Délaissés. C’est le sentiment général qui ressort de quelques touristes qui disent avoir été arnaqués lors de leurs vacances à Maurice. Selon eux, leurs plaintes n’ont servi à rien, sinon que de faire le buzz sur les réseaux sociaux. Ceux que nous avons contactés avancent que leurs nombreux mails restent sans réponse.
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L’achat de deux ponchos à Rs 85 000 par un touriste saoudien a suscité de nombreux commentaires et de réactions de la part de plusieurs organismes. Il a donc payé Rs 85 000 pour deux ponchos. Le responsable du magasin avait expliqué que ce sont des ponchos en Cashmere mais avait accepté de le rembourser.
Pour d’autres touristes qui ont connu la même mésaventure, les choses ne sont pas aussi simples, une fois qu’ils ont quitté le sol mauricien, ils expliquent ne pas avoir eu des retours des autorités. À l’instar d’Al Hinaai Qasim, un touriste omanais, qui avait acheté onze vêtements dans un magasin à Poste-de-Flacq. Lorsqu’il s’est rendu à la caisse, on a débité Rs 296 000 de sa carte pour des articles qui auraient dû coûter Rs 29 600. Il ne s’est pas rendu compte immédiatement de cette supercherie et quand il a demandé le remboursement, on lui a affirmé qu’il avait bien pris tous ces produits en lui donnant d’autres reçus. Dans un message qu’il nous a adressé, il écrit que ses courriels sont restés sans réponse.
Quant à Kevin Boodhun, un habitant de La Caverne, qui habite à Maurice, il a été étonné qu’un marchand de glace ait fait payer 25 euros à son cousin pour une glace. « Cela s’est passé sur la plage de Pereybère le mois dernier. J’ai acheté une glace que j’ai payée Rs 50 et quelques minutes plus tard mon cousin a acheté la même glace pour Rs 1 000. Quand nous avons réclamé des explications, il nous a insulté. »
Le magasin a-t-il procédé au remboursement ?
Un responsable du magasin avait promis sur les ondes de Radio Plus jeudi de procéder au remboursement pour les achats faits par le touriste saoudien. Nous l'avons rappelé avant de publier l’article pour savoir si le remboursement a été fait sauf que la personne au bout du fil s’est montrée menaçante et n’a pas voulu nous donner de renseignements. Elle a menacé de porter plainte pour les dérangements causés par notre appel.
Combien coûtent les produits en cashmere ?
Nous avons sollicité un expert en fabrication et distribution de produite en cashmere. Il a souhaité intervenir sous le couvert de l’anonymat et, dit-il, « il est difficile sans avoir vu le produit, sans avoir toutes les informations précises autour de cet achat de vous dire s’il y a eu une quelconque escroquerie ». Selon lui, plusieurs facteurs doivent être pris en considération pour déterminer s’il y a eu effectivement une escroquerie.
Par exemple, le cashmere composé de fibres naturelles est un produit de luxe et coûte en général très cher. « À titre comparatif, 100 g de cashmere coûte 45 à 50 fois plus cher que le coton. Et je vous parle là du cashmere le moins cher du marché. Maintenant, en ce qui concerne le prix de vente, il y a d’autres facteurs à considérer : chaque fournisseur a un prix différent, par exemple si vous commandez de l’Italie vous pouvez payer au moins 75% plus cher que le prix le plus bas. Il faut aussi prendre en compte les marques que les magasins de renom vendent comme produits de luxe. »
Selon lui, on ne peut comparer deux ponchos ou autres vêtements si ce n’est pas exactement la même chose. « Même à l’œil nu, il est difficile de dire entre deux produits lequel coûte plus cher car par exemple le grammage dans les produits en cashmere est un élément important. Un poncho léger peut être vendu à moins cher, tandis que les autres utilisés pour l’hiver et qui coûtent bien plus chers demandent plus d’argent.
«Le touriste peut écrire au Commissaire de police»
L’inspecteur Shiva Coothen du Police Press Office, estime que toute personne qui veut avoir des renseignements sur l’évolution de l’enquête est en droit d’écrire au Commissaire de police et cela va de même pour les touristes. «Une enquête peut prendre du temps. Il est vrai qu’il est parfois plus difficile de boucler une enquête quand une personne n’est pas au pays. Par exemple, dans une affaire criminelle, nous devons assigner cette personne comme témoin et, en son absence, c’est au DPP de décider si on va de l’avant avec cette affaire ou pas. »
Jayen Chellum, porte-parole de l’Association des Consommateurs de l’île Maurice (ACIM) : «Le commerçant ne paie qu’une amende dérisoire»
Un commerçant peut-il vendre un vêtement 5 ou 10 fois plus cher que sa valeur réelle ? C’est la question que nous avons posée au porte-parole de l’Association des Consommateurs de l’île Maurice (ACIM). Par exemple, si une personne a une voiture qui vaut Rs 100 000 et qu’elle décide de la vendre à Rs 200 000, est-ce illégal ?
Jayen Chellum nous explique qu’il y a déjà une loi sur l’affichage des prix. Toutefois, ce produit n’est pas contrôlé et le vendeur peut se baser sur différents prix, Le problème est qu’il y a dans certains cas une exagération incroyable des prix par les commerçants. « Selon moi, ce cas est presque équitable à un vol. L’aspect à prendre en considération est que le prix aurait dû être affiché, le client n’aurait pu être volé », explique-t-il. Jayen Chellum est catégorique : la loi est claire, le prix doit obligatoirement être affiché mais cette loi n’est pas suivie par tous les commerces et ce problème est déjà survenu dans le passé où des touristes ont payé des vêtements à plus de Rs 200 000. De plus, ces pratiques continuent, car les commerçants doivent s’acquitter d’une simple amende jugée faible. «À notre niveau, nous avions informé le ministère du commerce et du tourisme de ces pratiques et que cela devrait être surveillé, mais nous n’avions eu aucun retour de leur part », concède ce dernier. Il a souligné que l’ACIM prévoit d’écrire au ministère prochainement pour soulever le problème de nouveau.
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