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Le chef d’État sort ses griffes

Ameenah Gurib-Fakim Ameenah Gurib-Fakim

Ameenah Gurib-Fakim n’a rien à se reprocher et elle ne démissionnera pas. Dans un communiqué émis mercredi, la présidente de la République dit qu’elle est prête à déclarer ses avoirs et à jurer un affidavit selon lequel elle n’a bénéficié ni d’avantages, ni de faveurs et de salaire de Planet Earth Institute.

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La présidente de la République ne pouvait être plus claire, après avoir entretenu le flou pendant plusieurs jours. Elle ne démissionnera pas. « N’ayant rien à se reprocher et étant à même d’apporter des preuves qui corroborent, Ameenah Gurib-Fakim rejette l’éventualité d’une démission », indique un communiqué émis par le Bureau de la Présidente, mercredi à la mi-journée. Et de préciser qu’Ameenah Gurib-Fakim « est maintenant prête à entreprendre des actions légales, afin de se défendre contre les accusations diffamatoires qui la visent ».

Ce développement de taille dans le bras de fer entre la présidence et l’Hôtel du gouvernement intervient au lendemain de la publication d’un communiqué provenant de Planet Earth Institute (PEI). Ce dernier y indique qu’Ameenah Gurib-Fakim a remboursé « notre fondation sœur mauricienne pour les montants qui ont été apparemment utilisés par inadvertance depuis une carte de crédit qui lui avait été remise, afin de couvrir ses dépenses logistiques lors de missions pour promouvoir la science, la technologie et l’innovation africaines ».

Sortir de l’ombre

Si la Présidente sort de l’ombre « après plusieurs semaines d’attaques infondées et d’allégations infondées contre elle », c’est parce qu’elle veut « rétablir les faits et protéger son honneur et sa réputation ». Ameenah Gurib-Fakim souligne qu’elle a été « souvent invitée » en tant que scientifique reconnue et respectée en vue de soutenir des institutions et fondations. En novembre 2015, elle rejoint le conseil d’administration de PEI « sur une base bénévole ». Sa tâche sera de mener une campagne de sensibilisation, afin de développer les capacités scientifiques sur le continent africain.

En mai 2016, l’ONG financée par l’homme d’affaires angolais Alvaro Sobrinho lui confie une carte bancaire « pour couvrir ses déplacements et dépenses logistiques en lien avec sa mission ». Si elle a fait des dépenses personnelles « par inadvertance » à partir de la carte bancaire de PEI, c’est parce qu’elle « avait déjà une carte bancaire identique provenant de la même banque ». On parle ici de cartes Platinum émises par la Barclays. En tout, elle a dépensé environ USD 27 000 (environ Rs 900 000) en utilisant la carte de l’ONG. « Elle a personnellement et immédiatement informé PEI et a demandé un relevé bancaire détaillé. Elle a rigoureusement et immédiatement remboursé les dépenses spécifiques par le biais d’un transfert bancaire et aussi toutes les dépenses faites par PEI pour sa mission ».

Déclaration des avoirs

La conclusion que tire le Bureau de la présidente est que « Ameenah Gurib-Fakim n’a jamais reçu de cadeaux, faveurs, salaires, émoluments ou honoraires de PEI, ni d’avantages abusifs. Sa mission a pris fin le 20 mars 2017 ». Mais le chef de l’état ne manque pas de souligner qu’elle est « surprise d’être un an plus tard le sujet d’attaques aussi violentes et féroces, surtout en utilisant des méthodes douteuses, telles que la divulgation illégale de relevés bancaires utilisés avec une intention malveillante ».

Selon Ameenah Gurib-Fakim, elle est prête à jurer un affidavit, afin de certifier qu’elle n’a, à ce jour, bénéficié d’aucun gain matériel durant sa présidence. Elle est aussi favorable à l’idée de déclarer ses avoirs auprès des autorités compétentes. Toutefois, la présidente ne commente pas les rencontres qu’elle a eues avec le Premier ministre Pravind Jugnauth, jeudi soir et vendredi matin, ni la déclaration de ce dernier sur l’accord trouvé entre les deux parties pour qu’elle démissionne entre le 12 mars et le 27 mars, jour de la rentrée parlementaire.


