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Laval Ng, un passionné qui croque la vie à pleines dents

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Ling Kong Laval Ng Tung Hing, plus connu sous le nom de Laval, est, à 79  ans, un homme comblé. Ce consultant en ingénierie pète la forme et ne fait vraiment pas son âge. Le Défi senior est parti à la rencontre de passionné au sourire contagieux, qui a dessiné les plans des fameux portiques de Chinatown à Port-Louis. Le temps d’une pause-déjeuner, ce fils de parents boulangers nous ouvre quelques pages de sa vie.

Laval Ng passe une enfance chaleureuse, rue de La Paix, quartier populaire sino-mauricien à Port-Louis. Comme tous les enfants de son âge à l’époque, il apprend le mandarin avant d’intégrer l’école primaire normale. Il passera son Primary School Certificate et fera ses études du cycle secondaire au collège Royal de Port-Louis.

Élève brillant, il obtient de très bons résultats et sera boursier de la Commonwealth Scholarship. Cette bourse lui ouvrira les portes d’une aventure inédite dans la Grande péninsule.

Inscrit à l’Université de Bénarès, dans l’Uttar-Pradesh, en Inde, il y étudiera pendant quatre ans pour obtenir une licence en Civil and Municipal Engineering. Des études qu’il réussit avec mention First Class. Seul hic, sa famille lui manque beaucoup ; à l’ère où l’Internet et le smartphone n’existait pas, la bonne vieille tradition d’écrire à ses parents est le moyen de rester en contact avec sa famille. 

« J’étais homesick. Pendant ces quatre ans, ma famille m‘a bien manqué, j’écrivais une lettre à mes parents chaque mois pour les informer de ma situation », partage-t-il, nostalgique.

De retour à Maurice en 1966 avec un diplôme en poche, le jeune Laval est alors âgé de 26 ans. Il est embauché comme Works Engineer à la municipalité de Port-Louis. Il sera parmi les premiers ingénieurs du pays venant de la communauté sino-mauricienne. Une fierté pour sa famille et sa communauté. « J’ai fait toute ma carrière à la mairie de Port-Louis. » Trente-deux ans, durant lesquels il gravira les échelons pour prendre une retraite bien méritée de City Engineer. Laval Ng est un éternel passionné de son métier. Si les portiques de Chinatown sont sa fierté, car il en a lui-même dessiné les plans de construction, il a également utilisé ses talents à plusieurs autres bâtiments importants.

À 26 ans toujours, Laval tente l’aventure de la vie à deux avec Chantal. Les deux se connaissent à travers une tierce personne qui arrange une rencontre. « Enn madam kin dir se enn tifi de bon fami letan monn guet li, sertin soz inn frap mwa en li, monn truv li zoli et trankil », dit en souriant Laval Ng. Il est tombé amoureux au premier regard.

De cette union heureuse, qui dure depuis 46 ans, sont nés une fille et un garçon. La fille de Laval Ng, Corrine est un visage connu du monde sportif à Maurice. Elle a représenté le pays dans plusieurs compétitions de tennis. Quant à son fils, un ancien lauréat, il s’est établi à Hong Kong.

Aujourd’hui, Laval Ng est aux côtés de ceux qu’il aime. Il prend soin de sa santé. Il est méticuleux concernant ce qu’il mange et pratique la marche pour rester en forme. Pour se divertir, Laval Ng est membre de l’association seniors Fook Look Soo dont il est aussi président cette année. Il aide à mettre sur pied des activités de détente et aussi du social, car il aime aider les autres.

En ce Nouvel An du rat, nous ne pouvons que souhaiter à Laval bonheur et prospérité !

Il était une fois... la Fête du Printemps 

laval
Devant les fameux portique se ChinaTown. Laval avait dessiné les plans des portiques.

Chinatown n’était pas la ville d’aujourd’hui, mais elle est toujours restée le lieu incontournable des Chinois et des commerçants. Laval Ng nous explique.

« C’était une toute autre ambiance. Les Sino-mauriciens, qui géraient leurs commerces un peu partout à travers l’île, montaient à Port-Louis acheter leur marchandise et y restaient toute la nuit. Puis le lendemain, ils prenaient le bus et retournaient dans leurs villages respectifs pour ravitailler leur stock », se rappelle Laval.

C’était l’époque où la communauté était plus large : « Asterla nu moins parski la plupart ine immigré Canada et Australie ».

La célébration du Nouvel An chinois était « un moment qu’on attendait tous avec impatience, il y avait une effervescence palpable dans l’air, des décorations, entre autres », partage-t-il, les yeux remplis d’étoiles.

Il raconte que le réveillon se faisait à la maison et la table était garnie de toutes sortes de mets, les uns plus succulents que les autres : le poisson qui est signe de prospérité, les œufs de cent ans, la soupe d’aileron de requin, qui se vendait cher mais qu’ils se permettaient une fois pour le Nouvel An.

« On aidait nos parents en cuisine, il y avait plusieurs plats sur la table, on prenait un plaisir à se servir et à boire du Whisky », se rappelle-t-il. « On n’oubliait pas le fameux gâteau la cire !!! ». C’était le must des fêtes. Les cousins, les cousines, tantes, oncles et grand-parents célébraient tous ensemble. Les pétarades ne manquaient pas, pas plus que les folkloriques danses du dragon. »

Laval explique que cette fête du Nouvel An était tellement importante que c’était le seul moment où la communauté sino-mauricienne fermait ses commerces pendant plusieurs jours.

Pour l’année chinoise, après la visite à la pagode tôt le matin, il y avait une tradition. Toute la famille prenait un bus pour aller à la plage. 

« Nu ti p fer lacote morice, passe la zourné la plaz apres lerla zuer Mahjong », raconte Laval Ng, pour qui « c’était le bon vieux temps ».

C’était aussi le temps de la fameuse distribution des Foon Pao, enveloppes rouges contenant de la monnaie.

« Tout ine sanzer aster selment. » Les nouvelles générations préfèrent célébrer le Nouvel An dans des restaurants ou préfèrent passer les fêtes à l’extérieur. 

« Des fois, les traditions se modernisent, mais les recettes des plats traditionnels, les jeunes ne connaissent pas trop », nous confie Laval.

Cependant, il trouve que les jeunes commencent à suivre les traditions à leur façon. Les jeunes qui font des études, ou qui ont émigré à l’extérieur, essayent de rentrer pour les fêtes. C’est déjà bon signe pour les années à venir.

 

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