Le Budget 2017-1018, présenté jeudi par Pravind Jugnauth, Premier ministre et ministre des Finances, a été décortiqué dans l’émission Au coeur de l’info. Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul accueillaient sur le plateau Georges Chung, Senior Advisor au Bureau du Premier ministre, l’économiste Éric Ng, Raj Makoond, Chief Executive Officer de Business Mauritius, et Afsar Ebrahim, Deputy Managing Partner de la firme BDO.
Georges Chung : « Classique et cohérent »
Pour Georges Chung, le budget présenté jeudi est « classique et cohérent ». « Il contient une série de mesures pour atteindre une croissance de 4,1 %, contre 3,9 % en 2017 », fait-il ressortir.
Et d’ajouter que c’est un budget qui vise les court, moyen et long termes au niveau des investissements et de l’amélioration du niveau de vie de la population.
Certes, souligne le Senior Advisor au Bureau du Premier ministre, Maurice a obtenu une ligne de crédit de l’Inde, mais cet argent, avance-t-il, sera utilisé pour améliorer la croissance économique. « Sans cette somme, le gouvernement aurait eu à recourir à un emprunt de 25 à 30 milliards de roupies pour financer certains projets. Ce qui aurait augmenté notre déficit », fait valoir Georges Chung.
Éric Ng : « Ce budget ne relance pas l‘économie »
L’économiste Éric Ng, pour sa part, reste sceptique sur le taux de croissance annoncé. « Ce budget ne relance pas réellement l’économie. Je trouve donc difficile de croire que le pays atteindra une croissance de 4,1 % », indique-t-il.
De plus, Éric Ng fait remarquer que le taux de croissance enregistré pour 2016-17 était de 3,9 %, soit en deça des 4,1 % prévus dans le budget. L’économiste avance qu’on ne peut réaliser la croissance sur l’endettement public. « C’est clair que, de ces Rs 35 milliards de l’Inde, 50 % constituent une ligne de crédit qu’il faudra rembourser d’une manière ou d’une autre », dit-il.
Raj Makoond : « Il faut des projets rentables »
Faisant état de la dette, le Chief Executive Officer (CEO) de Business Mauritius explique qu’on doit l’étudier par rapport au Produit intérieur brut (PIB). Raj Makoond trouve intéressant que le budget aborde la discipline macro-économique et parle de ramener la dette de 66,1 % à 63 % du PIB. Il avance que l’idéal serait de la ramener à moins de 60 %.
Raj Makoond explique qu’un budget est préparé en fonction d’une vision économique et d’un plan de dépenses et de revenus. « Si le taux de la dette n’est pas soutenable, il y a un problème », dit-il. Ce qui explique qu’il faut des projets rentables. Le CEO de Business Mauritius fait remarquer que le taux de placement du secteur privé dans l’économie est de 74 %. Ce qui permet au pays d’enregistrer un taux de croissance de 3,9 %, souligne-t-il.
Afsar Ebrahim : « Pas de création d‘emplois »
Le Deputy Managing Partner de la firme BDO a axé une partie de son intervention sur le jobless growth. Afsar Ebrahim avance qu’en cinq ans, le taux de croissance est passé de 3,2 % à 3,9 %. Certes, fait-il ressortir, il y a eu croissance, mais pas suffisamment de création d’emplois.
« Il est important de savoir quels sont les secteurs porteurs de croissance. Il est vrai qu’une bonne partie de la croissance vient de la consommation, de l’investissement étranger dans l’immobilier, mais c’est vrai aussi qu’on ne crée pas suffisamment d’emplois. À part le service financier, qui recrute, il n’y a pas de création d’emplois dans les autres secteurs », fait remarquer le Deputy Managing Partner de la firme BDO.
Afsar Ebrahim souligne qu’il y a de l’emploi à Maurice, mais qu’il y une inadéquation entre l’offre et la demande. Il explique aussi que des Mauriciens refusent d’exercer dans certains secteurs, d’où le recours aux travailleurs étrangers.
Emplois et mismatch
Pour Georges Chung, il ne peut y avoir de création d’emplois sans investissement. « Des investissements ciblés par rapport à la structure économique mondiale, par exemple », précise le Senior Advisor au Bureau du Premier ministre. Et d’avancer qu’il faut investir dans les secteurs porteurs. Sinon, il y aura un jobless growth.
Le CEO de Business Mauritius explique, lui, que, par le passé, notre modèle économique était fondé sur les low-skilled jobs et les régimes préférentiels. Aujourd’hui, avec le nouvel ordre économique, nous devons davantage nous diversifier afin de faire face à la concurrence au niveau mondial. « On a besoin de quelques éléments que j’appellerais horizontaux, pour apporter la croissance et des emplois durables », dit-il.
Parlant du secteur des Tic, Raj Makoond avance que Maurice est dépassé. Selon lui, il faut un nouveau cadre légal pour attirer de nouveaux investisseurs, une modernisation des infrastructures et une formation plus demand-driven du personnel. Il parle aussi d’une corporate reengineering.
L’économiste Éric Ng fait ressortir qu’il y a plusieurs emplois disponibles dans le secteur privé, mais qu’il y a un problème de mismatch. Il préconise que les jeunes soient davantage orientés vers la filière polytechnique. Un domaine en grande demande dans les secteurs émergents.
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