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La vie dans un verger de litchi

Le litchi est en abondance, cette année. A tel point que le prix est très abordable. Avant que cette chair blanche juteuse et parfumée soit dans notre bouche, certaines personnes sont sur le qui-vive dans les vergers.

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Sur plus d’un  arpent de terrain à Arsenal, des centaines d’arbres sont plantés en rangées très ordonnées.  Sharmila nous raconte que son époux  reste sur place le soir pendant deux mois. Assis dans le fauteuil, son fils, une torche en main, guette le moindre mouvement suspect. Quand il pleut, il s’abrite dans la cabane.

Elle est émue quand elle nous raconte que des gens sans scrupule armés de sabres s’introduisent dans la plantation pour voler des tonnes de litchis parfois encore verts. « Kan zotte vinne pou coquin le soir, zotte pas guetter si litchis la fini paré », dit-il avec regret. Ainsi, les propriétaires des vergers se sont regroupés pour faire face à des attaques  nocturnes et l’année dernière, un enfant en bas âge a été blessée quand une balle est partie du fusil de chasse qu’il manipulait.

En abondance

Sharmila explique que la vie du marchand de litchis devient de plus en plus difficile. La concurrence est rude et certains marchands dans les villes baissent le prix. Cette année, les litchis sont en abondance sur les étals des marchés et aux abords des routes. « Sa lanela, marsan letsi finn double parski  bann dimoun ki ena letsi dan zot lakour prefer vann zot letsi divan zot laport pou gagn inpe larzan », nous laisse-t-elle entendre.

Son fils et elle sont présents tôt le matin en bordure de la route. Les litchis, que son époux a cueillis plus tôt le matin, sont installés sur une table pour être vendus à Rs 2,00 l’unité. Des touristes de passage s’arrêtent pour prendre en photos les piles de litchis rouges et pour déguster ce fruit bien juteux, qui rafraîchit en cette période de grosse chaleur.

Sharmila ne pense pas pouvoir continuer ce travail encore longtemps. C’est trop fatiguant et extrêmement dangereux la nuit pour son mari. « Kan mo mari dan verze aswar mwa ek mo garson nou rest tousel dan lakaz. Voler cone ki nou tousel et vinn tap laport », ajoute-t-elle. Une vie difficile pour une femme qui accepte ce sacrifice afin de nourrir sa famille et éduquer son fils. Elle souhaite qu’un jour, il fréquente l’université et fasse un autre métier. « Zame mo pou laiss mo zenfan fer sa travay-là », se promet cette mère de famille, qui fait preuve d’un courage hors du commun.

Elle est heureuse quand des gens qu’elle ne connaît pas lui font la conversation. « Li enn plezir pou koze ar dimoun e rakont zot nou difikilte », dit-elle. En plein soleil, elle tente de s’abriter sous une tente de fortune. À la fin de la journée, Sharmila peut à peine tenir sur ses jambes endolories. « Enn zourne mo deboute lor mo lipie dan soley pou gagn enn ti cass pou viv », dit-elle. Son époux est de retour pour la relever dans l’après-midi, après avoir préparé son pain et une bouteille d’eau pour passer la nuit.

Menace des chauve-souris

Cette année, pour faire face aux attaques des chauve-souris, la plupart des planteurs ont fait placer des filets protecteurs sur leurs arbres. C’est un décor pittoresque de rouge et blanc, comme un tableau de peinture. Des grappes de litchis bien rouges sont jalousement protégés sous les filets et les branches trop chargées craquent sous le poids.

Dans un rayon de cent mètres, un fauteuil et un matelas devant une cabane en tôle attirent le regard. Le propriétaire nous explique que lui et sa famille passent des nuits entières dans cette cabane pour surveiller leurs plantations, faire fuir les voleurs et chasser les chauve-souris qui, malgré le filet protecteur, jouent les trouble-fêtes.

Un brin d’histoire

Le litchi est originaire de Chine, où il se cultive depuis plus de 2 000 ans. Une espèce a été introduite pour la production fruitière dans les régions tropicales telles que La Réunion, Madagascar, la Thaïlande, Hawaï et Maurice. Le litchi est un fruit énergétique riche en calories.

Rempli de vitamine C, il permet de surmonter la fatigue. Sa chair blanche et moelleuse mêle les saveurs de la rose et du muscat. Cette année, les litchis sont en abondance. Entre 12 000 et 15 000 tonnes devraient se retrouver sur le marché. En ce qu’il s’agit de l’exportation, le coût élevé du fret aérien n’encourage pas les producteurs locaux. Néanmoins, entre 2 000 et 3 000 tonnes sont exportées vers la France et la Suisse.

 

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