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Le blues des fêtes de fin d’année

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La période de Noël et du Nouvel an ne rime pas toujours avec joie et bonne humeur. Cette période peut être pour certains un moment très douloureux. Ils perdent alors toute envie de festoyer et de se réjouir. Rencontre.

Chez la famille Boodhun, dans le grand salon où tout le monde se réunit, pas de sapin, pas de décoration. Sur une table dans un coin de la pièce, des fleurs, des bougies et une grande photo. C’est celle du père de famille, décédé il y a à peine un mois. Il est mort d’un malaise cardiaque. Depuis, aucun membre de la famille n’a goût à la fête. Sa fille Ania, avance : « Mon père venait tout juste d’avoir 60 ans.

C’était le pilier de notre famille. Ma mère et lui étaient très proches et complices. Ils passaient beaucoup de temps ensemble. Ils s’occupaient de la maison et de leurs animaux.  Depuis sa mort, ma mère est dans tous ses états. Nos enfants sont encore petits et ne comprennent pas ce que veut dire la mort. Ils ne comprennent pas pourquoi on est tous tristes à la maison. Ils réclament le sapin ». Sa sœur explique pour sa part que c’est vraiment dur de faire la fête quand un être cher vous manque. « Ses petites habitudes, ses petites manies, de ne pas le voir à la place où il s’assoit pour le réveillon, ne pas l’entendre faire mille et une recommandations aux enfants nous manquent », dit-elle.

Triste

Contrairement à cette famille qui fait toujours son deuil, il y a aussi ceux pour qui les fêtes de fin d’année rendent tristes, notamment les enfants de parents divorcés. «C’est comme ça chaque année. À la vue des familles qui font leurs shoppings de Noël, qui rénovent leurs maisons ou décorent ensemble le sapin, cela me rend triste. Ce n’est pas que je n’aime pas ces fêtes, mais cela me rend triste, car je me demande pourquoi je ne peux célébrer en famille »,

explique Sanjana, 17 ans, dont les parents ne sont plus ensemble depuis dix ans. « C’est vrai que j’ai toujours droit à deux fêtes et si cela me semble chouette pour mon anniversaire, c’est tout à fait différent pour les fêtes, surtout pour le Nouvel an, car à minuit la première chose que j’aime faire c’est de serrer dans mes bras mes parents et de leur dire à quel point je les aime et, chaque année, je sers maman ou papa ou j’appelle l’autre parent au téléphone et cela me fait toujours pleurer », raconte-elle avec une pointe de nostalgie.

Le psychothérapeute Samcoomar Heeramun explique que ces fêtes sont surtout synonymes de retrouvailles, de festins et de partage en famille : « Dès que quelqu’un se sent exclu, il va mal. De plus, c’est difficile de dire qu’on n’aime pas Noël, mais ce n’est pas vraiment ça, c’est surtout que beaucoup se taisent sans oser avouer leurs peines réelles. Les fêtes en elles-mêmes ne sont pas un problème, c’est surtout la difficulté de surmonter ses peines. On a alors besoin de rendre quelqu’un ou quelque chose responsable de ce mal-être. » Il conseille de ne pas s’isoler le temps des fêtes : «L’isolement cause la dépression, la remémoration de conflits et de la nostalgie ».

Aliyaah : « Je me sens rejetée »

Cette jeune fille, qui habite une maison d’accueil, est en ce moment à l’hôpital.  Elle attend que les responsables du centre d’accueil où elle habite veuillent bien venir la chercher. « C’est insupportable de rester là à attendre. Les autres filles du centre sont un peu ma famille. En cette période de fête, les responsables ne veulent pas encombrer leur maison d’accueil et malheureusement nous en faisons les frais. De plus, nous avons l’impression d’être des fardeaux, on se sent rejetés ». Elle devait rentrer il y a une semaine et à l’heure où nous mettions sous presse, nous avons appris qu’elle était de retour au centre.

Jason Leroux : « Je suis allé déposer un cadeau au cimetière pour mon fils »

Jason Leroux.
Jason Leroux.
Jairus, le fils de Jason, est mort  à l’âge de 4 ans.
Jairus, le fils de Jason, est mort à l’âge de 4 ans.

