de recherche. « Le gouvernement britannique continuera de privilégier les normes environnementales les plus élevées dans la région. » 

Pour ce qui est des Chagossiens, le gouvernement britannique affirme qu’il reste engagé à les soutenir où qu’ils vivent. De 1968 à début 1973, ils avaient été déplacés contre leur gré pour être déportés, pour la plupart, à Maurice et aux Seychelles par les Britanniques. 

2 000 Chagossiens sont britanniques depuis novembre 2022 

Le gouvernement britannique souligne avoir mis sur place des programmes de soutien à l’intention des Chagossiens. « Les dépenses annuelles pour les projets devraient atteindre leur niveau le plus élevé à ce jour cette année. La nouvelle voie de citoyenneté chagossienne, lancée en novembre 2022, a attiré plus de 7 000 demandes et un financement supplémentaire a été convenu pour soutenir ceux qui déménagent au Royaume-Uni. Nous reconnaissons que l’avenir du BIOT est important pour de nombreux Chagossiens et nous continuerons à les informer de l’avancement des négociations ». 

Depuis novembre 2022, toute personne d’ascendance chagossienne peut être enregistrée à la fois comme citoyen des territoires britanniques d’outre-mer et citoyen britannique, sans frais. Des 7 000 demandes de citoyenneté, 2 000 Chagossiens sont devenus citoyens britanniques. 

« Pour aider les autorités locales britanniques à gérer les coûts statutaires qui pourraient survenir lors du soutien aux Chagossiens nouvellement arrivés, le ministère de l’Intérieur a accepté de fournir un financement supplémentaire aux autorités locales d’une valeur pouvant atteindre 13 millions de livres sterling jusqu’à la fin de l’exercice 24-25 », indique le gouvernement britannique. Cela fait environ Rs 753,4 millions, d’après le taux de change du jour. 

Dans sa soumission écrite, Maurice a, pour sa part, souligné que le BIOT est une entité illégale aux yeux de la loi internationale. Il rappelle que depuis 2015, 28 juges et arbitres internationaux se sont exprimés sur la souveraineté des Chagos et qu’« aucun de ces juges n’a exprimé de soutien à la revendication britannique du Royaume-Uni ». 

« Selon ma compréhension, un accord est en vue, et pourrait être trouvé d’ici quelques semaines », soutient le Professeur Philippe Sands, qui représente Maurice à l’international concernant les points légaux. 

 

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