Certains jeunes diplômés ont pris des risques pour réaliser leurs rêves. Mais ils peinent à garder la tête hors de l’eau. Sans emploi aujourd’hui, leurs parents risquent gros.
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Pooja (25 ans), une habitante de Dagotière a fait des études en médecine. Elle attend d’entrer à l’hôpital en internat pour l’obtention d’une licence comme médecin généraliste. Pour aider ses parents à arrondir les fins de mois, elle a pris de l’emploi dans un magasin comme vendeuse.
C’est en 2010 que Pooja commence ses cours en médecine pour embrasser le métier de ses rêves. Après cinq ans d’études à l’Université de Maurice (UoM), elle reçoit ses résultats en décembre 2015, confirmant qu’elle a réussi à ses examens. Après son attestation en février 2015, elle s’inscrit auprès du Medical Council dans l’espoir de commencer son internat dans un délai de six mois comme par le passé.
Mais l’attente est longue. Pooja fait face à des contraintes financières. Elle avait promis à ses parents de les aider à rembourser un prêt de Rs 950 000 qu’ils avaient contracté auprès d’une banque pour financer ses études. Mais le délai accordé par la banque est déjà arrivé à expiration.
Pooja est issue d’une famille modeste de quatre enfants. Son père est laboureur et sa mère ouvrière d’usine. Elle est l’aînée et sa cadette étudie à l’université. Elle a deux autres sœurs, l’une prépare le Higher School Certificate et la benjamine le School Certificate.
La fraîche émoulue nous explique que ses parents ont consenti à des sacrifices pour donner une bonne éducation à leurs enfants et leur assurer un meilleur avenir. Pooja fait la fierté de sa famille. Après ses études, ses parents pensaient qu’ils allaient enfin pousser un ouf de soulagement. Ils croyaient que leur fille aînée allait apporter sa contribution financière et éponger la dette qu’ils avaient contractée auprès de la banque.
La principale inquiétude des parents de Pooja : le terrain de sa grand-mère mis en hypothèque pour l’emprunt de Rs 950 000. « Quand j’avais opté pour la médecine, nous avions fait une demande pour un ‘Student Loan’ avec garantie immobilière. J’ai pris contact avec des proches qui n’ont pas pu se porter garant auprès de l’établissement bancaire. Ma grand-mère a alors offert en garantie son terrain sur lequel est construite une maison. J’ai pu ainsi obtenir le prêt. »
« Au cours des cinq premières années se terminant en septembre 2015, mon père a payé des intérêts valant environ Rs 240 000. Et on devait rembourser les mensualités du prêt à compter de février 2016. Nous sommes allés voir notre banquier qui a finalement accepté d’étendre le délai à condition que le ministère de la Santé me donne une lettre de confirmation quand exactement je serai recrutée en internat à l’hôpital. Au ministère, on m’a fait comprendre qu’on ne pouvait me donner une lettre pour confirmer quand j’allais être recrutée car ils n’ont pas de date précise », raconte Pooja.
Aujourd’hui, la banque reconsidère le cas de Pooja. Une décision sera prise au cas où elle aurait une extension de garantie après avoir été convoquée devant un board. « Mon père touche un salaire de Rs 10 000 par mois comme laboureur. Il fait aussi des petits boulots comme jardinier pour subvenir aux besoins de la famille. C’est démotivant et décourageant quand je me rends compte que je n’aurais pas dû faire des études en médecine. J’ai présenté une requête à Anil Gayan, ministre de la Santé, lui demandant de considérer le cas de ces étudiants en médecine rapidement et de dégager une solution pour qu’ils puissent faire leur internat », lance Pooja.
Attente angoissante
Nawsheen attend depuis presque un an de compléter son internat à l’hôpital pour pouvoir pratiquer comme médecin généraliste. Cette Curepipienne de 26 ans est un modèle de réussite. C’est dommage qu’elle soit au chômage depuis août 2015, en attendant que le gouvernement décide de recruter un nouveau ‘batch’ de médecins internes à l’hôpital. Malgré le fait qu’elle soit une diplômée, elle doit continuer à vivre aux crochets de ses parents.
Depuis septembre 2015, Nawsheen est titulaire d’un diplôme en MBChB en médecine après de longues années d’études. Après avoir été classée parmi le 25 lauréats de la cuvée 2008, elle a bénéficié d’une bourse. Elle a alors décidé d’embrasser le métier de ses rêves.
Après quatre années d’études à l’UoM, Nawsheen complète ses deux dernières années à l’Université de Bordeaux, où elle réussit haut la main ses examens. Des organisations islamiques et des proches l’ont financièrement aidée pour terminer ses études.
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