Live News

Lancement de «blueprints» pour un pays plus numérique : vos données une seule fois, pour tous les services publics 

Le lancement du Digital Transformation Blueprint marque une étape majeure dans la modernisation des services publics et l’inclusion numérique.
  • Avinash Ramtohul : « Nous devons bâtir un écosystème digital souverain et inclusif » 

Fini les démarches répétitives. Bientôt, chaque citoyen ne devra plus fournir ses informations qu’une seule fois pour accéder à l’ensemble des services publics. C’est la promesse faite par le gouvernement qui souhaite révolutionner l’approche numérique du pays. Cette transformation s’inscrit dans le cadre du lancement de deux documents stratégiques majeurs : l’ICT Sector Blueprint et le Digital Transformation Blueprint 2025-30. 

Publicité

Ces feuilles de route ont été présentées le lundi 26 mai 2025 par le ministre de la Technologie de l’Information, de la Communication et de l’Innovation, Avinash Ramtohul, en présence du président de la République Dharam Gokhool. La cérémonie de lancement a eu lieu au Sir Harilal Vaghjee Hall, à Port-Louis. « Nous devons bâtir un écosystème digital souverain et inclusif », a-t-il dit.  Un des projets phares consiste en la création d’un Citizen Data Hub. Actuellement, les informations d’un même citoyen sont dispersées entre plus de vingt institutions différentes. Cette fragmentation complique considérablement l’accès aux services et freine le développement de solutions intelligentes basées sur l’intelligence artificielle (IA). 

« Tell Us Only Once »

Par conséquent, le gouvernement s’engage à appliquer le principe « Tell Us Only Once ». Fini donc les formulaires redondants et les documents à fournir en multiples exemplaires. Cette approche révolutionnaire permettra aux citoyens de ne communiquer leurs données qu’une seule fois. Avinash Ramtohul a été catégorique : « À Maurice en 2025, faire la queue dans un bureau gouvernemental ne devrait plus avoir sa place. » 

Parallèlement, les Blueprints accordent une importance capitale à l’équité numérique. Ils prévoient ainsi la démocratisation des paiements mobiles et l’amélioration de l’accès à Internet, particulièrement dans les zones rurales ou défavorisées. Pour le ministre, l’inclusion numérique constitue désormais un droit fondamental. En conséquence, des actions concrètes sont planifiées pour combler la fracture numérique et garantir que chaque citoyen puisse bénéficier des opportunités digitales. 

L’IA occupe une position centrale dans cette stratégie nationale. Le ministre en a d’ailleurs souligné les nombreux avantages, notamment pour l’amélioration des services éducatifs et de santé. Il a cité en exemple la prédiction des performances scolaires ou le diagnostic médical assisté. 

Néanmoins, il a également mis l’accent sur les risques émergents liés à l’IA générative. « Avec l’intelligence artificielle générative, on peut créer de fausses vidéos, de faux audios et de fausses images », a-t-il alerté. Ces technologies peuvent ainsi détruire une réputation, manipuler l’opinion publique et nuire aux enfants. C’est pourquoi il a appelé à l’établissement d’un cadre rigoureux, fondé sur une gouvernance solide des données, pour encadrer l’usage de l’IA. 

Une mise en conformité juridique urgente

En matière de législation, les Blueprints prévoient l’harmonisation du cadre juridique mauricien avec le Règlement général sur la protection des données (RGPD) européen. Force est de constater que moins de la moitié des entreprises locales se conforment actuellement au Data Protection Act. De plus, beaucoup n’ont pas encore désigné de Data Protection Officer. Le ministre a donc exhorté les acteurs concernés à inverser rapidement cette tendance. 

La stratégie repose sur trois piliers transversaux essentiels : l’e-inclusion qui vise à ce que personne ne soit laissé pour compte dans cette révolution numérique ; l’e-démocratie qui ambitionne de faire du numérique un espace modéré et respectueux des libertés fondamentales ; ainsi que l’e-diplomatie qui cherche à positionner Maurice sur l’échiquier international des négociations en matière de gouvernance numérique. 

