Live News

L'ancien Chef juge : «La justice de demain est plus encline à relever les défis du futur» 

Dans cet entretien accordé au Défi Plus, l’ancien Chef juge Bernard Sik Yuen analyse l’évolution du système judiciaire à l’aube du 55e anniversaire de l’indépendance de Maurice. 

Auriez-vous imaginé qu’un jour une femme serait à la tête du système judiciaire ? 
Tout à fait. Je suis content pour Bibi Rehana Mungly-Gulbul qu’elle soit la première femme à occuper depuis peu le poste de Chef juge. Et il y en aura beaucoup d’autres, d’autant que le nombre de femmes employées au parquet et à la magistrature a dépassé celui des hommes depuis plusieurs années déjà. 

Une justice à deux vitesses… Est-ce un mythe ou une réalité à Maurice ? 
Il y a beaucoup de mythes et d’idées reçues. Aucun magistrat qui se respecte et qui s’attache à son titre d’honorabilité ne favorisera délibérément l’écoute rapide d’un procès sur la base d’une quelconque discrimination. Ce serait une violation du principe des droits fondamentaux et universels. 

Par contre, l’intelligence et la perspicacité ne sont pas accordées en proportions égales à tout le monde. Cela inclut les hommes de loi. Celui qui retiendrait les services d’un ténor du barreau aura peut-être un avantage de par la connaissance, l’érudition et le pouvoir persuasif de son représentant légal au départ. Mais évidemment, tout n’est pas joué, si son cas n’est point méritant. 

Comment rendre la justice plus accessible ?
La justice est déjà très accessible à Maurice. Les plus démunis de la société civile peuvent avoir accès à une représentation légale gratuite. 

Les procès qui traînent en longueur sont toujours d’actualité. Quelle pourrait être la solution, selon vous ? 
Il existe plusieurs solutions. Certaines ont déjà été abordées au cours des dix dernières années pour traiter de vieilles affaires. Il s’agit là de changements systémiques apportés après l’introduction de plusieurs nouvelles divisions. Il y a eu la Mediation Division, la Land Division et la Financial Crimes Division, entre autres. 

Sans compter la mise à jour de l’organigramme du travail des divisions existantes pour les rendre plus efficientes. Il y a aussi eu l’introduction partielle du système e-Filing à la Cour suprême. Ces changements systémiques ont apporté plus d’efficience. 

En revanche, le changement de mentalité a été plus difficile à apporter. Trop de renvois sont demandés et accordés par les acteurs de ce petit monde sur la base de raisons bancales. Ce sont ces complaisances et ces tolérances qui font obstacle à l’existence d’une justice efficiente. Il faut souhaiter beaucoup de persévérance à la haute hiérarchie du système judiciaire pour qu’elle réussisse à forger ce changement de mentalité. 

Comment voyez-vous la justice de demain ? 
La justice de demain, je la vois jeune, dynamique et plus encline à relever les défis du futur. La haute hiérarchie du système judiciaire a suffisamment de personnel de talent et de ressources pour assurer une performance honorable de la justice à Maurice. 

Parcours 

Né le 1er janvier 1947, l’ancien Chef juge Bernard Sik Yuen a tiré sa révérence du système judiciaire le 31 décembre 2013, à l’âge de 66 ans. Il avait prêté serment comme Chef juge le 13 juin 2007, succédant au défunt Ariranga Pillay. 

L’ancien Chef juge a fait ses études secondaires au collège St-Joseph. En 1966, il s’est rendu en Angleterre pour étudier le droit. Il a complété ses études en 1969. Il a été appelé à la barre en 1970. Il est ensuite rentré à Maurice. 

Il était avocat au parquet puis magistrat de 1984 à 1989. Il a été nommé juge en 1989 et Senior Puisne Judge en 1995. Il a également été président du Lions Club de Port-Louis entre 1988 et 2000.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !