Par amour, elle s’est laissée embarquer dans une spirale infernale et dicter par un compagnon à l’emprise diabolique. Ce n’est qu’au moment de son arrestation qu’elle s’en est rendue compte. Après avoir purgé un an de prison, elle veut commencer une nouvelle vie. Sauf que les erreurs du passé piègent son présent et influencent son futur…
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Nila (prénom modifié) a déjà passé 338 jours derrière les barreaux. À 35 ans, elle a connu plusieurs déboires. Veuve à 25 ans, elle est mère de deux enfants, dix et onze ans. Leur père est décédé d’un cancer alors qu’elle était enceinte du petit dernier. N’ayant plus les moyens de louer une maison, Nila est retournée vivre chez sa mère. « C’était dur ! Ma mère vit seule dans un petit deux-pièces qui pouvait à peine nous abriter. Nous dormions dans cette unique chambre, les enfants sur le lit, ma mère et moi sur un matelas. Pour le repas, on cuisinait la plupart du temps pour trois jours, on essayait de conserver la nourriture dans le frigo pour ensuite la réchauffer. J’ai nourri mes enfants au lait maternel. Quand je n’avais pas de lait, ils buvaient de l’eau. »
En revenant sur son passé, Nila ne peut retenir ses larmes. C’est comme si elle vivait à nouveau toutes les turpitudes de sa vie. Pendant au moins quatre ans, sa mère et elle enchaînent des petits boulots comme bonnes-à-tout faire dans le voisinage. « Puisque les enfants étaient petits, on travaillait à tour de rôle. C’est comme si ma mère et moi étions un nouveau couple. Quand elle travaillait, j’étais à la maison et vice-versa, car je ne pouvais payer une crèche pour les enfants. D’ailleurs, comment les y envoyer alors que nos repas n’étaient pas riches et que nous mangions la même chose plusieurs jours d’affilée. Afin de les protéger contre le regard des autres et les moqueries, nous les gardions la plupart du temps à la maison. »
« Mama, to pou re kit nou ? »
Tout en se confiant, elle leur jette un coup d’œil comme si elle était coupable… Les petits, eux, ont un regard triste voire craintif. « Cela vient de mon arrestation et de notre séparation quand je suis partie en prison, et chaque jour, ils me demandent ‘Mama to pou re kit nou ?' » Justement, comment s’est-elle retrouvée là-bas ?
Nila explique : « Je faisais le ménage chez une famille lorsque le fils est tombé amoureux de moi. Au début, je ne voulais rien entendre, mais ensuite nous sommes devenus amis. Il était si gentil avec moi. Il m’offrait souvent des présents pour les enfants. Un jour, il est venu voir ma mère pour lui dire qu’il voulait devenir mon copain. Ma mère m’a demandé de choisir. Après un an, je suis allée habiter chez lui avec mes enfants. Du jour au lendemain, nous menions la belle vie. Il m’a dit qu’il travaillait dans le domaine de l’export et qu’il envoyait des fruits à l’étranger. »
Incriminée à tort par son compagnon
Presqu’analphabète, Nila ne se doute de rien et même quand elle constate des situations louches, elle ne met pas en doute la parole de son compagnon. « J’étais souvent intriguée par ses conversations téléphoniques, mais j’avais peur de lui poser des questions. » Un jour alors qu’elle était avec son copain dans la voiture, ils étaient arrêtés par la police pour une fouille. Ce jour-là, les policiers ont découvert des substances illicites dans des sacs. « Ils ont demandé à qui elles appartenaient et il a dit que c’étaient les miennes. Pourtant, elles étaient à lui, mais j’étais tellement choquée que je n’ai pu ouvrir ma bouche pour me défendre », se remémore-t-elle.
Nila est poursuivie en cour. Le verdict tomba en 2018. Elle est trouvée coupable. Ainsi, elle écopa d’un an d’emprisonnement. Si la mère est accablée, ses enfants sont tout aussi désespérés de voir leur mère partir. « Ils hurlaient tandis que ma mère les emmenait à la maison. Dans leurs yeux, c’est comme si je les avais trahis. Mais ce n’était pas vrai. Je ne leur ai jamais menti. En prison, j’ai beaucoup prié pour qu’ils me pardonnent. »
Elle ajoute que chaque jour passée en prison a été l’occasion de réfléchir à un meilleur avenir pour ses enfants. Mais depuis qu’elle est sortie de la prison plus rien n’est comme avant. Elle tente en vain de trouver un emploi. « À chaque fois, on me demande des références, mais je n’en ai pas. Je suis pour la vérité et je parle de ma condamnation. On me propose alors des miettes de salaire ou on me fait de terribles avances. J’ai eu plus de propositions pour me prostituer que du travail décent. »
Nila travaille actuellement comme bonne chez deux personnes, mais l’argent suffit à peine pour les besoins de la famille. Elle confie : « La liberté coûte cher et maintenant même si je suis sortie de prison, je me sens étouffée. On n’est pas aussi libre que l’on pense, en prison comme à l’extérieur. On est toujours prisonniers de la vie si on n’a pas de sous. Sans argent, on n’est rien, on ne peut même pas rêver d’avoir ou d’offrir une meilleure vie à soi-même et à ses enfants ! », soutient-elle.
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