Actualités

L’art du recyclage : quand les déchets se réinventent

Ils ont imaginé de nouvelles façons de redonner la vie à des objets que d’autres mettraient à la poubelle. Artisans et ONGs travaillent main dans la main afin de promouvoir l’art du recyclage à Maurice. Les matériaux de récupération s’invitent aujourd’hui dans la décoration. Rencontre avec ces artisans et associations qui prônent le recyclage.

Publicité

Melissa Leber : Le papier revisité

Melissa a lancé Mel-fait-main il y a deux ans.

Le papier tressé n’a pas de secret pour elle. Ce qu’elle en fait laisse d’ailleurs bouche-bée. C’est une vraie fée du tissage et surtout du recyclage. Les vieux journaux que vous mettez à la poubelle, elle en fait son affaire. À première vue, difficile de distinguer la matière qu’elle utilise. Certains diraient du rotin, d’autres du plastique. En réalité, c’est bel et bien du papier que Melissa revisite en vrais objets de décorations ou autres objets pratiques. « J’ai découvert cet art il y a deux ans avec ma belle-mère, qui fait du recyclage de papier depuis plusieurs années. J’ai tout de suite été fascinée par ce qu’elle faisait et j’ai voulu apprendre », raconte Melissa, 27 ans. Elle confie d’ailleurs que cela lui a pris près d’une année pour apprendre à manier le papier.
« C’est un travail de longue haleine qui demande beaucoup de pratique et de patience ». De la pratique, elle en a. Le papier journal, élément indispensable de ses créations est découpé, pressé et tourné en forme de tube, selon l’objet qu’elle va créer. Dépendant de la commande, cela peut lui prendre une journée ou même une semaine ou deux. « L’on ne peut même pas imaginer tout ce qui peut être fabriqué avec du papier journal », souligne-t-elle. C’est-à-dire ses boîtes à bijoux, panier de fruits ou panier à pains, cage décorative, vase, panier à linges, landau, lampe en papier, etc. Afin de solidifier ses produits, Melissa les vernit. « Les coûts ne sont pas énormes, c’est surtout la peinture qui coûte chère. »
Melissa Leber dit s’inspirer de son quotidien pour ses œuvres dont les plus récentes sont des statuettes africaines en papier tressé ou encore ses cages décoratives très prisées pour les mariages. « Je fais beaucoup de recherches et lorsqu’on fait de la récup, il faut que le travail soit irréprochable et la finition impeccable. »

Alberto François : Récupérer pour mieux créer

Alberto lors de sa participation au Green Market.

C’est un amoureux du bricolage depuis son adolescence. Alberto bidouille tout ce qu’il a sous la main, mais c’est dans la sculpture qu’il trouve vraiment sa voie. Il y a huit ans, il commence à revisiter des palettes. Petit à petit, son envie de création et sa passion pour le bricolage lui donnent envie de recycler. Plus qu’une simple passion, le recyclage devient alors tout un art pour le jeune homme, qui décide de tout plaquer pour se lancer dans l’artisanat à son propre compte en créant Rasta Chic.

« Je voyais des objets de récup et j’étais vraiment tenté de les transformer en objets décoratifs », raconte Alberto. Tout y passe : les bouts de métaux, les coraux et les troncs d’arbres qu’il transforme en table basse ou objets déco. La liste est longue, mais ce sont ses abat-jours qui ont plus de succès. Avec des objets qu’il ramasse ça et là, Alberto fabrique des œuvres d’art et des pièces uniques, car il faut le dire dans la sculpture, il est quasiment impossible de retrouver des items similaires. L’artiste utilise Facebook comme plateforme pour promouvoir ses œuvres et met en vente ses produits dans les différentes foires, notamment les Green Market à Helvetia.

Nathalie Jauffret : L’art de tout transformer

Cela va faire dix ans que Nathalie fait du recyclage dont elle a fait son métier.

Rien ne lui échappe ! Nathalie Jauffret fait partie des pionnières dans l’art du recyclage. En effet, cela va faire 10 ans qu’elle s’est mise à la récup. Pour cette décoratrice, le recyclage est une forme d’art et elle le démontre à travers ses créations les unes plus surprenantes que les autres. Si à la base, c’est la peinture qui l’intéressait, elle s’est très vite laissé prendre au jeu du DIY. « J’ai commencé avec des boîtes de conserves. À l’époque, je faisais des décorations pour ‘Women in Networking’. Je les convertissais en bougeoirs que j’habillais avec des toiles de jute. Idem pour les pots en verre. » Aujourd’hui ces mêmes items sont ramenés au goût du jour par Nathalie, qui réussit à les transformer en vrais objets décoratifs, glamour et même pailletés, à l’occasion des mariages notamment. Pour cette touche-à-tout, le recyclage n’a aucun secret.

