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L’Assemblée nationale dissoute : le pays en campagne électorale pour cinq semaines 

Pravind Jugnauth.

L’Assemblée nationale a été officiellement dissoute vendredi, marquant le début de la campagne électorale qui durera cinq semaines, jusqu’aux législatives du 10 novembre. Pravind Jugnauth, à la tête de l’alliance gouvernementale, briguera les suffrages, avec le soutien du PMSD. Face à lui, l’Alliance du Changement menée par Navin Ramgoolam et ses partenaires espère renverser la majorité. 

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La République de Maurice entre officiellement en campagne électorale. Le vendredi 4 octobre 2024, le Président Prithviraj Roopun a dissous l’Assemblée nationale sur avis du Premier ministre, Pravind Jugnauth, conformément à l’article 27(1) de la Constitution. Les « writs of election » ont été émis, fixant le Nomination Day au 22 octobre et la date des élections générales au 10 novembre. 

Le pays s’apprête donc à vivre une nouvelle échéance démocratique, après un mandat complet de cinq ans. Pravind Jugnauth se prépare ainsi à solliciter à nouveau les suffrages en tant que Premier ministre, un poste qu’il avait déjà défendu lors des élections de 2019, où il avait conduit la coalition MSM-Muvman Liberater (ML)/Plateforme Militante/Muvman Patriot Morisien. 

Cette année encore, le chef du gouvernement sortant pourra compter sur ses trois alliés, Ivan Collendavelloo, Steven Obeegadoo et Alan Ganoo, mais avec une nouveauté notable : l’adhésion du Parti mauricien social-démocrate (PMSD), dirigé par l’ex-leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval. 

Le PMSD, ainsi que le ML, avait déjà été les partenaires du MSM lors de la victoire de 2014, sous la houlette de sir Anerood Jugnauth, le père de Pravind Jugnauth. Le PMSD avait mis fin à sa coopération avec le MSM le 19 décembre 2016 pour empêcher l’adoption du Prosecution Commission Bill, qui visait à mettre sous tutelle le Directeur des Poursuites Publiques. Après huit ans, les bleus se remettent donc en équipe avec les oranges. 

Face à cette coalition gouvernementale plus le PMSD, l’opposition parlementaire se structure autour de l’Alliance du Changement, menée par l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam, à la tête du Parti travailliste (PTr). À ses côtés, deux acteurs majeurs : Paul Bérenger, leader du Mouvement militant mauricien (MMM) et le parti Nouveaux Démocrates, né d’une scission du PMSD. 

Cette coalition espère renverser la majorité sortante en jouant la carte de l’alternance. Dernièrement, elle a intégré un quatrième partenaire, Rezistans ek Alternativ, avec qui elle peaufine les derniers points d’un accord formel. Tout comme en 1995 et 2014, le PTr et le MMM refont équipe. 

Sur l’échiquier politique, d’autres formations espèrent jouer un rôle déterminant, bien que minoritaire, lors de ce scrutin. C’est le cas de Linion Moris, codirigé par l’avocat Rama Valayden et le député Nando Bodha, ancien ministre démissionnaire du gouvernement Jugnauth. De même, le Reform Party de Roshi Bhadain, ancien ministre également, pourrait agir en tant qu’arbitre dans plusieurs circonscriptions stratégiques. 

Ces élections, les premières après une législature complète sous Pravind Jugnauth, s’annoncent comme un test crucial pour l’ensemble des acteurs politiques du pays. Le pouvoir est désormais entre les mains des électeurs, qui auront la tâche d’élire dans environ cinq semaines ceux qui gouverneront le peuple mauricien pour les cinq prochaines années. À noter que pour la première fois dans l’Histoire de Maurice, le nombre d’électeurs dépasse le million, soit 1 002 857 électeurs inscrits. Le choix sera entre la continuité et la rupture.

La partielle du No 10 annulée in extremis avant l’impression des bulletins de vote 

La partielle qui devait se tenir ce mercredi 9 octobre dans la circonscription No 10 (Montagne-Blanche/GRSE) a été automatiquement annulée le vendredi 4 octobre, suite à la dissolution de l'Assemblée nationale par le Président de la République, Prithviraj Roopun. 

