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Le ‘déporté’ Shameem Korimbocus à Radio Plus : «Le GM doit solliciter Dubaï pour connaître la raison»

Quelques heures après son rapatriement, Shameem Korimbocus était l’invité du Grand Journal de Radio Plus. Interrogé par Nawaz Noorbux, celui qui a échappé à une déportation en novembre 2018 dit qu’il n’a aucun ennemi.

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«Depuis huit ans, j’habite à Dubaï. Je suis Showroom Manager dans une tapisserie. Ma femme vient des Philippines. Nous nous sommes mariés religieusement à Maurice », précise Shameen Korimbocus, avant de s’expliquer sur ses vidéos. « Je ne vise pas directement Showkutally Soodhun, mais ses actions me font rire. Je n’ai rien contre lui. Au contraire, j’avais sollicité son aide lorsqu’un jeune Mauricien est mort dans un accident en Abu Dhabi. Mais je peux affirmer que je ne l’ai jamais rencontré à Dubaï ».

Shameem Korimbocus raconte ses déboires et son rapatriement. « En novembre 2018, j’ai reçu un appel pour me demander de me présenter au poste de police. J’ai cru à une plaisanterie et je ne m’y suis pas présenté. Le lendemain, j’ai reçu un autre appel pour m’informer que j’étais convoqué aux ministère des Affaires étrangères. Sur place, on m’a demandé de revenir le lendemain vers 10 heures. Ils m’ont fait comprendre qu’ils ont reçu des plaintes contre moi de la part des autorités de mon pays en raison de mes publications sur les réseaux sociaux », dit le Mauricien. Après avoir signé un document, il a été autorisé à rentrer chez lui.

Lundi dernier, 29 juillet, Shameem Korimbocus est convoqué de nouveau par les autorités dubaïotes. « On m’a demandé de rencontrer le Duty Officer au poste de police. Lorsque je suis arrivé, on m’a demandé si j’avais déjà eu des démêlés avec les autorités. Bien sûr que non. Finalement, deux agents secrets ont débarqué et m’ont conduit dans un centre de détention. Ce n’est que mercredi qu’on m’a déporté », ajoute-t-il.
Shameem Korimbocus dit ne pas connaître la raison de sa « déportation ». « J’ai entendu certains parler d’une Marocaine, j’espère qu’on pourra la faire venir ici pour connaître la vérité. Je n’ai jamais eu des démêlés sur le territoire dubaïote. C’est fort possible qu’un membre du gouvernement mauricien soit intervenu auprès des autorités dubaïotes pour me faire déporter. J’ai été banni à vie sur leur territoire, sauf transit. J’ai perdu mon travail », relate-t-il avant d’ajouter : « Est-ce qu’un Mauricien a déjà connu le même sort que moi ? Le gouvernement mauricien doit solliciter les autorités dubaïotes pour connaître la raison de ma déportation. Nous connaîtrons la vérité », affirme ce père de famille.

Qu’en est-il de la politique, il explique qu’il a des bonnes relations avec le Parti travailliste, tout comme le PMSD et le MMM.


Rapatriement de Shameem Korimbocus - Le PM : «Je n’ai eu aucune communication de Dubaï»

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a voulu, dans un premier temps, esquiver les questions sur la « déportation » du Mauricien Shameem Korimboccus et de son fils de 11 ans, par les autorités dubaïotes. Il s’est ravisé et a expliqué qu’il n’a jamais reçu de communication de Dubaï. « Normalement, cela ne se passe pas de cette façon. Pour toute déportation, les procédures sont que les autorités étrangères informent au préalable le gouvernement mauricien de leur décision. Je n’ai reçu aucune communication formelle », explique le chef du gouvernement.

Pravind Jugnauth dit ne pas connaître Shameem Korimbocus, ni être au courant de ce qui s’est passé dans le pays étranger où il se trouvait. « J’espère qu’il pourra parler des circonstances et des raisons de sa déportation. J’attends qu’il soit capable de m’envoyer une correspondance pour m’expliquer tout cela », a ajouté le Premier ministre.

En ce qui concerne, les propos de Shameem Korimbocus qui a soutenu que sa déportation était le résultat d’un move politique, le Premier ministre n’a pas apprécié la question. « C’est incroyable. De quel move politique parle-t-on ? Il est rentré à Maurice sans le moindre problème, n’est-ce pas ? Je ne peux me prononcer sur ce que X, Y ou Z disent ou écrivent dans les journaux. S’il fallait rectifier tout ce qu’on écrit dans les journaux, il y aurait beaucoup de rectifications à faire », a soutenu Pravind Jugnauth.