« Il existe plusieurs façons de voir la récup, certains misent sur la récup plus en phase avec la nature notamment avec des coquillages, bois et branches. D’autres optent plutôt pour la récup d’objets que certains mettent à la poubelle. Par exemple des palettes, des encadrements de fenêtres et de portes, des tonneaux en aluminium, des pneus ou encore du papier. » Nathalie Jauffret a ainsi lancé son magasin Dekodanz’art au Caudan, où l’on retrouve plusieurs types d’objets chinés recyclés et transformés en décoration. Elle anime aussi des ateliers de récup à Mangalkhan pour l’association AILES et l’association Quartier de Lumière.

Corine Layove : La fée du recyclage

Corine Layove se spécialise dans le tissage de tissus.

Plutôt que d’en faire des chiffons, confiez-lui vos vieux t-shirts ! Corine saura en faire des merveilles. En effet, cette passionnée de récup les transforme et vite fait, bien fait ! « Je suis mère de cinq enfants et je devais travailler pour subvenir aux besoins de la famille. C’est alors que j’ai commencé à suivre des cours de tissage et j’ai ainsi pris la décision de me lancer », raconte-elle.

Corine a sa propre marque, Camartisanale, qui est présentée à Baz’Art Kreasion et sur le site esafodaz.com. Motivée par l’envie d’atteindre ses objectifs, Corine commence à créer des produits différents avec des chutes de tissu qu’elle récupère des usines. Des paillassons, sous-plats, descentes de lit, etc. « La confection demande un jour de tissage et deux jours de tressage », explique-t-elle. La mère de famille ne s’arrête pas en si bonne route et revisite aussi les vieilles bouteilles et autres pots qu’elle entoure de tissus tressés. « Ils peuvent être utilisés comme des vases ou des décorations de table lors d’événements festifs. »

Local Hands : en quête de qualité

Kishnowtee Rughoodass dans l’atelier de recyclage.

L’association se compose d’artisans issus de milieux défavorisés de Maurice. Local Hands travaille avec ses bénéficiaires et le soutien d’institutions, telles que la Fondation Médine Horizons et la Fondation Espoir et Développement, à la production d’articles artisanaux de qualité, dont la vente se destine principalement à un marché touristique. C’est ce qu’explique le manager de Local Hands, Viren Vythelingum. Outre les créations en terre cuite, les artisans de Local Hands fabriquent des produits recyclés, dans leur atelier de recyclage, avec de la paille de noix de coco, de la résine, des bijoux en papier ou avec des tiges de bambous, des cadres à photos avec des bouts de cannettes disposés en mosaïque. « Nous utilisons aussi le bois de goyave de Chine qui est considéré comme une nuisance pour nos forêts. Nous en faisons des porte-clés et autres objets décoratifs », ajoute le manager. Ces produits sont exposés et mis en vente dans le magasin de Local Hands à Trou-aux-Biches. Plus d’informations sur le 52535870.

Baz’Art Kreasion : développer des compétences dans l’artisanat

Fondée en 2011, Baz’Art Kreasion est un projet lancé par la Fondation Espitalier Noël Limited (ENL) avec deux objectifs majeurs. Responsabiliser les femmes en créant des compétences de leadership et leur permettre de prendre des commandes qui leur assurent un revenu régulier.

Depuis sa création, Baz’Art Kreasion s’est concentré sur les femmes des régions défavorisées du district de Moka. Ce projet vise à responsabiliser les femmes vivant dans les régions vulnérables avec des compétences pour développer des produits artisanaux et une plateforme pour rendre les produits visibles et donc plus susceptibles d’être vendus. Ainsi, ces femmes apprennent à fabriquer des bougies et des bijoux en papier recyclé. Ces produits sont des composants de la marque Baz’Art Kreasion et sont présentés dans leurs ateliers au Vivea Park, à Moka. Cela leur permet  d’être indépendantes et surtout de sortir du cercle vicieux de la pauvreté.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !