Ils viennent d’être proclamés lauréats de la cuvée 2016. Des projets plein la tête, ces jeunes entameront bientôt des études supérieures pour ensuite intégrer le monde professionnel. Entre temps, ils s’expriment sur la situation politique du pays et font part de leurs propositions pour assurer le développement sur les plans économique et social.
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Noor-E-Mohammad Mustun : « Trop de bassesse »
Noor-E-Mohammad Mustun (18 ans), lauréat dans la filière économie au collège Royal de Curepipe, ne s’intéresse pas vraiment à la politique locale. « Je suis à peine l’actualité politique de nos jours. Trop de bassesse », dit-il. Ce jeune homme constate qu’il y a trop de mots et pas assez d’actions. « Notre pays n’avance pas assez rapidement. On a besoin de plus de transparence et de bonne gouvernance. Les politiciens actuels sont trop orgueilleux. Cependant, le régime actuel a tous les moyens pour mettre le pays sur les bons rails d’ici la fin de leur mandat. Personnellement, j’ai confiance en le nouveau Premier ministre. Maintenant, tout dépend de la volonté de nos leaders pour faire progresser notre belle île », souligne-t-il. Pour plus de stabilité politique, ce lauréat pense que nos leaders doivent adopter une attitude plus positive envers le travail.
« Une coopération entre les différents partis politiques serait bénéfique », ajoute-t-il. Parlant de l’économie, Noor-E-Mohammad Mustun avance que Maurice doit pouvoir être complètement autonome : « Les dettes doivent être payées et nous ne devons plus emprunter à d’autres pays. On a besoin de multiplier la production locale et diminuer nos importations. Plus de production équivaut à plus de richesses, plus d’emplois, plus d’investissements et plus de croissance économique. Or, cette croissance doit se focaliser sur la classe moyenne. » À son avis, l’avenir de Maurice réside dans l’économie bleue, c’est-à-dire, l’exploitation soutenable de l’océan. « Si nous parvenons convenablement à exploiter nos ressources marines et à éviter de laisser les revenus aller à l’étranger, dans 25 ans, nous deviendrons beaucoup plus riches que Singapore. Ce sont les autres pays qui tenteront alors de copier notre modèle économique », soutient-il.
Ghunshyam Anvesh Jhuboo : «C’est un jeu d’échecs»
Ghunshyam Anvesh Jhuboo, qui a décroché la State of Mauritius Scholarship dans la filière scientifique au collège St Esprit, compare la politique à un jeu d’échecs. « Le politicien au pouvoir doit bouger chaque pion minutieusement. Sinon, il fera l’objet d’une avalanche de critiques. C’est une pression au quotidien qui titille les nerfs. La politique à Maurice est une spirale vieillissante », explique-t-il. Pour le lauréat, il est également grand temps de résoudre le problème du chômage, surtout chez les jeunes gradués à Maurice. « Les jeunes les plus compétents quittent le pays et n’y retournent jamais. Selon moi, nous devons, en tant que jeunes, créer de l’emploi non seulement pour nous même, mais aussi pour les autres. Pourquoi ne pas devenir des futures Elon Musk, Jack Ma, Jeff Bezos et Steve Jobs et avoir un impact positif sur l’avenir de l’humanité ? Le risque d’échouer fait partie du jeu. Mais c’est un jeu où celui qui refuse de s’avouer vaincu, gagne à la fin. La jeunesse est une période de la vie où on peut se permettre d’entreprendre ce genre de projet et de réaliser ses rêves », fait ressortir Ghunshyam Anvesh Jhuboo.
Zahraa Sawdah Khan Jaffur : «La politique à Maurice a besoin des jeunes»
Zahraa Sawdah Khan Jaffur, 18 ans, est la toute première lauréate (Économie) du collège Doha. Elle se réjouit que Maurice, étant une démocratie, permet au peuple d’élire le parti de sa convenance. « Pour moi, Angela Merkel et la dame de fer, Margaret Thatcher, sont deux politiciennes modèles, qui ont bien fait progresser leur pays respectif. Par contre, pour une stabilité économique, je propose qu’on attire de nouveaux investisseurs qui, à leur tour, apporteront une stabilité sociale à travers la création d’emplois sur le marché. Il y aura ainsi moins de chômeurs et le nombre de gens qui se tournent vers le vol ou d’autres crimes pour se procurer de l’argent va baisser. La création d’emplois va donc accroître la sécurité dans le pays. Il faudra aussi donner la chance aux jeunes de se prouver sur le plan professionnel et politique. La politique à Maurice a besoin des jeunes, car ce sont eux qui doivent construire l’avenir du pays », explique-t-elle.
Ramini Luchmee : «Il ne faut pas avoir des préjugés»
Ramini Luchmee, lauréate du collège Modern, parle, pour sa part, de collaboration entre les politiciens. « La politique à Maurice, comme à l’étranger, connaît des hauts et des bas. Les politiciens viennent de l’avant avec de différentes idées, mais il est important qu’il y ait une synergie entre eux pour le bon développement du pays », souligne-t-elle. D’autre part, elle soutient qu’il ne faut pas avoir des préjugés en ce qui concerne les politiciens. « Chacun doit avoir la chance de se prouver », dit-elle.
Par ailleurs, elle se réjouit de la représentation féminine dans l’arène politique, une plate-forme longtemps réservée qu’aux hommes. « Toutefois, que ce soit les femmes ou les hommes, il est important d’avoir une bonne gouvernance. Ceux ayant une vision et de bonnes intentions pour le pays ne doivent pas hésiter à intégrer la sphère politique. L’ancien Premier ministre du Singapour, Lee Kuan Yeu, en est l’exemple. Il a transformé son pays en un First World country », fait ressortir la lauréate. Ramini Luchmee affirme que la création d’emploi reste un problème majeur pour le pays. « Il faut donner la chance à ceux qui le méritent. C’est ainsi qu’on parviendra à éradiquer la pauvreté. Aujourd’hui, nous constatons que certains jeunes n’ont pas de repères et ne s’intéressent guère à ce qui se passe sur le plan politique. Cela est dû au fait qu’ils n’ont pas de guide et qu’il y a tant d’obstacles sur leur chemin », remarque-t-elle.
Rony Busviah : «Une politique plus centrée sur l’entrepreneuriat»
Rony Busviah (19 ans), lauréat du collège Royal de Port-Louis dans la filière économique, pense que malgré les différentes mesures mises en place pour aider les gens, il reste encore à faire sur les plans économique et social. « Le chômage reste figé dans le pays, d’autant plus que les jeunes sont les plus touchés. Aussi, il est important que la politique se focalise sur l’éradication de la pauvreté dans le pays. La situation politique actuelle n’est peut-être pas parfaite, mais elle reste quand même quasi-stable, en comparaison avec d’autres pays d’Afrique. Je pense que la situation politique actuelle garantit quand même un certain équilibre social et humain », dit-il.
Notre interlocuteur préconise que l’on donne plus de voix aux jeunes, à ceux qui ont des idées à proposer, pour que les décisions politiques aient une perspective plus globales et représentatives des situations actuelles du pays. « Une politique plus dirigée sur l’entrepreneuriat, en encourageant les PME, aiderait à résoudre les problèmes du chômage et de la pauvreté », préconise-t-il. Il ajoute qu’il a côtoyé beaucoup de jeunes qui sont intéressés par la politique, mais a constaté que l’absence de plate-formes adéquates décourage ces derniers à se jeter dans l’arène.
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