La subvention sur la farine augmentée : les boulangers toujours pas satisfaits

Pour maintenir le prix du « pain maison » à Rs 2,60, le conseil des ministres a décidé, ce vendredi, d’augmenter la subvention sur la farine. L’Association des propriétaires de boulangeries estime que cette mesure est « largement insuffisante ».

Lors de sa réunion de vendredi, le conseil des ministres a validé le principe d’une subvention additionnelle de la farine pour les boulangers. La mesure prend effet immédiatement. Au lieu de payer Rs 155,50 le sac de 25 kilos à la State Trading Corporation, les boulangers le paieront désormais Rs 108,85. Le gouvernement entend ainsi atteindre « le double objectif de maintenir le prix du ‘pain maison’ à Rs 2,60 tout en ne pénalisant pas les boulangeries qui subissent une hausse de leurs coûts de production ».

Or, pour l’Association des propriétaires de boulangeries, cette décision ne permettra pas à ses membres de sortir du pétrin. « C’est largement insuffisant », affirme Nasser Moraby, le président de cette organisation. « Avec un sac de 25 kilos, nous faisons 310 ‘pains maison’. C’est comme si le gouvernement nous donnait 15 sous de subvention additionnelle sur chaque pain alors que nous demandons Rs 1,50 pour nous en sortir ». Il précise qu’il demande une réunion urgente avec le ministre du Commerce et de la Protection des consommateurs, Soodesh Callichurn.

L’Association des propriétaires de boulangeries compte donc continuer à faire pression pour obtenir une majoration du prix du « pain maison ». Elle souhaite que celui-ci soit porté Rs 4,10. Parallèlement, elle veut que la petite baguette passe de Rs 5,40 à Rs 8,40, et la longue baguette de Rs 10,80 à Rs 16,80.

À la mi-mars, l’association avait formulé une demande officielle auprès du gouvernement en ce sens. C’était cependant avant la nouvelle hausse de prix des carburants, le 22 avril, qui a fait passer le prix du litre de diesel, utilisé dans certaines boulangeries pour alimenter les fours, de Rs 45,10 à Rs 49,60. Dans la foulée de la demande de l’association, le ministère du Commerce a mis en place un comité technique pour se pencher sur le sujet.

Jeudi, interrogé par la presse à sa sortie d’un atelier de travail organisé par le Mauritius Trade Union Congress à Grande-Rivière Nord-Ouest, dans le cadre de la Journée internationale de la sécurité et de la santé au travail, Soodesh Callichurn a fait savoir qu’augmenter le prix du pain est une option que le gouvernement souhaite éviter. « Si nous augmentons le prix du pain, la population va crier », a-t-il déclaré.

Quoi qu’il en soit, sept boulangeries ont préféré fermer temporairement en arguant qu’elles ne peuvent plus soutenir leurs charges au prix actuel du pain. Selon Nasser Moraby, d’autres boulangers feront de même tandis que d’autres encore vont se concentrer sur les pains spéciaux et les pâtisseries, à l’instar des supermarchés.

L’association justifie sa demande par le fait que la dernière augmentation concernant les types de pain dont les prix sont fixés remonte à 2012, alors que toutes les charges ont augmenté à plusieurs reprises ces dix dernières années. Mais du côté du gouvernement, on fait ressortir que les boulangers obtiennent la farine à un prix fortement subventionné. 

Alors que le prix maximum autorisé pour vendre de la farine aux consommateurs est de Rs 9,70 le kilo, les boulangers l’achetaient à Rs 6,22 le kilo, grâce à une subvention de l’État prévue, justement, pour maintenir le prix du « pain maison » à Rs 2,60. Avec la subvention additionnelle, le kilo leur reviendra à Rs 4,30. La même farine est utilisée par les boulangers pour fabriquer les pains spéciaux, dont les prix ne sont pas réglementés, et les pâtisseries. Avant cette subvention additionnelle, le montant total de la subvention de la farine était estimé à Rs 1,4 milliards pour 2022.