L’affaire Sobrinho et la rentrée parlementaire

Au cœur de l’info s’est intéressée à deux thèmes d’actualités brûlantes : l’affaire Alvaro Sobrinho, qui vise directement Ameenah Gurib-Fakim, présidente de la République, et le face-à-face entre Xavier-Luc Duval, nouveau leader de l’opposition, et ses anciens frères d’armes, mardi prochain, au Parlement.

La présidente de la République a-t-elle failli ?  La question reste posée dans l’opinion publique. Pour Parvez Dookhy, avocat et constitutionnaliste, il n’y a pas de doute. Une personne occupant le poste de président de la République n’a pas le droit d’assumer une autre fonction, qu’elle soit rémunérée ou pas, même si cela n’est pas écrit implicitement dans la Constitution du pays. « Être chef de l’État, c’est assumer une fonction à plein temps. »

Le constitutionnaliste explique aussi qu’un chef de l’État ne peut occuper une fonction administrative ou exécutive car, de par sa fonction, il ne peut se permettre de se placer hiérarchiquement sous une autre personne, puisqu’il doit garder jalousement son indépendance, étant le gardien de la Constitution.

Xavier-Luc Duval : «Je suis prêt pour la grande bataille»

Les travaux parlementaires reprennent, le mardi 28 mars, avec une nouvelle configuration politique au Parlement. On a un nouveau Premier ministre en la personne de Pravind Jugnauth et le PMSD a quitté le gouvernement l’Alliance Lepep pour se joindre aux rangs de l’opposition. Son leader Xavier-Luc Duval est le nouveau chef de l’opposition, en remplacement  de Paul Bérenger.

La question qui intéresse tout le monde est si Xavier-Luc Duval pourra affronter ses anciens partenaires au Parlement. Le nouveau chef de l’opposition donne le ton : « Je suis très à l’aise et animé par un nouveau dynamisme. J’ai surtout en tête l’intérêt de la nation. »

Xavier-Luc Duval attire l’attention sur le fait qu’il compte une trentaine d’années en politique, dont 14 ans au gouvernement et 16 dans l’opposition. « Je ferai mon travail en toute conscience. » Et d’ajouter : « Nous agirons comme un chien de garde. Nous dénoncerons toutes les magouilles et autres scandales, et veillerons que le pays aient les meilleures lois possibles. »   

Le leader du PMSD laisse entendre qu’il a déjà une série de Private Notice Questions (PNQ) et que ses députés ont plusieurs questions à l’intention du gouvernement lors de séances parlementaires. Certes, la PNQ, souligne-t-il, est la prérogative du leader de l’opposition, mais il donnera la chance à tous les membres de l’opposition d’intervenir lors de cet exercice.

À une question de Nawaz Noorbux, Xavier-Luc Duval avance qu’il n’a jamais été question qu’il partagerait sa PNQ avec Roshi Badhain. Toutefois, il admet avoir demandé à la présidente de la Chambre que l’ancien ministre de la Bonne gouvernance soit sur le Front Bench de l’opposition, mais que, jusqu’ici, il n’a reçu aucune réponse.

Le politologue Jocelyn Chan Low prévoit une séance parlementaire mouvementée. D’un côté, dit-il, il y a le gouvernement qui s’est renforcé avec des transfuges venant du PMSD, du MMM et du MP et, de l’autre, le PMSD, qui voudra faire ses preuves dans les rangs de l’opposition. « Si Xavier-Luc Duval a accepté de devenir leader de l’opposition, c’est qu’il a une stratégie politique qui se cache derrière. Il veut redorer son image comme un Premier ministrable surtout et, de fait, il doit faire beaucoup d’efforts pour montrer qu’il est le digne successeur, au poste de leader de l’opposition, de Paul Bérenger ou même de son père sir Gaëtan. Je pense qu’il sera très percutant lors de ses PNQ. »

Jocelyn Chan Low avance aussi qu’étant donné que l’opposition parlementaire est fragmentée, il y aura une surenchère en ce qui concerne les différents partis présents sur les bancs de l’opposition pour montrer leur présence et leurs capacités respectives. « Paul Bérenger fera tout pour convaincre qu’il a toujours l’étoffe d’un chef de l’opposition quant à ses questions. Et il faut savoir que le Parti Travailliste a déjà déposé une motion de blâme contre la Speaker. ». Cela montre que l’ambiance sera survoltée, fait-il comprendre.