Une situation inhabituelle s’est produite lors du vol TK 176 à destination de Maurice le lundi 8 janvier dernier. Le médecin généraliste Nadeem Allusaib a secouru deux passagères. La compagnie d’aviation lui a exprimé sa reconnaissance.
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Lundi 8 janvier. Le Dr Nadeem Allusaib, médecin généraliste mauricien, se trouve à bord du vol TK 176 à destination de Maurice, avec son épouse et leur fille de quatre ans. La petite famille revient d’un séjour en Turquie. « J’étais en voyage de deux semaines en Turquie en compagnie de mon épouse et de ma fille de quatre ans. Visiter la Turquie était notre rêve de toujours », raconte le médecin.
Le décollage, initialement prévu à 2 heures du matin (heure locale turque), sera effectué deux heures plus tard, vers 4 h 30. Trente minutes après, le personnel navigant se retrouve confronté à une situation inattendue : une passagère d’origine turque, âgée de 48 ans, éprouve des douleurs déchirantes au bas-ventre.
« Je me suis rendu compte qu’il y avait une effervescence à bord. Le personnel navigant s’était attroupé autour de la passagère. Cette dernière se plaignait de douleurs. Quelques minutes plus tard, le chef de cabine a émis une annonce réclamant l’aide d’un médecin. Au tout début, j’étais réticent. Mais j’ai réalisé que je suis médecin. Un être humain était souffrant. Je devais impérativement dispenser mon aide. C’est ainsi que j’ai pris mon courage à deux mains », raconte le Dr Nadeem Allusaib.
Face à cette urgence médicale en plein ciel, le médecin généraliste se retrouve confronté à deux défis majeurs : la barrière linguistique et l’absence d’informations sur l’historique médical de la passagère. Pour surmonter ces obstacles, une hôtesse de l’air est appelée à jouer le rôle de traductrice. « Mais le problème majeur était d’estomper les souffrances de la passagère turque. Elle était en position assise. Je l’ai questionnée au sujet de ses douleurs. Elle m’a fait comprendre que celles-ci se situaient au niveau du bas-ventre. Je l’ai consultée et j’ai confirmé ses dires. J’ai immédiatement demandé au personnel navigant de placer la passagère en position allongée », poursuit le médecin, en avouant qu’il était « quelque peu intimidé ».
Cependant, son professionnalisme et son sens du devoir reprennent rapidement le dessus. Le Dr Allusaib demande au personnel navigant de mettre la passagère dans une position plus propice à un examen médical. « Les pilotes étaient sur le point de faire demi-tour. Sur le coup, j’ai pensé aux autres passagers à bord. C’est ainsi que j’ai fait comprendre que j’étais disposé à aider la passagère malade. J’ai commencé à glaner des détails sur les antécédents médicaux de la patiente avant d’administrer quoi que ce soit dans son organisme », précise le Senior Medical Health Officer au ministère de la Sécurité sociale.
En dépit de la pression inhérente à cette urgence médicale, le Dr Allusaib garde son sang-froid. Réactif à la situation, le personnel navigant met à sa disposition une valise contenant divers médicaments et injections. « Zot ti ena zis tou ! Valiz-la ti koumadir enn ti lopital. Ti ena tou ladan… » sourit-il.
Le médecin généraliste fait à la patiente une injection d’antidouleurs. « Au bout de dix minutes, elle m’a fait comprendre que les douleurs étaient en train de s’estomper. Afin de me rassurer, je lui ai mis un suppositoire. Malgré cela, j’étais stressé », ajoute-t-il.
Une heure plus tard, le médecin généraliste est sollicité à nouveau. « On m’a informé qu’une autre patiente était souffrante. Je me suis levé. Et j’ai vu une autre passagère allongée sur le sol. Cette dernière, âgée d’une quarantaine d’années et d’origine française, voyageait en compagnie de son époux et de sa fillette. Je me suis approché et j’ai vérifié son pouls. Son époux m’a indiqué qu’elle n’avait pas mangé depuis longtemps. J’ai immédiatement pensé à une hypoglycémie. J’ai mesuré son taux de glycémie à l’aide du glucomètre de bord. Le compteur affichait 3,5 millimoles. J’ai demandé au personnel navigant de fournir à la passagère du Coca-Cola, du chocolat et du pain sec. J’ai ensuite rafraîchi son visage avec de l’eau froide. Elle a repris connaissance quelques minutes plus tard », relate le médecin généraliste.
Au-delà de son expertise médicale, le Dr Nadeem Allusaib a dévoilé une empathie touchante envers la fillette de la patiente. « Elle m’a donné un chocolat peu avant l’atterrissage de l’appareil. Ce geste m’a énormément touché… » confie-t-il. Les gestes salvateurs du médecin ont été suivis par des formalités administratives, le Dr Allusaib signant deux « Medical Incident Forms » avant la descente de l’avion. En reconnaissance de ses actions, il a reçu une carte de remerciements du personnel navigant ainsi qu’une note écrite de Turkish Airlines.
Au-delà de son rôle de Senior Medical Health Officer au ministère de la Sécurité Sociale, le Dr Nadeem Allusaib exerce également dans le secteur privé. Son ambition ultime est de se spécialiser en gynécologie. « En tant que médecin, je suis animé par la conviction que chaque geste, aussi petit soit-il, peut faire une différence dans la vie d’une personne. Mon expérience à bord du vol TK 176 n’était pas simplement une intervention médicale, mais plutôt un rappel poignant de la fragilité de la vie et de l’importance de la solidarité. Chaque acte de compassion tisse des liens indélébiles, et c’est cette humanité partagée qui transcende les frontières et les altitudes », dit-il avec humilité.
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