Ramgoolam à la rescousse de la présidente

Toute cette affaire est du pain béni pour l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam qui accuse Pravind Jugnauth d’avoir « menti à la population », le vendredi 9 mars, en annonçant son départ du Réduit. « Il a reçu une claque de la présidente. Mieux, deux claques en l’espace de quelques jours », renchérit-il. « Il a induit la population en erreur. Il n’a pas l’étoffe d’un Premier ministre. Il doit démissionner et appeler le pays à de nouvelles élections », lâche le leader du Parti travailliste.

Navin Ramgoolam met également en garde le gouvernement de l’Alliance Lepep contre toute tentative de modifier la Constitution pour « faire partir » Ameenah Gurib-Fakim. Il explique que l’article 30 prévoit de destituer la présidente à travers la mise en place d’un tribunal spécial après un vote à l’Assemblée nationale.

XLD : « En faveur d’une motion de destitution »

Le PMSD soutient qu’il votera en faveur d’une motion de destitution de la présidente. Le tribunal représentera un moyen pour la présidente de venir s’expliquer et devenir « clean ». Selon XLD, « il y a trois autres protagonistes, dont les noms n’ont pas encore été cités ». Le PMSD demeure en faveur d’une commission d’enquête. « La présidente est peut-être une des protagonistes », mais selon XLD, il y aurait d’autres « gros requins ».

 

Alan Ganoo : « Une commission d’enquête pour faire la lumière »

« Aujourd’hui, seul le PM a la prérogative de présenter une motion pour créer un tribunal », souligne Alan Ganoo. Le PM avait déclaré que les membres du MSM n’ont rien bénéficié d’Alvaro Sobrihno. Désormais, la relation entre le Muvman Liberater (ML) d’Ivan Collendavelloo et le MSM prendra un coup. Alan Ganoo estime qu’il est difficile pour se prononcer sur ce tribunal. Le leader du Mouvement Patriotique (MP) a aussi expliqué que dans l’éventualité de la suspension d’Ameenah Gurib-Fakim, ce serait au vice-président d’occuper ce poste. à l’institution d’une commission d’enquête, Alan Ganoo explique que la présidente restera en poste au cours des travaux de la commission. « Une commission d’enquête aidera à faire la umière sur toute l’affaire. »


Platinum Card : l’aspect légal de l’affaire

Me Deepak Rutnah :

« Aucune loi n’interdit l’usage de la carte Platinum  par la présidente. » Propos de l’avocat Deepak Rutnah. Pour lui, si l’affaire est présentée devant une cour de justice et s’il est établi qu’il y a eu remboursement, on pourra difficilement intenter un procès contre la présidente. « Le DPP raye généralement ce genre de procès. » L’avocat a expliqué que lorsque la présidente était directrice du PEI, elle n’était pas au courant ce qu’elle devait faire. Ce n’est qu’après sa nomination à la tête de la State House qu’elle s’est jointe au PEI, a déclaré Me Deepak Rutnah. Et de souligner que la loi « n’interdit pas à la présidente de faire usage de la carte ». Commentant la définition de « misconduct » selon l’article 3, Me Rutnah explique qu’il est difficile d’établir si ce délit a été commis.

« éthiquement parlant, peut-être qu’elle n’aurait pas dû faire usage de la carte, mais il n’y a rien d’illégal ». Et d’ajouter que s’il est établi qu’il y a eu « misconduct », la présidente doit démissionner. 

Me Nilen Vencadasmy :

« L’utilisation de la carte octroyée par PEI peut être perçue comme une rémunération. » Déclaration de Me Nilen Vencadasmy. Selon lui, il faut d’abord prouver que la carte a été utilisée. Mais les documents publiés dans la presse peuvent être déterminants lors d’un procès. L’avocat se demande si un tribunal émettra un ordre judiciaire pour que la Barclays Bank produise le document.

« C’est possible qu’un tribunal interprète les faits comme « misconduct », mais ce sera extrêmement difficile de prouver cela », a soutenu Me Vencadasmy. Les questions qui demeurent pour l’avocat : est-ce qu’Ameenah Gurib -Fakim avait le droit d’assumer ses fonctions au sein du PEI ? A-t-elle bénéficié de cette carte ? « Par manque d’éléments, on ne peut avoir une lecture claire de la situation. »

 

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