Le Premier ministre participait à plusieurs site-visits des projets en cours hier, 1er août 2019.


Ivan Collendavelloo : «Il n’a pas été déporté pour rien»

Le no 2 du gouvernement a commenté la déportation de Shameen Korimbocus. « Dubaï est un pays où il faut respecter ses lois. Je ne connais pas les raisons derrière sa déportation, mais je ne crois pas qu’il a été déporté sans raison valable », affirme Ivan Collendavelloo.

« Mo panse si ou fane, ban lotorite kone kouma pou deal ek ban dimoun ki fane laba », a-t-il ajouté.

À une question de la presse sur les allégations d’une implication du gouvernement dans cette déportation Ivan collendavelloo a répliqué : « Pena mo lame ladan, mo pa mem konn li sa dimoun la, sirman si ena lame gouvernman bizin ena so rezon. Ki ou krwar gouvernman li la pou met lord ek disiplinn. Me la bizin gete ena la lwa ek la zistis ki pou bizin rant en jeu ». À sa descente d’avion à Plaisance, Shameem Korimbocus avait déclaré : « Zot inn pran enn lamerdman dan Dubaï inn amenn Moris. » Interrogé sur cette remarque, Ivan Collendavelloo a répondu d’un ton  ironique : « Nou konn deal ek tou kalite lamerdman ».

Pas inquiété par la police mauricienne

Shameem Korimbocus n’a pas été inquiété par la police mauricienne à son arrivée à l’aéroport de Plaisance. Rapatrié de Dubaï le mercredi 31 juillet, il a foulé le sol mauricien dans la matinée du jeudi 1er août, en compagnie de son fils de 11 ans. S’il avait été inquiété par la police dubaïote et incarcéré en cellule pendant trois nuits aux Émirats arabes unis, Shameem Korimbocus, qui dit ne pas comprendre la raison de cette déportation, explique avoir passé les services de l’Immigration sans pépin. Si cette déportation a bel et bien eu lieu, après huit années passées à Dubaï, Shameem « Onenonly » n’a jusqu’ici pas été inquiété par la police mauricienne.

Patrick Assirvaden : «Sauf le MSM, tous les partis seraient contents de l’avoir dans leurs rangs»

Avec ses milliers de followers sur le réseau social Facebook, Shameem Korimbocus, affiche une présence permanente sur le Web avec ses vidéos dans lesquelles il tourne souvent les politiciens mauriciens ou autre sujets d’actualité en dérision. Bien qu’il se défende d’être le partisan d’une formation politique précise, il est toutefois évident que ses prises de position s’alignent bien souvent sur celles de l’opposition.
Le gouvernement est, pour sa part, régulièrement critiqué dans ses vidéos et une des cibles préférées de Shameem Korimbocus n’est autre que le député MSM, Showkutally Soodhun.

Maintenant à Maurice, compte-t-il se lancer dans la politique active au sein d’un parti ? Interrogé à ce sujet jeudi, le principal concerné refuse de se tremper. « Mo deza pe fer politik kot ena linzistis ». Cependant plus tôt sur les ondes de RadioPlus, alors qu’il accordait un entretien à Nawaz Noorbux, Shameem Korimbocus a affirmé entretenir de bonnes relations avec tous les partis politiques. « Mo bien avec MMM, Parti travailliste ek PMSD ». Il a également pris le soin de préciser que ce qui lui est arrivé ne s’était jamais produit dans le passé.

Au niveau de l’opposition, s’il y a aujourd’hui un parti politique qui n’hésite pas à faire les yeux doux à Shameem Korimbocus, c’est bel et bien le Parti travailliste. Les Rouges comptent-ils lui ouvrir les bras ? Le président des rouges, Patrick Assirvaden, répond : « C’est une personne qui fait l’unanimité sur Facebook et au niveau de l’opinion publique. Le Parti travailliste et l’île Maurice sont soulagés de voir qu’il est arrivé sain et sauf au pays ».

Shaeem Korimbocus, s’apprête-t-il à rejoindre les rangs des rouges ?  « Tous les partis sauf le MSM seraient contents d’avoir une personne de calibre de Shameem dans ses rangs », répond Patrick Assirvaden.


