Faits Divers

Le gaz ménager comme carburant : une manoeuvre dangereuse

Lollchand Heeralall

Lollchand Heeralall, un chauffeur de taxi de 72 ans, est décédé le mercredi 21 novembre, après avoir tenté, cinq jours plus tôt, de mettre du gaz dans son véhicule. Ce procédé, appelé « decanting » est non seulement dangereux, mais constitue aussi une offense. 

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De nombreux véhicules roulent désormais au gaz. Un choix motivé, selon Danillo Perrine, par le prix du carburant qui ne cesse de prendre l’ascenseur. « Pri lessenss tro ser avek enn resarz gaz nou kapav fer profi. Nu oblize servi gaz pu capav zoinn  de  bout », fait ressortir ce chauffeur de taxi. Comme lui, de nombreux autres automobilistes ont fait le choix de rouler au gaz.

Mais pour ce faire, certaines modifications doivent être apportées au véhicule. Avec le gaz qui a la côte auprès des automobilistes, les demandes de modifications augmentent et certains mécaniciens se sont même spécialisés dans ce domaine. L’un d’eux explique, sous le couvert de l’anonymat, que la modification, le remplacement ou l’acquisition des équipements suivants sont nécessaire : une bonbonne de gaz rechargeable, le piston, le clapet, un appareil d’injection, un boîtier, une valve de cylindre, un réducteur (vaporisateur) et un tuyau en cuivre. « Il faut compter environ Rs 30 000 pour les équipements et la main-d’œuvre », explique notre interlocuteur, tout en indiquant que trois à quatre clients par mois sollicitent ses services pour la modification de leur véhicule. Notre interlocuteur soutient qu’outre l’aspect économique, le passage au gaz confère d’autres avantages. Selon lui, le recours au gaz serait moins dangereux que le carburant. « Lorsque le moteur est en marche à l’aide du gaz, et que vous l’arrêtez en cas de problème le gaz ne passe plus, donc il ne peut y avoir d’incendie comme le craignent de nombreux automobilistes », poursuit notre interlocuteur. 

« Decanting »

Si l’utilisation du gaz comme carburant pour les véhicules n’est pas illégale, l’utilisation du gaz ménager pour remplir la bondonne de gaz installée dans le véhicule l’est. « Certains profitent justement de la subvention gouvernementale sur le gaz ménager, qui coûte beaucoup moins cher que le gaz disponible sur certains stations d’essence, pour faire le plein », ajoute notre interlocuteur. Celui-ci indique que cette pratique, appelée le « Decanting », est un processus dangereux. « Certains choisissent de le faire eux-mêmes, à travers une pompe spéciale, alors que d’autres se tournent vers des mécaniciens qui maîtrisent ce procédé. Mais ça reste néanmoins dangereux », dit-il.

De plus, le Decanting est interdit par la loi. En effet, le Decanting Liquefied Petroleum Gas From Gas Cylinder Used For Domestic Purpose est une offense sous la « Consumer Protection (Use of Liquefied Petroleum Gas in Small Cylinders) » Regulations de 2012. Un contrevenant risque une amende ne dépassant pas Rs 100 000 et une peine d’emprisonnement ne dépassant pas trois ans. 

Riaz Mamodeally, lui aussi mécanicien, soutient qu’il y a d’autres inconvénients liés à l’utilisation du gaz ménager comme combustible pour les voitures. « Une fois qu’un véhicule est modifié pour pouvoir rouler au gaz de butane, le véhicule ne peut plus utiliser l’essence comme carburant. Il faut carrément remplacer le moteur », dit-il. Autres inconvénients, et non des moindres, soutient Riaz Mamodeally, sont les risques liés à la santé. « Quelqu’un qui roule au gaz ménager de manière soutenue le fait au péril de sa vie, car il respire ce gaz », dit-il. Mais selon Deven, un chauffeur-mécanicien, cette pratique ne serait pas dangereuse. « Sa fer dizan ki mo servi gaz et zame mo pa finn gayn  problem la santé », souligne cet automobiliste.


Vers la fin de l’importation de l’auto-gaz ?

Vivo Energy envisagerait de ne plus importer le Gaz de Pétrole Liquéfié (GPL). C’est ce qu’indique Marie Josée Martinet, Customer Service Representative à Vivo Energy. Deux raisons sont avancées pour justifier cette décision. « à Rs 28,95 le litre d’auto-gaz, le profit est relativement minime. Mais surtout, nous avons observé une baisse de vente dans les différents points à travers l’île », déclare notre interlocutrice. Une indication, selon elle, que les automobilistes sont nombreux à rouler au gaz ménager, malgré le danger auquel ils s’exposent. 
 

 

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