Son fils unique s’en est allé en mai dernier à l’âge de 4 ans. Son histoire avait touché plus d’un. Jairus Leroux avait une tumeur au cerveau. Cela avait été découvert en novembre 2017 et, depuis, ses parents avaient mené un dur combat pour venir en aide à leur fils. Le petit bonhomme s’est battu jusqu’au bout. Il avait fait preuve de beaucoup de courage et de patience à chaque fois qu’il était admis à l’hôpital. Malheureusement, il a rendu l’âme en mai dernier, laissant derrière lui des parents inconsolables. Son père ne cesse de penser à leur dernier Noël et aux cadeaux qu’il avait demandés. « Son dernier Noël, il l’avait célébré à l’hôpital Victoria. C’est là-bas que nous avons déposé ses jouets. Je me rappelle qu’il avait demandé un robot. Il était tellement content de nous voir et de savoir qu’il n’avait pas été oublié pour Noël. Depuis qu’il nous a quittés, tout a changé. On n’a plus le cœur à la fête, c’est difficile de faire un anniversaire sans lui ».

Il avoue que ce premier Noël sans son fils a été particulièrement éprouvant.  « Pour la première fois, nous ne fêterons pas Noël. Cette année, je lui ai quand même acheté un cadeau que j’ai déposé sur sa tombe. Je sais que pour certains cela peut paraître bizarre, mais j’avais besoin d’acheter un petit quelque chose pour lui », dit-il avec tristesse.

Il ne se passe pas une semaine sans qu’il ne mette de petites pensées et des photos de son fils sur sa page Facebook. Le petit bonhomme s’en est allé, mais les souvenirs sont toujours là et dans le cœur de ses parents.

Sarah Henriot : « Je reste forte pour mon fils »

L’époux de Sarah est décédé avant la naissance de son fils.
L’époux de Sarah est décédé avant la naissance de son fils.

Cette jeune maman célibataire, à chaque Noël, ne peut célébrer sans penser au père de son fils qui est décédé avant sa naissance. « C’est vrai que je demande comment auraient été les choses s’il était là. C’était une personne formidable, je suis sûre qu’il aurait été un papa gâteau. Mon fils grandit, il a besoin de son père et pose des questions. Comme on dit souvent, les meilleurs s’en vont. Je sais que son père aurait voulu qu’il ait de joyeuses fêtes et qu’il soit heureux, donc j’essaie tant bien que mal de lui offrir tout ce qu’il y a de mieux. Je ne peux le priver de ces moments magiques. Je préfère donc souffrir en silence. C’est pour cela que je m’efforce de sourire et de ne pas le faire ressentir la tristesse en moi ».

Sarah avance qu’elle se rappelle des fêtes de Noël célébrées durant son enfance. « Ah oui, j’ai eu des supers Noël. Nous n’étions pas riches, mais il y avait toujours beaucoup d’amour à la maison, de joie, du partage et de la bonne humeur. On était tous ensemble. Maintenant, c’est chacun pour soi et c’est un peu dommage de ne pouvoir se retrouver pour partager ces moments ensemble. Cela me rend très triste. Je m’accroche à ce désir et je me dis que sans doute un jour quand je serais vieille, je serai entourée de mes enfants et de mes petits-enfants. »

Quelques conseils pour éviter la déprime

Si, chaque année, cette période vous rend particulièrement triste, il est donc important de vous y préparer. Évitez de passer Noël ou le Nouvel an seul. Brisez l’isolement en cherchant des activités à faire. Si vous ne souhaitez pas aller chez des proches, vous pouvez aussi partager ce moment avec des enfants ou des adultes dans les orphelinats ou des maisons d’accueil.  Cela aide de voir qu’il y a d’autres personnes qui connaissent aussi des difficultés en cette période et leur apporter de l’aide fait beaucoup de bien.

Si vous avez un coup de blues, ce n’est pas grave, car cela peut être passager. Cependant, il est important de surveiller l’évolution de vos sentiments et des symptômes afin d’éviter de sombrer dans la dépression. Il est important de ne pas dramatiser et de prendre les mesures qui s’imposent.

Si vous ne voulez pas vous retrouver en famille, pensez aussi aux amis, ils seront contents de vous accueillir. Sinon, changez d’air. Vous pouvez planifier des vacances à cette époque, visitez un pays, passez un bon moment dans un hôtel ou allez à la découverte d’une nouvelle destination.

N’hésitez pas à consulter un psy s’il le faut. Un professionnel saura vous aider à surmonter cette étape pénible de la vie.

 

 

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