Le DCP Tangavel Seerungen: l’homme de fer qui ne fait pas l’unanimité

Depuis vendredi, le Deputy Commissionner of Police (DCP) Tangavel Seerungen est en congé le temps que l’enquête indépendante sur « l’affaire Coin Idéal » soit terminée. Au sein de la force policière, les sentiments sont mitigés à l’égard de ce haut-gradé. Pour certains, le DCP Tangavel Seerungen est un homme sans scrupules alors que d’autres le décrivent comme un « hard worker ».  Portrait de cet homme taciturne que certains apprécient et que d’autres détestent.

Le numéro 2 de la police était affecté aux Police Headquarters (PHQ) aux Casernes centrales et s’occupait de l’administration.

Rien qu’à entendre le nom de cet homme certains policiers grimacent et ont des mots peu élogieux à son égard. « Li met li dan enn grad » , affirment certains policiers.

Pour ces derniers le DCP Seerungen prenait beaucoup de décisions qui n’étaient pas en faveur des policiers.  L’une de ces décisions a été de faire enlever tous les lits des stations. « Auparavant, nous avions des facilités.  Les policiers avaient une chambre à coucher au poste de police.  Mais le DCP a fait enlever tous les lits » explique un officier.  Le personnel reproche aussi au DCP Seerungen d’avoir pénalisé des policiers en ce qui concerne le paiement des heures supplémentaires et de mise à disponibilité de matériel de travail. Il ne signait pas des documents. « Li ti p blok enn ta zafer.» explique un constable.

Toutefois, certains aux Casernes centrales considèrent le DCP comme un véritable atout pour la police. Tangavel Seerungen, habitant de Vacoas, est âgé de 61 ans. Il compte une quarantaine d’années au sein de la force policière.  Ce détenteur d’une licence en droit est originaire de Surinam.  Il a fait ses études secondaires au collège Royal de Curepipe.

Un policier explique que c’est un homme très strict en ce qui concerne la discipline. « Si un policier est mal habillé, il ne va pas digérer cela », dit-il. La  discrétion de Seerungen expliquerait l’image qu’il a auprès des policiers. « C’est cela qui fait que des gens ont une mauvaise perception de lui.  Mais c’est un homme de rigueur et de discipline. Il est très strict.  Il parle peu et travaille dans l’ombre », affirme un inspecteur de police.

En l’absence du Commissaire de police (CP), qui était en mission à l’étranger, il a assumé le poste d’Acting CP à quatre reprises. « Le DCP Seerungen est un homme polyvalent. Il a une maîtrise parfaite de plusieurs dossiers.  Il faudra attendre encore quelques années avant de trouver un officier de sa trempe », confie un autre inspecteur.

Le DCP Seerungen a fait ses débuts comme Cadet Officer à la Special Mobile Force (SMF). Il a ensuite était posté à la police régulière et a vite gravi les échelons.  Il a aussi été à la tête du Central CID et a fait un court passage à la Special Support Unit (SSU). Il a été promu DCP en 2002.

Un « sitting magistrate » pour présider l’enquête sur l’affaire Coin Ideal

L’affaire Coin Idéal a fait l’objet d’une Private Notice Question du leader de l’opposition jeudi.  Le Premier ministre a annoncé qu’un « sitting magistrate » sera désigné pour présider une enquête visant à faire la lumière sur cette affaire. Il devra établir si les procédures ont été respectées au niveau des Casernes centrales, car « il y a des zones d’ombre autour de cet incident ».

L’affaire Coin Idéal

Le fils du haut-gradé, âgé de 32 ans, avait affirmé avoir été séquestré et s’être fait voler dans la soirée du 27 mai alors qu’il était au volant de la voiture officielle de son père.  Des individus l’auraient accosté à Rose-Hill et lui aurait forcé à faire un retrait dans un guichet automatique à Coromandel.  Il a pu sortir de cette situation quand il a vu un véhicule de la police.

Cependant, il avait refusé de porter plainte après l’incident, ce soir-là.  Seule des entrées avaient été consignées aux postes de police de Rose-Hill et de Coromandel.  Ce n’est que le 25 juin que le fils Seerungen a consigné sa déposition. Le jeune homme a expliqué que le 27 mai vers minuit alors qu’il était dans la voiture de son père à la rue Célicourt Antelme à Rose-Hill une femme l’a accosté pour avoir un « lift ». Lorsqu’il s’est arrêté, un individu l’a menacé avec un « cutter » et lui a volé une somme de Rs 1 000 ainsi que son portable.  Le malfrat l’aurait ensuite forcer à se mettre sur le siège passager et a pris le volant pour le forcer à faire un retrait dans un guichet automatique à Coromandel.

Une lettre anonyme a alors circulé pour dénoncer une tentative de cover-up dans cette affaire. L’auteur de la lettre relate que le fils du DCP était à la recherche de filles de joie à proximité de Coin Idéal. L’aventure aurait mal tourné. Le fils du DCP lui nie avoir cherché à rencontrer des prostituées.

Dans le sillage de cette affaire, Sharon St Mart et Jean-Marc Bigaignon ont été arrêtés en juillet dernier et sont passés aux aveux. Dans sa déposition, Sharon St Mart affirme avoir été approchée par le fils du DCP pour des relations sexuelles. Le jeune homme voulait d’autres faveurs. Une dispute a éclaté car il ne voulait pas régler le tarif qu’elle proposait. Furieuse, elle a appelé son proxénète. Jean-Marc Bigaignon est alors  intervenu muni d’un cutter, il a reproché au fils du haut-gradé de ne pouvoir régler la note. Il lui a alors demandé de se diriger vers un guichet automatique.