
À Rivière-du-Rempart, un jeune entrepreneur de 26 ans transforme fruits et légumes en véritable vocation. À la tête de son entreprise, Tamizhiniyen Chettiar Canagasaby inspire la jeunesse mauricienne par son audace, son sens du partage et sa réussite.
Pour comprendre le parcours Tamizhiniyen Chettiar Canagasaby, Iniyen pour les intimes, il faut remonter deux générations en arrière. Son grand-père SadaSiven Canagasaby, aussi connu sous le nom de Sada Coco, était un simple marchand ambulant. Il sillonnait les routes avec des cocos et des bananes chargés sur sa bicyclette. L’homme, avec ses moyens modestes, portait pourtant déjà les germes de l’entrepreneuriat : aller vers les gens, leur offrir ce dont ils avaient besoin et bâtir, pas à pas, une petite réputation d’homme de confiance.
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Son père Seeven Canagasaby, lui, pousse un peu plus loin l’héritage familial. Innovateur à sa manière, il achète des fruits auprès d’importateurs et les revend localement. « Mon père a toujours eu cette audace de faire différemment, de voir plus grand. C’est lui qui m’a montré qu’on pouvait transformer un métier traditionnel en une véritable entreprise », explique Iniyen.
De cette lignée de marchands passionnés, il a hérité la ténacité, la simplicité et la conviction que dans chaque panier de fruits, il y a bien plus qu’un commerce : il y a la dignité d’un travail transmis de génération en génération.
L’éducation, un tremplin pour rêver plus grand
Si son grand-père n’avait que ses mains et son courage, et si son père a appris sur le terrain, Iniyen, lui, a voulu ajouter une corde à son arc : celle du savoir académique. Après ses études secondaires, il choisit de se tourner vers le marketing, une discipline qui lui semblait essentielle pour comprendre et faire grandir une entreprise moderne.
Il s’inscrit à Curtin University où il développe une vision plus stratégique du commerce. « Le marketing m’a appris à regarder au-delà du simple produit. Vendre une pomme ou un ananas, ce n’est pas juste une transaction. C’est répondre à un besoin, offrir une expérience, construire une relation de confiance », indique-t-il. Ces années d’études lui ont donné les outils pour professionnaliser un métier encore souvent perçu comme artisanal.
Aujourd’hui, à 26 ans, Iniyen a pris son envol. Son entreprise importe divers fruits et légumes, qu’il distribue ensuite aux marchands, aux supermarchés et aux hôtels. C’est un maillon discret, mais essentiel de la chaîne alimentaire mauricienne. Sans lui et ceux qui travaillent dans l’ombre de ce secteur, les étals colorés des marchés et les buffets d’hôtels cinq étoiles ne seraient pas aussi garnis.
Ce qui frappe chez le jeune homme, c’est sa maturité. Là où beaucoup de jeunes de son âge hésitent encore sur leur avenir, lui a déjà une vision claire : « Je veux bâtir quelque chose qui dure. Pas seulement pour moi, mais pour tous ceux qui travaillent avec moi. Mon but, c’est que chaque fruit livré contribue à une histoire plus grande : nourrir le pays, créer de l’emploi et inspirer d’autres jeunes ».
L’engagement social au cœur de sa vie
Iniyen n’est pas qu’un entrepreneur qui compte ses chiffres. Il est aussi un jeune homme profondément engagé dans le social. Ce qui l’anime le plus ? Aider les autres.
Dans son quartier, il encourage les jeunes à se lancer dans de petites initiatives entrepreneuriales. Son idée est simple, mais puissante : leur fournir des fruits et légumes qu’ils peuvent ensuite revendre. Une manière concrète de leur donner une première expérience, de générer un revenu et surtout, de leur faire découvrir la fierté de l’indépendance.
« Je crois que chaque jeune a un potentiel énorme. Mais parfois, il suffit d’un petit coup de pouce pour qu’il se révèle. Si je peux être ce déclic, alors j’aurai accompli quelque chose de plus grand que moi », dit-il, avec conviction.
La passion d’un bâtisseur
Iniyen vit son métier comme une mission. Ses journées commencent tôt, souvent avant l’aube, quand les cargaisons arrivent et que les distributions doivent s’organiser. Entre les appels aux fournisseurs, les contrôles de qualité, les livraisons et la gestion des clients, ses semaines sont rythmées par une énergie constante.
Cependant, il ne se plaint jamais. Il confie : « J’aime ce que je fais. C’est fatigant, c’est vrai, mais quand je vois le sourire d’un marchand qui reçoit ses produits à temps, ou quand je sais que des familles trouveront de beaux fruits frais sur leur table, je me dis que ça vaut tout l’effort ».
Son ambition n’est pas démesurée, mais elle est solide. Il rêve de diversifier encore davantage son offre, d’explorer des circuits plus écologiques et d’encourager une consommation plus responsable. « On a une responsabilité envers la terre qui nous nourrit. Je veux que mon entreprise intègre de plus en plus cette dimension », dit-il.
Inspirer une génération
Derrière le costume de l’entrepreneur, il y a un jeune homme simple, attaché à ses racines et à sa communauté. Sa maison reste son refuge, un endroit où il retrouve ses proches et recharge son énergie.
Ce qui le définit peut-être le mieux, c’est son équilibre entre ambition et humilité. Il n’oublie jamais d’où il vient : « Quand je pense à mon grand-père qui vendait des cocos au bord de la route et mon père qui a débuté avec la moitié d’une boîte de pommes, je me dis que c’est grâce à eux si aujourd’hui je peux parler d’importation et de distribution. Je marche dans leur pas, mais à ma façon ».
Dans un pays où beaucoup de jeunes rêvent de partir à l’étranger pour réussir, Tamizhiniyen Chettiar Canagasaby incarne une autre voie : celle de bâtir ici, à Maurice, avec ses propres mains et ses propres idées. Son message est clair : l’entrepreneuriat n’est pas réservé à une élite. Il commence par de petites initiatives, dans un quartier, avec peu de moyens, mais avec beaucoup de détermination.
« Je dis toujours aux jeunes : n’attendez pas d’avoir tout en main pour vous lancer. Commencez petit, apprenez, tombez, relevez-vous. Le succès vient avec la persévérance », ajoute-t-ill.
Un avenir prometteur
À 26 ans seulement, l’histoire d’Iniyen ne fait que commencer. Mais déjà, son parcours raconte quelque chose de plus grand : la transmission d’un héritage, la transformation d’un métier traditionnel en une entreprise moderne, et l’engagement d’un jeune homme à redonner à sa communauté.
Dans ses yeux brillent à la fois l’énergie de sa jeunesse et la sagesse d’un héritier conscient de la valeur du travail. En lui, il y a la fougue de l’entrepreneur et la générosité du citoyen engagé. « Ce que je veux, au fond, c’est que les autres réussissent avec moi. Parce que le vrai succès, ce n’est pas seulement de gagner, c’est de partager », dit-il.
Le portrait de Tamizhiniyen Chettiar Canagasaby est celui d’un jeune homme enraciné dans une histoire familiale, ouvert sur le monde, et tourné vers l’avenir. À travers ses fruits et légumes, il ne nourrit pas seulement des corps : il nourrit des rêves, des espoirs et une vision d’une île Maurice où la jeunesse ose entreprendre.
À Rivière-du-Rempart, son nom circule déjà comme celui d’un bâtisseur. Mais pour lui, le chemin ne fait que commencer. Et si l’on se fie à son énergie, il est certain qu’il portera encore loin l’héritage de son grand-père marchand de cocos.

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