Dans un communiqué émis aux alentours de 18 heures, vendredi, le Bureau du Commissaire électoral a annoncé que « toutes les procédures relatives à l'élection partielle dans la circonscription No 10 ont été annulées ». 

Il nous revient que l’imprimerie n’avait pas encore commencé l’impression des bulletins de vote pour la partielle du 9 octobre. Les rotatives devaient être mises en marche durant le weekend. 

Cette partielle avait été provoquée par la démission de Vikram Hurdoyal en tant que député le 13 février dernier, à la suite de sa révocation comme ministre de l'Agro-industrie le 11 février. Les raisons officielles justifiant cette révocation n'ont pas encore été communiquées par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, jusqu'à présent. 

Le jour de la nomination pour cette partielle avait eu lieu au collège Bell Air State Secondary School, le 11 juillet. Seize candidats s’étaient inscrits pour y participer. Avineshwur Dayal avait été aligné pour l'Alliance mauricienne dirigée par le MSM. Les PTr, MMM et PMSD s’étaient abstenus. En revanche, Linion Moris avait aligné le Dr Neena Ramdenee.

Qu’est-ce que la dissolution de l’Assemblée nationale ? 

Me Milan Meetarbhan explique que la dissolution de l’Assemblée nationale intervient généralement à la fin d’un mandat de cinq ans. « Elle est élue pour une durée de cinq ans. À l’issue de cette période, à compter de la première séance parlementaire, elle est automatiquement dissoute », précise l’avocat. 

Il souligne que le Parlement élu en 2019 a commencé à siéger le 21 novembre. Par conséquent, cinq ans plus tard, le mandat prend fin et l’Assemblée est dissoute. Il note cependant que dans le cadre du régime constitutionnel actuel, elle peut être dissoute avant la fin de ce mandat. « En l’état actuel des choses, le Parlement pouvait être dissous le 21 novembre ou à n’importe quelle date avant cette échéance », ajoute-t-il.

L’avocat rappelle que la Constitution prévoit des délais précis pour la tenue de nouvelles élections après une dissolution. « Le délai minimum est d’un mois, tandis que le maximum peut aller jusqu’à presque cinq mois », précise-t-il. Selon lui, si une dissolution intervient, « il y a 15 jours pour nommer les candidats, suivis de 15 jours supplémentaires pour la tenue des élections ».

Abdallah Goolamallee, universitaire : «c’est la consolidation de l’État-providence»

Pour l’universitaire Abdallah Goolamallee, il n’y a aucune senteur d’une bribe électorale. Il en est convaincu : « Les mesures annoncées par Pravind Jugnauth ne s’apparentent pas à une bribe électorale. Depuis qu’il a été plébiscité en 2019, il a promis des mesures qu’il a respectées. Les dernières proposées ne sont que la consolidation du Welfare State ». 

Il avance que l’objectif du MSM et de ses alliés est de « soulager la population avec ces mesures phares ».

Et les médicaments gratuits pour tous? « Il y a eu un travail en amont qui a dû être fait pour annoncer une telle mesure populaire. Le PM n’allait pas annoncer une mesure d’une telle ampleur sans avoir réfléchi. Ce serait soutenable financièrement, sinon, il n’aurait pas pris ce pari ».

Michael Atchia du Democracy Watch : «pour la nomination de professionnels au Cabinet»

Michael Atchia du Democracy Watch, est d’avis que le pays aura toutes ses chances de réussite « si on nommait des ministres en dehors de la sphère électorale, notamment des professionnels reconnus dans des domaines spécifiques ». « Ki bizin mont lor enn kamion, fer port-a-port, vosifere lor enn kes camion (…) Le pays a besoin d’intellectuels et non pas de piètres élus au Parlement ».

Il affirme que les enjeux du pays est d’avoir des personnes compétentes et qui peuvent planifier l’avenir de Maurice et « pa zis asize ek pas reflesi ».

Yvan Martial, observateur politique : «le MSM a l’avantage»

Pour Yvan Martial, observateur politique, n’y va pas de main morte : « Le MSM a du financement et ce parti a toutes les chances de remporter la prochaine joute électorale. Le MSM a l’avantage »,  dit-il. « L’opposition, selon lui, se démène pour finaliser sa liste, alors que le MSM de Pravind Jugnauth est prêt, sachant que le Nomination Day du 20 octobre n’est pas si loin ».

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