Maya, le chatbot innovant 

Dans cette optique participative, le gouvernement a lancé Maya, un chatbot innovant destiné à recueillir les avis des jeunes sur les priorités numériques du pays. Cette initiative témoigne de la volonté d’associer la nouvelle génération à cette transformation majeure. 

Le ministre a également évoqué sa propre transition du secteur privé vers la fonction publique. Il a rendu un hommage appuyé à son équipe, qu’il décrit comme passionnée, motivée et résolue à faire progresser le pays. Pour lui, cette transformation numérique ne pourra réussir qu’avec la participation active de tous les citoyens. 

Le lancement des Blueprints répond aussi à un constat alarmant. Avinash Ramtohul a exprimé une certaine inquiétude face au recul de Maurice dans les classements internationaux. Le pays a chuté de 12 places dans l’« E-Government Development Index » entre 2022 et 2024. « Il est temps de réagir », a déclaré le ministre. 

Cette dégringolade contraste avec l’histoire numérique prometteuse de l’île. Depuis la création de la Data Processing Division en 1971 jusqu’à l’établissement du ministère des TIC en 1997, Maurice avait pourtant tracé une voie pionnière dans la région. Le ministre a souligné l’urgence de redéfinir l’orientation stratégique de la numérisation du pays. 

Gouvernance numérique : Dharam Gokhool insiste sur la confiance et l’éthique

Le président de la République, Dharam Gokhool, a placé la confiance citoyenne et l’éthique au cœur de sa vision pour la transformation numérique du pays. Il a souligné que ces valeurs constituent la pierre angulaire d’un modèle de gouvernance axé sur les données. 

Selon le chef de l’État, le Digital Transformation Blueprint constitue une expression audacieuse de la volonté du pays de devenir une île intelligente, innovante, résiliente, inclusive et durable. Le plan prévoit une réforme en profondeur de l’administration publique. Concrètement, il comprend la création d’un identifiant numérique universel, le renforcement de la cybersécurité et une stratégie nationale en IA. 

Néanmoins, Dharam Gokhool a rappelé un principe fondamental : la technologie n’est jamais neutre si elle est mal utilisée. Il estime qu’elle doit impérativement rester au service de l’humain. De plus, a-t-il ajouté, elle doit être guidée par la justice sociale et une éthique rigoureuse. 

Un des défis majeurs identifiés concerne la résistance au changement, particulièrement dans le secteur public. Face à cet obstacle, le président a préconisé l’adoption de modèles éprouvés de gestion du changement. Il a notamment mentionné le modèle de transition de Bridges. Il a aussi plaidé pour la création d’un Digital Transformation Bureau qui pourrait idéalement être placé au Prime Minister’s Office afin de piloter cette transition de manière centralisée.

En parallèle, il a insisté sur l’importance de fonder cette gouvernance numérique sur les droits humains. Il a rappelé que la vie privée, la liberté d’expression et la protection des données doivent rester des piliers démocratiques intangibles. Cette vigilance s’avère d’autant plus cruciale dans un contexte de multiplication des cybermenaces.

Dans une perspective géopolitique, il a appelé à positionner Maurice comme un hub numérique éthique et neutre dans l’océan Indien. Il encourage le renforcement des partenariats avec l’Union africaine, le Commonwealth, les Nations unies et les partenaires de l’Indo-Pacifique. Le but : mieux intégrer Maurice dans les débats internationaux sur la gouvernance numérique. 

Il a conclu par un appel à l’action adressé à l’ensemble de la société. Il a encouragé la jeunesse à s’approprier et à façonner l’avenir numérique. Il a invité les enseignants à intégrer les compétences numériques dans les programmes scolaires. Aux fonctionnaires, il a demandé de repenser leur rôle pour devenir des acteurs de transparence et de service. Il a appelé le secteur privé à investir dans l’innovation et à soutenir les start-up. Enfin, il a convié la diaspora à participer activement à ce projet national. 

  • Nou Lacaz

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !