La voix des artistes : rencontre avec ceux qui ont chanté l’île Maurice

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Les 50 ans de l’indépendance ont eu signification particulière pour eux. Si les célébrations de cet évènement ont, pour certains, eu un goût amer, ils préfèrent n’en retenir que les bons souvenirs. Ils ont chanté et fait danser Mauriciens et étrangers sur des mélodies chantant la beauté, la culture, la souffrance et les fiertés de leur pays. Flashback...

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« Ale Moris, Ale Moris ». Un slogan que vous avez sûrement entendu durant les Jeux des Iles et que vous entendrez encore chaque fois qu’un athlète participe à une compétition de niveau mondial. Cette chanson a été composée en 2007 par Alain Auriant.

Ce n’est pas la première fois qu’Alain Auriant chante son pays. Il est également l’auteur de « La misik mo pei », « 12 mars »  et « Viv la Repiblik » qu’il interprète avec d’autres artistes. La chanson « Ale Moris, Ale Moris », on l’entend souvent lors des fêtes de l’indépendance et elle est aussi interprétée par Gérard Louis, Nancy Desrougères, Mario Justin, Nathalie Laverdure, Hervé Grivon et Denis Fricot.

L’artiste, primé aux Kora Awards de 2012, a participé à son premier concours en 1997. Depuis, il a composé de nombreux titres qui évoquent l’amour, l’amitié, qui dénoncent les fléaux de la société et qui expriment son attachement à son pays.

Alain Auriant déplore toutefois le peu de considération des autorités pour les artistes et auteurs-compositeurs. « Il est malheureux de constater qu’on ne pense plus aux artistes qui ont fait et font briller l’île Maurice sur la scène internationale : Jane Constance, Alain Ramanisum ou Jean-Georges Prosper sont des oubliés de la liste des invités des célébrations de l’indépendance. »

Sur une note plus positive, il se dit fier des progrès que Maurice a connus au niveau social, économique et politique.

Sa suggestion pour ces 50 ans : « Le gouvernement aurait dû faire une compilation de tous les morceaux des artistes qui ont écrit sur le pays et ont fait l’honneur du pays depuis 50 ans. »

Alain Auriant fait un clin d’œil à tous les artistes et garde espoir qu’ils pourront se réunir pour faire quelque chose d’inoubliable ensemble pour célébrer ces 50 ans. Il pense notamment à Serge Lebrasse et Linzy Bacbotte avec la chanson « Moris mo pei », au groupe Evoloziq, aux frères Joganah, à Nitin Chinien et Mario Justin, entre autres.


« Mo anvi travay dir pou mo pei » de Bruno Raya

C’est une chanson composée en 2012 après la proclamation des lauréats. Elle suscite en lui beaucoup d’émotions. « Cette chanson est dédiée à ces jeunes qui ont consenti beaucoup d’efforts pour être les premiers à Maurice. Elle parle de méritocratie et des difficultés à obtenir des facilités pour travailler pour le pays », déclare Bruno Raya.

L’artiste, interprète une chanson sur le communalisme dans l’album ‘Par mwa rasis pa pou pase’. S’il se dit fier en tant que patriote de célébrer le 50e anniversaire de l’indépendance, il se dit déçu en tant que Mauricien : « Dimoun ankor pans ‘Mo bann’, ‘To bann’ e li vreman domaz ek pena meritokrasi. Mo pou kontign priye pou mo pei ».


Ram Joganah : «Un 50e anniversaire dans la tristesse pour les artistes» 

Connu pour ses chansons engagées, Ram Joganah estime que les chansons qu’il a composées il y a des décennies restent d’actualité à l’occasion de ces 50 ans. Il évoque ainsi « Retar nou kiltir » ou le titre « Ti bato dan losean». « Ceux qui prennent le temps de bien écouter la chanson savent que je parle du pays. J’estime que nous n’avons pas fait beaucoup de progrès sur le plan humain. Kuma dir inn fer progre enn kote me lot kote ine res deryer. Vu qu’à Maurice, nous sommes censurés si nous évoquons des problèmes de façon trop directe, il nous faut chanter de façon abstraite.»

L’artiste estime que le pays reste prisonnier des organisations socioculturelles et souhaite à Maurice plus d’unité. « Je ne comprends pas pourquoi on accorde autant d’importance à ces associations et pourquoi les politiciens ont peur d’elles. Elles font beaucoup de tort au pays. Il importe d’avoir un centre culturel pour afin de promouvoir l’unité nationale. »

Concernant la situation des artistes, Ram Joganah  se dit découragé : « C’est un 50e anniversaire dans la tristesse pour les artistes. Allez voir combien d’artistes produiront un album pour cet évènement. C’est impossible avec le piratage et les autres problèmes inhérents. Nous sommes condamnés à un avenir sombre et il est impossible de se réjouir. »


Sandra Mayotte : «Pour un changement des mentalités»

Elle a chanté « Zanfan losean » pour les Jeux des îles et rappelle que cette chanson évoque la solidarité et le patriotisme. « Il ne suffit pas de chanter ces chansons, chaque Mauricien doit ressentir au plus profond de lui, le besoin d’agir en tant que Mauricien avant tout.»

Sandra Mayotte ajoute : « C’est avec beaucoup d’émotions que j’accueille les célébrations pour les 50 ans de l’indépendance. Je suis fière et émue. Je ne serai pas présente dans 50 ans pour le dire, alors j’en profite pour lancer un appel à un changement des mentalités. Que tous, nous revendiquions notre droit d’être mauricien avant de dire que nous sommes hindous, musulmans ou autres. Je souhaite au pays une fraternité exemplaire. »

 

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