Les Affaires étrangères en attente d’une explication

Le ministère des Affaires étrangères de Maurice est en attente d’une explication.  C’est le consulat de Maurice aux Émirats arabes unis, basé au Caire, qui devrait recevoir un document attestant de la nature de ce rapatriement. C’est le cas lors d’une déportation, nous explique l’attaché de presse au ministère des Affaires étrangères, Akilesh Roopun. « Le ministère reste en contact avec le consulat au cas où les Émirats feront parvenir une correspondance ».  

La correspondance adressée à Maya Hanoomanjee

Il n’avait pas apprécié que son nom soit cité au Parlement par le ministre du Tourisme, Anil Gayan à l’Assemblée nationale le 21 juin 2019. C’est en ce sens que Shameem Korimbocus a adressé une lettre à la Speaker de l’Assemblée nationale, Maya Hanoomanjee afin de faire part de son mécontentement.


Prohibited Immigrant à Dubaï

Shameem Korimbocus

Shameem Korimbocus a foulé l’aéroport SSR de Plaisance sans escorte policière. Rapatrié en compagnie de son fils, il est dorénavant déclaré Prohibited Immigrant par les autorités dubaïotes. Selon nos renseignements, le passeport du Mauricien a été tamponné « comme celui d’un simple passager » au comptoir de l’Immigration (Passport and Immigration Office).

À Dubaï, Shameem Korimbocus est passé du statut de résident à celui de immigrant illégal en quelques jours. Il devra dorénavant demander la permission aux autorités pour un éventuel retour.

La demande doit être effectuée depuis Maurice. « Mais tout dépendra des dubaïotes car il a été rapatrié. Conformément à la loi tout individu sur le coup d’un rapatriement, ou d’une déportation, devient d’emblée Prohibited Immigrant et toute demande de retourner dans le pays est minutieusement analysée », explique le Passport and Immigration Office.

Selon des hauts gradés du PIO, « les services de l’Immigration n’ont aucune main-mise dans ce genre de cas ». « Lorsqu’un passager est rapatrié dans son pays d’origine, les officiers du PIO basés aux comptoirs de l’aéroport tamponnent le passeport de l’individu conformément à la procédure et un statement est ensuite consigné en raison du rapatriement. En cas de déportation, le passager voyage sous escorte policière vers son pays d’origine et; au comptoir de l’Immigration, le passeport est tamponné suivi du statement qui doit obligatoirement être pris peu après », précise le PIO.

Sollicité pour une réaction l’ASP Manoj Luchan n’a pas voulu commenter cette affaire. « There is no case… » a-t-il dit.


Les raisons qui justifieraient une déportation aux EAU

Il existe deux types d'expulsion au EAU. L’expulsion légale et administrative. L’expulsion légale est ordonnée par un tribunal, tandis que l’expulsion administrative est émise par l’autorité fédérale chargée de la citoyenneté. L’expulsion légale est prononcée en vertu d’une ordonnance du tribunal à l’encontre d’un étranger condamné à une peine de prison. Les crimes tombant dans cette catégorie impliquent les agressions sexuelles. L’expulsion administrative est émise pour des raisons d’intérêt public, de sécurité publique ou de moralité publique. Le procureur fédéral ou son représentant légal peuvent émettre une mesure d’expulsion contre un étranger, même s’il est titulaire d’un permis d’entrée ou d’un visa de résidence en cours de validité, si cette mesure d’expulsion est requise pour des raisons d’intérêt public, de sécurité publique, de moralité publique ou de santé publique, ou si cet étranger n'a pas de moyen de subsistance apparent. Un ordre d’expulsion délivré à un étranger peut inclure les membres de sa famille, qui dépendent de lui pour vivre. Or, un étranger qui a été expulsé par voie administrative ne peut pas retourner dans le pays sans autorisation spéciale du ministère de l'Intérieur.

D’ailleurs, un étranger contre qui une ordonnance d'expulsion (légale) est prise peut demander au ministère public d'annuler la mesure d'expulsion. Il y a, aussi la liste noire. Celle-ci comprend les noms des personnes interdites d'entrée ou de sortie des EAU pour avoir commis un crime, pour leurs caractères dangereux ou pour la sécurité publique.

Aucune communication sur les « Ban Matters »

Contacté, le General Directorate of Residency & Foreigners Affairs de Dubaï devait nous faire comprendre que ce type d’information ne peut être divulgué. Il cite ce cas comme un « Ban matters ». Voici la communication officielle du GDRFA.  « Referring to your below email, please be informed that this type of matters «Ban Matters» cannot be discussed, released or solved through any communication channel as you need to contact your prior sponsor as he is the only authorized person to attend at GDRFA to follow up that matter with the concerned department. »

 

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