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L’année zéro de la télé

Décidément, plus ça avance, plus la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC) recule. On nous avait promis une télévision publique plus démocratique, plus ouverte, plus inventive et plus en phase avec son temps. Or, 13 mois après le changement de gouvernement, on en est encore très loin. Le téléspectateur doit encore se contenter d’une télé publique archaïque, dépassée et très visiblement pas au courant des évolutions survenues ces 10-15 dernières années. La médiocrité n’est pas seulement dans le traitement de l’information, mais également omniprésente dans les autres productions. La MBC pèche par manque de créativité. 51 ans après sa création, elle se comporte trop souvent comme une station diffusant un ramassis de productions faites par des amateurs. De son passé glorieux, il ne reste plus grand-chose. Elle a pourtant en son sein des professionnels passionnés et créatifs, capable de faire beaucoup mieux. Des producteurs, cameramen, journalistes et présentateurs de qualité, il y en a, mais la plupart sont assommés par le trop plein d’interventionnisme et les passe-droits. Toutes ces années d’agressions politiques ont fait qu’aujourd’hui, la radiotélévision nationale est plongée dans une léthargie profonde, ses employés préférant se limiter à ce qu’on leur demande de faire, de peur de s’attirer les foudres de ceux de « là-haut ». Aujourd’hui, la technologie permet de faire des émissions de grande qualité, pour pas cher, à condition qu’on y mette de la bonne volonté et qu’on fasse preuve d’imagination. L’autre grand drame de la MBC est son coût. Subventionnée par la population mauricienne – Rs 150 par foyer mensuellement –, elle a encaissé plus de Rs 600 millions l’année dernière, rien qu’avec les redevances. C’est-à-dire, excluant les recettes publicitaires faramineuses découlant de sa situation de monopole. Paradoxalement, sa situation financière est précaire. Une gestion hasardeuse par des nominés politiques, chargés surtout de la manipulation audiovisuelle, a fait qu’elle doit fonctionner sur une montagne de près d’un milliard de roupies de dettes. Il faut cependant préciser qu’outre quelques extravagances financières inutiles, la MBC a aussi été utilisée pour caser des copains et copines politiques. Résultat : un sureffectif de 800 personnes. À titre indicatif, M6, avec neuf chaînes de télévisions complètement distinctes, fonctionne avec environ 1 800 personnes. Sans directeur général depuis fin août, la MBC ne risque pas de se porter mieux de si tôt. Pour preuve : le mauvais cinéma qu’elle nous joue, avec l’opus mettant en scène les journalistes Ashok Beeharry et Ritvik Neerbun. Les deux ont écopé d’un avertissement cette semaine pour avoir osé exprimer leurs opinions publiquement lors d’un débat organisé par le Media Trust le 10 novembre 2015. Comme si la direction de la MBC n’avait vraiment rien d’autre à faire que de se livrer à cet exercice grotesque, prouvant le niveau à laquelle elle évolue.
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